39è congrès du PCF : L’ambition communiste
C’est une ambition pour la France, émanant de la réflexion collective d’un parti qui propose une analyse approfondie de l’état du pays et du monde, suivie de propositions concrètes visant à dépasser un système obsolète, le capitalisme.
Ce système, économique, politique et idéologique, a engendré et géré la révolution industrielle au début du 19è siècle et ses incontestables progrès technologiques qui ont aussi poussé la population vers les villes, où hommes, femmes et enfants travaillaient et vivaient dans des conditions épouvantables.
La lutte des classes a fait évoluer les rapports salariés-patrons mais si nous sommes entrés dans l’ère de la révolution informationnelle, le même système demeure, à l’origine de la double surexploitation des humains et de la planète, entraînant la course débridée et sélective au productivisme et au consumérisme.
Avec toutes les conséquences sociales infligées aux peuples qui ont migré vers les villes, de plus en plus peuplées, accentuant -ne serait-ce que par les transports et l’artificialisation des sols- une situation climatique et environnementale qui a déjà dépassé le seuil critique. Pourtant la consommation de charbon, de pétrole et de gaz continue à croître dans le monde !
Comment inverser la tendance sans des dispositions immédiates et d’ampleur à l’échelle mondiale ? Les catastrophes naturelles deviennent plus fréquentes et plus intenses, d’où inondations, sécheresses, incendies, pénuries d’eau, agriculture fortement affectée…On mesure l’urgence d’accélérer le rythme de la transition écologique à tous les niveaux. Enjeu majeur incluant celui de la préservation de la biodiversité.
“La France et le monde sont placés devant des défis colossaux. L’enjeu est de les relever, de tourner la page d’un ordre pris de convulsions, celui du capitalisme globalisé et financiarisé. L’humanité est à un tournant de son histoire…” peut-on lire dans le préambule de la résolution adoptée au 39è congrès du PCF par plus de 80% des congressistes.(1)
Or, nous vivons dans un contexte de crises multiples qui accroissent partout les inégalités et la justice sociale…en même temps que les profits des plus grandes fortunes. Mais la stabilité financière des plus grands Etats occidentaux s’avère des plus fragiles.
Ce n’est pas un paradoxe, c’est dans l’essence même du capitalisme de privatiser la production et sa distribution au profit de leurs propriétaires qui poussent à la consommation les biens et les services les plus rentables, quitte à “oublier” les besoins des classes populaires dont les revenus modestes ne font pas des clients à privilégier. La volonté du pouvoir de sacrifier le logement social en est une illustration. .
Les “grands” médias publics et privés ont été très discrets sur le contenu de ce congrès tenu à Marseille du 7 au 10 avril. C’est le contraire qui nous aurait étonnés. Ils étaient plus diserts sur l’opinion de Fabien Roussel, réélu secrétaire national, concernant l’évolution de la NUPES selon LFI qui voudrait lui donner le statut de parti politique ? Ce que refusent les trois autres partenaires..
L’un des défis à relever par la gauche en France, alors que Macron est durablement isolé par un exceptionnel mouvement social, tous syndicats unis qui ne lâchent rien sur les retraites et promettent un 1er mai historique, c’est pour les communistes, le moment de faire émerger une alternative au capitalisme et de construire une majorité sociale et politique qui réponde aux aspirations populaires, à commencer par le refus de la loi sur les retraites…
Quand il a été promu président en 2017, il avait remercié les Français.es qui n’avaient pas voté pour lui mais pour faire barrage au RN. Il les avait salués…le lendemain, promettant d’en tenir compte. “Les promesses n’engagent que ceux qui y croient”, c’est bien connu. C’est le moment de lui rafraîchir la mémoire, d’autant que, par sa politique conservatrice et son bonapartisme, il aide beaucoup le RN qui en veut toujours plus ! Le capital leur est sacré : drôle de barrage ?
Remettre la France en marche avant
Aujourd’hui, la démocratie et la république sont en marche arrière, pas en “renaissance”, en panne. Les 100 jours de Macron relèvent de la fuite en avant. Il est inaudible comme ses ministres.
L’abstention, le scepticisme, la méfiance vis-à-vis de la politique sont en progression. Le racisme, le nationalisme, la xénophobie, l’homophobie, le sécuritaire orienté…s’étalent au grand jour dans l’espace public et nombre de médias traditionnels !
Le nouveau Front populaire que vise le PCF va au-delà de l’addition des scores actuels des partis de gauche. D’autant que le PS et EELV ont fourni quelques-uns de leurs dirigeants à la macronie et que la gauche dans son ensemble y a laissé des plumes, de l’ordre de 20% selon les élections. Pour le PCF c’est sa référence au communisme, confondu avec le stalinisme, le maoïsme et d’autres expériences…qui a joué contre lui, dans un contexte mondial de retour et de banalisation de l’extrême-droite et d’anticommunisme redoublé.
Pour le PCF le communisme n’existe nulle part, ce qui n’est pas nier la portée de la révolution russe d’Octobre 1917, son influence considérable sur les peuples et leur soif d’indépendance et de progrès social. Ni la place de la Chine dans le monde devenu multipolaire, ni celle des peuples qui ont pris leurs distances avec l’impérialisme américain. L’histoire est passée par là. Il n’y a pas de mode d’emploi à partir d’un modèle universel.
C’est un but et un chemin, “un processus pour vaincre la résistance du capital, fondé sur la paix, la coopération entre les peuples et le développement des capacités humaines en harmonie avec l’environnement”, vers une nouvelle civilisation.
Comment ne pas évoquer, pour les jeunes générations, la concomittence de nos conquis sociaux uniques au monde, en 1936, en 1945, en 1968 avec l’influence du parti communiste d’alors, jusqu’à la victoire de la gauche en 81 laquelle, hélas, changea de cap et se rendit à la “loi” du marché et au libéralisme prédateur.
Ce n’est point par nostalgie que j’évoque cela mais pour en tirer une leçon politique : faire l’union, c’est un combat et c’est le contenu qui compte s’il est en adéquation avec les exigences portées par le mouvement populaire le plus large possible.
La gauche retrouvera des couleurs si chacune de ses composantes progresse à partir de son projet. Encore faut-il le soumettre à tous les citoyens.es. Le mode électoral et les rapports de force poussent à des pactes législatifs ou à des accords locaux. Ils n’impliquent pas l’ hégémonie de l’un des partenaires. Bien entendu ces accords s’inspirent des attentes populaires et des luttes sociales, écologiques, sociétales…en cours. Elles ont pris une dimension historique.
Nous vivons une crise de civilisation
Les partis politiques n’existent pas pour eux-mêmes. Ils sont porteurs d’une vision de la société et de son avenir. Il est naturel qu’ils cherchent à en informer et y associer les citoyens.es.
On ne peut plus continuer à vivre comme avant sans avoir prise sur nos vies, sur l’état de la planète, des risques avérés, révélés par les scientiques. Pas plus que laisser faire les maîtres de la finance occupés à diviser les peuples tandis qu’ils se servent abondamment. Les peuples ont besoin d’être respectés, d’exercer leur souveraineté, d’exprimer leur aspiration à être entendus et à compter pour un, dans la société. Ils sont saturés de promesses et ne veulent plus subir, ils veulent agir.
D’où les propositions communistes d’un autre partage des pouvoirs et des savoirs, des richesses, d’une autre conception du travail, de la gestion des entreprises et des services publics à développer, de la possibilité d’éradiquer le chômage et la pauvreté…pour que vivent la Démocratie et la République.
“Les forces existent pour que les peuples prennent leur destin en mains”
René Fredon
(1)