Pas un jour sans que les médias ne supputent les chances de la candidate libérale de l’extrême-droite de battre à la présidentielle de 2022 le candidat libéral sortant de droite !
Histoire d’enfermer le peuple dans cette seule hypothèse et d’éviter d’aborder le fond de sa politique et des régressions imposées à une immense majorité de Français.es. Il entend garder le même cap, sa gestion chaotique de la pandémie ne fait qu’aggraver les ravages sociaux et écologiques mais aussi sanitaires, avec une recrudescence des maladies mentales. La jeunesse y est confrontée !
“Revenir à la vie d’avant” comme ils disent pour rassurer l’opinion, c’est ne rien changer à la dictature de la finance, immuable tant que le capitalisme imposera ses dogmes et pourra diviser ses victimes.
Comment déjouer le scénario, idéal pour Macron qui ne pense qu’à ça, bien qu’inquiet de l’ampleur des mécontentements et des colères populaires ? Scénario destiné à faire peur, à manipuler une partie de l’électorat. L’hôte de l’Elysée voudrait qu’on le prenne pour le rempart des “extrêmes de droite et de gauche”, alors qu’il est le tremplin du RN dont il banalise les idées et même en reprend certaines, au nom de la laïcité et des valeurs républicaines ?
Ainsi, Macron contribue à faire du RN son challenger “officiel «en vue du second tour. On l’a vu avec le débat DARMARIN -M. Le PEN. Il appellera “au secours” les républicains de droite et de gauche. Comme ce fut le cas en 2017 et, pour la première fois, en 2002 lors du duel Chirac-Le Pen (père). Chirac fut élu avec 25,5 millions de voix (82,1%) et Le Pen 5,5 millions !
Macron n’a guère fait mieux en 2017. 24,5% des exprimés au 1er tour, soit 18,2% des inscrits…Au second tour Mme Le Pen fut nettement battue tout en obtenant 10,6 millions de voix, le double de son père. La menace est sérieuse mais nullement fatale.
La stratégie remonte à 1983, François Mitterrand avait favorisé l’accès aux médias au fondateur du FN qu’il avait reçu gentiment à l’Elysée. Il espérait que cette stratégie diviserait la droite et ferait oublier son ralliement au libéralisme après avoir renoncé au programme commun.
On est en 2021, les politiques d’austérité, de privatisations, de licenciements, de bas revenus, d’atteintes à nos protections sociales…ont fait leur œuvre sous les présidences de Chirac, Sarkozy, Hollande et…Macron.
Le RN, après avoir dépoussiéré la façade, a fait son miel des régressions tous azimuts, récupérant une partie des mécontents, sans jamais abandonner ses fondamentaux sécuritaires, racistes, xénophobes et nationalistes.
N’a-t-il pas été, durant quatre ans, l’admirateur fervent et inconditionnel de TRUMP , ce milliardaire grotesque et misogyne. Cela devrait suffire à ne pas se faire la moindre illusion sur les “valeurs” que porte ce parti d’extrême-droite ultra-conservateur, nostalgique de la colonisation comme de la hiérarchie des races et des religions.
Il incarne plus que jamais l’hostilité à l’immigration -intégrant les Français qui en sont issus-, à l’accueil des migrants, il répand l’idée du “grand remplacement” et attise les peurs et le racisme. Insidieusement, il laisse planer, à partir de la réelle menace du terrorisme islamiste, la suspicion sur toute la communauté musulmane.
Les troupes de Macron, ministres et parlementaires en tête, reprennent la litanie ainsi que les LR tous prompts à caricaturer celles et ceux qui, à gauche, ne sont pas dupes de la manœuvre destinée à les faire passer pour de mauvais républicains ? Les “bons” seraient au pouvoir, à droite et à l’extrême-droite ! Le monde à l’envers…les grands médias comme caisse de résonnance.
Ainsi, la classe dirigeante a durci la répression policière par une loi-choc liberticide, (le RN est ravi), ils ont “pondu” une loi sur le “séparatisme” supposé qui ne vise que la communauté musulmane, (le RN se frotte les mains), Macron a instauré une loi d’exception qui dure toujours. Il fait passer à la sauvette, nombre de lois tendant à remettre en cause des conquis sociaux, tout en rassurant le MEDEF et le CAC40 qui atteint des sommets, notamment dans le secteur du luxe !
Ni LREM, ni les LR, encore moins le RN n’ont l’intention de mettre en cause les finalités de la société capitaliste. Ils sont dans la surenchère pour en prolonger la durée et les privilèges de classe qui séparent les “élites” au pouvoir des peuples en grande partie réduits à une vie matérielle indigne. Le pire est à venir.
Ce n’est pas le changement de sigle de l’ENA qui va changer quoi que ce soit. Pas plus que celui du RN ne change sa nature profonde.
Comment éviter ce piège cynique et placer cette élection au niveau des enjeux de société, voire de civilisation car, c’est bien à cette étape que nous en sommes arrivés, en France et dans le monde.
Les dés ne sont pas jetés. Un sursaut populaire est possible pour décider d’un tout autre avenir pour notre société. Un avenir tourné exclusivement vers le partage des savoirs, des pouvoirs et des richesses, pour le développement humain affranchi de toutes les dominations, dans un environnement enfin protégé ?
Sinon on laissera le pouvoir aux puissances d’argent qui nous enfoncent dans une crise sans précédent et à leur seul profit, tout en mettant la planète en péril ?
C’est pour recréer l’espoir à gauche qu’il y aura un candidat communiste, Fabien Roussel, à la présidentielle, confirmé à 73% par la conférence nationale des 10 et 11 avril et soumis au vote des adhérents. Pour rendre crédible une telle perspective radicale en adéquation avec les aspirations et les luttes populaires comme avec les exigences de démocratie et de paix.
René Fredon