Le retrait de la liste de LREM en PACA et sa fusion avec celle des LR conduite par Muselier qui avait souhaité cette alliance dès le 1er tour fait l’effet d’une bombe !
Son annonce par le premier ministre, dans le JDD du 2 mai, confirme à l’évidence que Macron avait donné son feu vert. Les LR, formation de droite dominante en PACA s’en trouve ébranlée et le RN y voit la reconnaissance du danger qu’il représente et de son implantation singulièrement dans NOTRE région mais aussi au plan national où les sondages le placent même en tête au 1er tour de la présidentielle.
Premier aveu de faiblesse du pouvoir : il ne marginalise pas la formation d’extrême-droite, il lui sert de tremplin car, en toute démagogie, le RN récupère des mécontents des politiques d’austérité ultralibérales et passe pour l’inspirateur des politiques liberticides et sécuritaires dont il revendique la paternité et qu’il juge insuffisantes.
Sa présidente va jusqu’à inviter les généraux aux intentions pas vraiment républicaines à la rejoindre ! Elle a toujours les yeux de Chimène pour Trump et Bolsonaro. Tout un programme !
Second aveu de faiblesse : Macron n’a pas réussi la moindre implantation dans les collectivités territoriales et essaie d’éviter le pire à l’occasion des régionales et des départementales. Il mesure le danger si, n’ayant guère de chances dans les territoires, sa présence risquait de favoriser des victoires du RN.
On le voyait venir de loin avec, au sein des LR eux-mêmes sous la pression du RN : les trois maires des trois métropoles se trouvaient des accointances évidentes et naturelles avec les choix de Macron qu’avec raison, ils ne prenaient pas pour un “centriste modéré” mais bien pour un homme de droite fermement attaché au libéralisme dans toutes ses dimensions.
- Falco s’en est réjoui aussitôt, si tant est qu’il n’était pas au courant...”je soutiens complètement Renaud Muselier dans sa démarche…au moins c’est clair pour les électeurs”
Très clair en effet. Et d’y aller d’un couplet sur le FN -dont il serait un adversaire résolu- puisqu’il l’a battu à Toulon en 2002, après que le PR, son parti, qui régnait déjà sur le Var, lui ait livré la ville discréditée par les scandales de son prédécesseur, Arreckx, au département et à la tête de la préfecture !
On a peut-être oublié que le maire FN de Toulon, J-M Le Chevallier était issu du même parti que Falco, le parti républicain et que la tête de liste régional du RN, T. Mariani lui aussi appartenait à l’UMP avant LR et fut ministre de Sarkozy. Il trouve que son ancien parti se fourvoie . Lui, non il est toujours fidèle aux mêmes idées.
Evidemment, cette annonce qui tombe moins du ciel que d’une stratégie destinée à sauver le soldat Macron, a fait l’effet d’une bombe au sein de la formation des LR dont une partie des cadres entendait bien prendre leur revanche sur 2017 où la débâcle de Fillon les avaient privés d’une victoire vraisemblable.
Cette initiative annoncée par le représentant du gouvernement ne pouvait que déclencher des réactions hostiles, ne serait-ce que pour être mis devant le fait accompli. Notez bien que chez LREM non plus, on n’a pas demandé l’avis de la formation au service du président ! Sauf que là c’est fait dans l’intérêt du grand chef. Ce n’est pas la transparence ni la démocratie qui dominent puisque c’est pour la bonne cause.
Ni l’optimisme si l’on en croit l’opinion publique sondée en vue des présidentielles : près de deux Français sur trois ne font pas confiance au gouvernement. Ils ne manqueraient plus qu’ils confondent RN avec un parti progressiste garant des libertés, de la République et de la laïcité qui entendrait rompre avec les valeurs libérales cotées en bourse au service des très riches ?
En tout cas y a l’feu chez les républicains qui ne savent plus ce qu’ils vont faire aux deux élections et si le sommet de leur parti va présenter une liste autonome -et donc exclure les trois maires de trois grandes métropoles- ou chanter la Carmagnole en allant voter pour une liste unique pour contrer les ambitions du RN ? Quitte à voter autrement aux cantonales.
Mais on reste dans la politique politicienne, on ne se pose pas les questions de sortir des choix libéraux et de préparer un avenir où les services publics garantiraient l’accès de tous à la santé, à l’éducation, à la culture, à un logement décent, à des transports du quotidien gratuits (ça existe déjà) à une sécurité d’emploi et de formation tout au long de l’existence, à de meilleurs salaires et minima sociaux, à la préservation de notre environnement et de la planète, à des relations internationales apaisées dans le respect des souverainetés nationales et par la réduction des arsenaux nucléaires…Et tant d’autres choses encore.
Puisse l’électorat retrouvé de la gauche regroupée profiter de cette fragilité du pouvoir macronien et de la déstabilisation des composantes de la droite pour ouvrir aux Français.es un avenir de progrès et de solidarités.
René Fredon