Les maires de Toulon et Nice et le président sortant de la région ont proposé d’ouvrir la liste des régionales à LREM, sans l’accord préalable de leurs instances. Ce qui a déclenché une crise profonde au sein de leur ex-parti. Le premier ministre reprenait la balle au bond, à moins que ça soit l’inverse…Depuis Muselier, Falco et Estrosi ont quitté LR et se retrouvent “sans étiquette” mais disponibles aux régionales et à la présidentielle !
Immédiatement, le sommet du parti des Républicains parlait de retirer l’investiture à son candidat, Renaud Muselier qui avait publiquement avancé l’hypothèse de présenter une liste unique de droite avec le soutien d’Hubert Falco et de Christian Estrosi. Pour faire face à la menace du RN, donné en tête par les sondages au 1er tour.
La réunion sratégique de mardi au sommet des LR fut très “animée” pour ne pas dire plus. Falco y fut traité de “malfaisant” par le président de la formation à laquelle il a été fidèle depuis 36 ans !! Il en était le principal dirigeant dans le Var depuis qu’il a succédé à Arreckx au département et à la ville-préfecture qui avait basculé à l’extrême-droite en 1995.
Le naufrage des LR avait beaucoup profité à l’essor du FN d’alors. De même que le macronisme essore les classes populaires et moyennes et donne beaucoup de gages au RN qu’il “aide” à devenir le principal “opposant” en vue du second tour.
Du sommet de mardi des LR il est sorti une sorte de compromis qui évite tout retrait d’investiture mais refuse la présence de personnalités issues du gouvernement ou des parlementaires sous étiquette LREM. Du moins publiquement. On demande à voir ?
Hubert Falco n’a pas digéré l’insulte de Christian David qu’il prit comme prétexte de sa démission du parti dont il était devenu l’homme fort dans le Var depuis plus de trois décennies. Jusqu’alors l’ancien député, sénateur et ministre de Sarkozy tenait la maison LR en patron, sans la moindre opposition interne, du moins dans le Var où chaque candidature à n’importe quelle élection passait par lui.
Depuis la victoire de Macron construite sur une majorité issue des LR, du PS, des Verts et du “centre”, Falco ne cachait pas sa proximité d’abord avec les cadres LR associés au pouvoir qui avaient quitté la maison-mère, puis, plus récemment avec Macron lui-même, trop heureux de montrer sa bienveillance au maire du port militaire.
Une ville très visitée par les ministres et le chef de l’Etat dont il essayait, il y a peu, de se démarquer en critiquant les transferts de charge de l’Etat sur les collectivités locales et la loi SRU qu’il prétend inconciliable avec les politiques immobilières privilégiant les programmes en accession à la propriété et pas du tout le logement social.
Falco brillait davantage par son suivisme que par ses initiatives politiques audacieuses, il a fini, par opportunisme, à choisir le camp du supposé vainqueur mal en point, en tenant le même discours “modéré” c’est-à-dire de droite, pure et dure, pour l’opposer aux extrêmes de droite et de gauche. Surtout de gauche, encore divisée et dont une partie s’était ralliée à lui et à ses objectifs purement libéraux.
Les choix de la droite confondue empruntent beaucoup au RN et pas du tout à la gauche sociale et écologique qui la combat au quotidien, jusqu’à en finir avec la domination de la finance mondialisée, de la course aux profits de quelques-uns qui fait rage et appelle une transformation profonde de la société, une révolution citoyenne dans la rue et dans les urnes.
Pas une rupture de salon comme Mitterrand avec le capitalisme en 1972, une rupture nécessaire des choix immédiats de gestion dans le sens des intérêts populaires contre les intérêts privés, pour arrêter les plans de régression sociale et de liquidation de nos services publics. Et répondre aux urgences sociales multiples et à la sauvegarde de notre environnement par des engagements exigeants avec les bilans carbone de toute activité. Ruptures que ne cesse de proposer le PCF aux plans national et régional.
Falco ne renie pas son camp, il reste fidèle à ses idées conservatrices que leur dispute le RN…pour aller encore plus loin et plus vite au service de la dictature de la finance. L’une des conséquences prévisibles de cette alliance de fait au 1er tour par le retrait de la liste LREM, c’est le ralliement quasi-certain d’électeurs LR vers le RN, augmentant son poids et ses chances de victoire au second tour dans notre région.
Ce que n’a pas manqué de souligner l’ex-LR, Thierry Mariani, tête de liste RN en PACA, à Toulon ce mercredi, jour du retrait de Falco. Il était flanqué du maire de Fréjus. Le transfuge savoure la panique à bord de ses ex-amis qui se cherchent une candidature d’envergure nationale. V. Pécresse et X. Bertrand ont déjà quitté LR. Mariani a poussé la condescendance jusqu’à trouver “fort inélégante” la façon dont la secrétaire d’Etat -tête de liste de la LREM- a été priée de s’effacer.
On ne savait pas le parti des Le Pen aussi préoccupé des “bonnes manières” en politique !
On les as vus à l’œuvre au pouvoir à Toulon et ce fut plutôt…meurtrier et sordide.
Seule une volonté politique à gauche, de clarification des causes de la crise politique profonde antérieure à la pandémie et des responsabilités du libéralisme à l’oeuvre depuis plus de 30 ans, pourra déboucher sur la construction, avec les citoyens, d’une alternative progressiste au système d’exploitation qui a fait son temps.
Aucune recomposition à droite ne peut résoudre les problèmes qui sont devant nous. Ni aucune illusion sur la capacité du capitalisme à se réguler et à perdre le moindre pouvoir et privilège.
René Fredon