Depuis que Castex a pris avec enthousiasme la main tendue de Muselier, le président sortant de notre région s’est mis en retrait de LR qui ne lui a pas retiré son investiture.
Il a donc les mains libres pour ratisser plus large et, pourquoi pas, vers la formation gouvernementale de même idéologie qui n’a guère de chances d’arriver en tête. Il part de l’idée que cette dualité ne peut qu’affaiblir le rassemblement des voix de droite face à un RN à l’ultra-droite, présenté comme l’épouvantail utile.
Ce calcul stratégique a mis le feu aux poudres chez LR dont une partie n’entend pas être phagocitée par l’Elysée. Falco et Estrosi ont, quant à eux, quitté instantanément leur parti de toujours, séduits depuis un certain temps par Macron. Stratégie qui a surpris également les troupes macroniennes encore fidèles au chef dont la popularité reste faible malgré l’embellie des statistiques sanitaires qui n’ont pas encore installé d’euphorie printanière. La tendance est au doute largement majoritaire et à l’expectative. Sur fond de luttes et de colères sociales profondes.
Les têtes de listes LREM désignées par l’appareil central ont été mises devant le fait accompli, manipulées comme des marionnettes au gré des intérêts du sommet de l’Etat. Elles ont un peu rué dans les brancards et mal digéré l’exclusion des listes uniques des ministres et parlementaires LREM qu’avait annoncé Muselier. S. Cluzel a jeté l’éponge.
Depuis c’est la panique à bord, des deux côtés, sous le regard condescendant du RN qui se frotte les mains car, depuis ces annonces, les déçus de deux branches de la famille libérale sont tentés naturellement de faire mouvement vers le RN, comme le fit, il y a peu, leur tête de liste en PACA qui fut ministre LR de Sarkozy et passa à l’extrême-droite sans aucun état d’âme. Les discours, les projets politiques, les positionnements idéologiques sont tellement proches. Normal, leur tronc commun, c’est le libéralisme. Le RN en admirateur de Trump !!
Il leur faut bien trouver des angles d’attaques pour dissimuler ce qu’il y a derrière les masques et les professions de foi dites “républicaines, laïques, démocratiques”
Levée des brevets ? Vous n’y pensez pas. Tous contre ! Lois sécuritaires et liberticides : tous pour ! Revalorisation des salaires, retraites et protections sociales, tous contre ! Développement des services publics, tous contre ! Logement sociaux, tous contre ! La transition écologique : en paroles tous pour, mais la bourse avant le climat, la finance et les profits d’abord !
Rendre crédible l’alternative progressiste à gauche
Comment créer les conditions de la mobilisation populaire la plus large ? Sinon par le contenu transformateur du projet commun en rupture avec les logiques libérales qui instrumentalisent les régions pour mettre les territoires, leurs populations, leurs économies en concurrence au service des objectifs du capitalisme en crise profonde.
Les puissants investisseurs privés qui inspirent l’aménagement de nos territoires, entendent poursuivre la transformation de notre région privilégiée pour en faire “la Californie de l’Europe” destinée aux populations aisées, au tourisme de luxe, aux activités balnéaires…après la grande saignée des industries des années 80. L’aménagement du port de Toulon et de la ville est conforme à ces objectifs.
De même, tous les maires de droite sont vent debout contre la loi SRU imposant aux communes de construire 25% de logements sociaux. Ce qui a fait reculer l’offre et grandir la pénurie et les listes d’attente des mal-logés. Tant pis pour les classes populaires et moyennes.
Le président de région, toujours investi par LR, est l’un des premiers à privatiser les TER, se réfugiant derrière l’hypocrisie de “la concurrence libre et non faussée” à l’échelle européenne destinée à livrer au privé les services publics démantelés avant liquidation, comme à la Poste, à EDF, à la SNCF…Véolia, Vinci, Bouygues et quelques autres multinationales se taillent la part du lion.
On en connait les conséquences en termes de chômage et de pauvreté aggravés par une pandémie qui atteint sa deuxième année de développement et continue de s’étendre à l’échelle mondiale avec la multiplication de ses variants et un bilan largement sous-évalué- de 3,4 millions de morts ! La France étant au 4è rang mondial pour le nombre de ses contaminations cumulées.
Comme l’analysent les communistes varois :“la région peut être porteuse de cohésion et de solidarité à condition de se dégager du pilotage du Medef et de la finance que les droites avec le RN offrent de reproduire” .
A condition également d’entendre les victimes échaudées des politiques d’austérité qui se perpétuent et ne peuvent que s’aggraver avec les “plans de relance”. Il s’agit de construire avec elles, les réponses à leurs attentes sociales. Ce qui suppose de faire reculer l’abstention, de recréer du lien social et d’éclairer l’avenir possible d’une alternative progressiste et écologiste en rupture avec les critères du libéralisme.
Autrement dit en finir avec l’accompagnement des politiques de droite, à plus forte raison de l’ultra-droite par la résistance et l’essor d’un mouvement populaire le plus large possible agissant contre l’emprise de la finance mondialisée sur nos vies, à l’entreprise et dans nos villes et villages. Qui se concrétise dans la rue, dans les institutions et dans les urnes.
Notre département, la région ont notamment besoin de recrutement massif et de formation de personnels hospitaliers, d’enseignants, de cheminots et de transports en commun sous statuts publics, de gratuité facilitant les mobilités, faisant reculer l’asphyxie automobile et les pollutions ainsi que le coût de l’immobilier, d’emplois liés à la transition écologique, d’un fonds régional pour financer et sécuriser l’emploi, la formation et les revenus.
De quoi recréer la confiance en une gauche et une écologie affirmant la nécessité de rupture avec les dogmes libéraux identifiés comme les obstacles à surmonter. En même temps qu’il convient de préciser le financement des propositions innovantes faites en concertation avec les habitants.
Car nécessairement il y aura conflit avec les intérêts privés habitués à décider de tout. Mais aussi avec le pouvoir actuel qui fait des régions un instrument de sa politique d’amènagement du territoire.
Seul le rapport de forces permettra de les résoudre en faveur de l’intérêt général. Désormais, ce sont l’utilité sociale et le bilan carbone qui doivent devenir les critères de la production des biens et des services. Et de la gestion des collectivités territoriales. Avec des droits nouveaux aux salariés, aux syndicats, aux usagers, aux élus locaux…Les financeurs privés ou publics, les banques…y seront associés mais n’y feront plus la loi.
De quoi nourrir l’ambition de conquérir une majorité de sièges pour changer de politique et d’objectifs, pas dans les mots, dans les actes. Les urgences sociales et écologiques c’est maintenant, à tous les niveaux. Le contenu du projet fera la différence s’il porte des exigences fortes. Il est encore temps de l’enrichir.
L’enjeu est de taille pour susciter l’intervention populaire et déjouer le scénario que l’on voudrait nous imposer comme en 2017 : un face à face droite-extrême-droite qui ne changerait strictement rien à ce que nous vivons aujourd’hui. Si ce n’est en pire !
L’avenir progressiste de notre région est entre nos mains.
René Fredon