Quand Mme Le Pen craint d’être assimilée à…Zemmour !
La mise en scène de la poussée annoncée jour après jour du RN atteint des sommets de manipulation de l’opinion.
C’est le scénario idéal pour Macron. Pour que l’impopularité de sa politique ne se traduise pas par une exigence populaire de transformation sociale et écologique face à une crise du capitalisme profonde et durable qui se développe partout. Macron a le plus grand intérêt à ce que la formation la plus conservatrice, franchement à l’extrême-droite, le RN, lui soit opposée au second tour. L’absence d’alternative politique transformatrice commune à toute la gauche ne peut qu’avoir un effet démobilisateur dans l’électorat populaire.
Ainsi Macron espère-t-il, dans cette hypothèse, rallier au second tour une majorité, ce fameux front “républicain” de toutes celles et ceux qui ne veulent pas de néo-fascistes à la tête de nos départements, de nos régions et de l’Etat. Rien n’est moins sûr, à cet instant car la ficelle est un peu grosse entre les deux faces de la pièce, toutes deux pro-libérales.
Macron a fortement contribué à dédiaboliser le seul parti qui a publiquement soutenu jusqu’au bout l’ex-président des Etats-Unis, D. Trump qui, avec Bolsonaro et quelques autres à travers l’Europe et le monde, ne laissent aucun doute quant à leur attachement viscéral au capitalisme et à ses conséquences qui conduisent à exploiter à outrance et à très grande échelle les humains et la planète. Pas à réduire les inégalités et la précarité mais à les accroître.
Pas à pratiquer la coopération saine et honnête au plan international mais à développer la concurrence biaisée, au profit des marchés financiers et des spéculateurs. Pas à rassembler les citoyens mais à les diviser sur les questions sociales, sécuritaitres, identitaires, sur sa gestion de la pandémie et de la planète qui souffre de sa sur-exploitation tragique.
Ce débat de fond n’a pas eu lieu pour les électionales régionales et départementales : pas de crise, que des présidents sortants fiers de leur bilan, évitant soigneusement de parler salaires, pouvoir d’achat, chômage (c’est pas eux, c’est la pandémie !), de protection sociale et de remise en cause des retraites et de la sécu, d’écologie dont ils se veulent à la pointe, la preuve, ils électrifient, ici sur la côte, les quais pour les croisières en nous faisant miroiter qu’ils seront stricts pour qu’ils polluent moins en attendant l’hydrogène. Mais la réalité est tout autre en tous domaines.
Macron, à défaut d’implantation dans les villes, départements et régions a réussi à disloquer les LR et à faire monter le RN qui se veut très radical et si proche des LR que nombre d’élus et d’électeurs sont prêts à rejoindre sans état d’âme, à commencer par un Mariani ancien ministre de Sarkozy et qui “tire” la liste RN en PACA contre la coalition LR-LREM et la liste de la gauche sociale et écologique ainsi que six autres listes.
Et comble d’humour noir mais avec effet recherché, Mme Le Pen dont les médias soignent la campagne, vient d’en sortir une, assez cynique : elle craint que la candidature de Zémour puisse lui faire du tort ? “que les propos de Zémour soient assimilés aux miens“. (1)
Comment ne le seraient-ils pas puisque le candidat-vedette de CNEWS et du Figaro -encore pas déclaré- dit tout haut ce qu’elle pense tout bas tout en adoucissant ses propos publics afin d’attirer toute une partie de la droite “classique” en pleine recomposition. Il lui faut une façade présentable pour attirer notamment les déçus du macronisme et des “Républicains” qui viennent d’exploser.
Cela lui permet de dire qu'”elle aime bien les musulmans mais pas le terrorisme islamique…” C’est qu’elle pense aux électeurs.ces, comme tous les autres leaders de droite fiers du passé colonial de la France ! Qu’elle ne croit pas à la guerre civile, comme Zemour qui va jusqu’à dire que la France est en train de subir “le grand remplacement” (des Français par les musulmans).
Que son parti des “patriotes” (les autres, non ?) ne serait pas raciste, nationaliste, suprêmaciste, homophobe…et d’extrême-droite mais un gentil rassemblement qui ne pense qu'”aux Français d’abord” sans préciser qu’il est un pilier du système capitaliste et de la variante qui a fleuri dans les années trente et mené où nous savons. A l’époque ses ancêtres étaient plutôt collabos et préféraient Hitler au Front populaire
Elle n’a pas mentionné le fait que Zemour est embarqué dans des signalements de harcèlements sexuels, ce qui doit peser dans l’opportunité de déclarer sa candidature.
En tout cas, il peut déployer sa haine et ses “solutions très radicales” de manière quotidienne dans Le Figaro, Valeurs actuelles, CNEWS et autres médias très engagés…à droite, ça en fait pas mal !
Elle lutte contre une idéologie, l’islamisme radical, comme tout le monde ou presque. Mais elle ne dit rien des manifestations violentes de l’ultra-droite très active contre les mouvements sociaux notamment qui se multiplient. Proches du RN, ils ne s’en réclament pas. Le RN est plein de ces individus qui sont passés à l’acte et il approuve -par son silence- cette montée de l’insécurité, cette violence auxquelles on assiste à la veille de la présidentielle.
Nous, c’est contre les résultats des politiques libérales qu’on se dresse et contre l’idéologie que défendent Macron et M. Le Pen, avec des variantes de forme, celle du capitalisme en crise que subissent les peuples. Ils feront tout pour garder les manettes d’un pouvoir de plus en plus coërcitif et anti-démocratique. Mais qui sert si bien les très riches.
Il est encore temps de revenir aux vraies valeurs de la République et d’ouvrir un autre chemin. De luttes et de rupture, à terme, avec le capitalisme.
René Fredon
(1)