Département : Marc Giraud réélu président mais…
On se demandait si le président sortant serait réélu tant il avait été secoué, y compris dans son camp, par le fait que son binôme s’était retrouvé au 1er tour sans candidat RN dans le canton de La Crau et que ça sentait fort les tractations de couloir, voire les pressions pour que le président sortant fasse un “bon” score !
Plus encore, il attend d’être convoqué par le tribunal correctionnel pour “emploi fictif” et “détournements de fonds publics” lorsqu’il était maire de Carqueiranne et cela concernait sa partenaire qui, depuis, est 1ère adjointe au maire de La Crau et conseillère départementale.
Pour faire bonne mesure, il est également sous le coup d’une plainte, en tant que président du conseil départemental pour “l’affaire des frigos” mis à disposition…d’Hubert Falco son prédécesseur ! L’affaire n’a pas été mise au frigo d’autant que le suicide d’un cuisinier s’en est suivi quelques mois après les révélations.
Mais ce jeudi, les compliments n’ont pas manqué pour vanter les qualités du président, venant de celui qui en sera le 1er vice-président, Jean-Louis Masson, ancien député, maire de La Garde et patron des LR qui, en réalité, sera l’homme fort du CD du Var.
Cette situation délicate s’est traduite dans le vote. Désormais les LR (qui ont retrouvé leur sigle) ont été élus dans 22 cantons sur 23 ! Ils occupent donc 44 sièges sur 46, deux restant au RN. Marc Giraud n’a eu que -si l’on peut dire- 39 bulletins favorables. Cinq de son camp ont voté “blanc”. On soupçonne le sénateur Bonnus qui avait publiquement trouvé bizarre l’absence du RN dans ce canton et dans celui de Brignoles.
Le président n’a donc pas été élu à l’unanimité de ses affidés. Ce qui traduit un certain malaise interne, certes limité qui ne changera rien à l’écrasante majorité de l’assemblée départementale. Elle n’a plus que deux opposants d’extrême-droite dont, par ailleurs, la proximité avec la droite n’est plus à démontrer. Ce n’est pas Eric Ciotti qui nous démentira.
Bien entendu personne n’a évoqué la piètre représentativité des élus départementaux qui vont gagner du temps pour adopter les propositions qui leur seront présentées. A les entendre, ils ont remporté “un grand succès” alors qu’ils ont beaucoup perdu en voix comme tous les candidats et ils se targuent d’avoir fait reculer le RN qui était arrivé en tête au 1er tour à la région comme dans une majorité de cantons. En élus ils reculent un peu mais pas leurs idées, nuance. Au point qu’ils en partagent un certain nombre avec les LR et…Macron !
Au secours Vitel revient !
L’ancien député LR n’aura pas attendu longtemps pour faire acte de candidature pour les prochaines législatives Dès le lendemain de la victoire de Muselier, il annonçait par voie de presse qu’il revendiquait de retrouver son siège de député : “Je veux redevenir député !” Na ! A 66 ans ce chirurgien plasticien -qui n’aura pas eu le temps de pratiquer beaucoup…c’est peut-être un bienfait- trépigne d’impatience.
Lui, le cumulard pendant plus de 20 ans, qui était député du Var depuis 2002, trois fois réélu, conseiller général depuis 1996 (et même vice-président) et en même temps conseiller régional en 2015 mais pas retenu sur la liste Muselier en 2021.
Il avait tenté de devenir maire de La Seyne en 2014 mais ça n’avait pas marché. Dans la foulée il fut battu en 2017 à Toulon aux législatives par la candidate LREM.
Il est l’archétype du politicien professionnel qui veut régler quelques comptes et palper les indemnités le plus longtemps possible alors qu’il touche une retraite de député assez confortable : de l’ordre de 3 000 euros net par mois. Rien que pour cette fonction élective !
Et comme il n’en a plus de fonction élective, il perd beaucoup d’argent et ne sait plus quoi faire : il n’a vécu que de la politique !
Comment voulez-vous que le citoyen lamda qui voit son revenu baisser, sa situation se précariser, le jeune sans ressource, sans perspective ou qui est au chômage…ne soit pas écoeuré ! Comment n’aurait-il pas le sentiment d’être méprisé face à de tels privilèges ?
Il lui viendra facilement à l’esprit que tous les politiciens sont des corrompus et qu’il ne sert à rien de voter. Même si l’abstention leur laisse le pouvoir de nuire. Mais de plus en plus elle prend une véritable signification politique de rejet d’un système qui n’a de démocratique que le nom. Et qui sert ouvertement les intérêts des grands possédants dictant les choix économiques aux Etats et à ses relais médiatiques.
De plus en plus mal élus, qu’ils soient nationaux ou territoriaux, les pouvoirs en place sont déconnectés de ce que vit une très large majorité du peuple au point que les institutions ont perdu leur autorité et surtout leur vocation, leur sens profond de réduire les inégalités par la solidarité nationale vis-à-vis de celles et ceux privés des moyens de vivre dignement.
C’est une image pitoyable qu’incarne Vitel engagé (après son père député et adjoint d’Arreckx) puis, lui, de Falco qui en fit un vice-président du département et de la région puis un parlementaire sous l’étiquette RPR puis UMP puis LR et qui veut encore être investi comme s’il était en “manque” ou se croyait irremplaçable à 66 ans ! Ce supporter de Sarkozy, a choisi son écurie : il est prêt à suivre Xavier Bertrand, car, dit-il, il n’est pas Macron-compatible ? Cela nous fait une belle jambe.
Va-t-on devoir subir une campagne d’intoxication autour de pronostics orientés de plus en plus à droite. Où va-t-on, à gauche, défendre une autre conception de la politique et proposer une autre finalité à notre société et à notre monde en plein chaos. Il ne s’agit pas de savoir qui va dominer la planète mais qui va résoudre les problèmes concrets, sociaux et environementaux des peuples et comment ?
Le statut quo c’est la régression. Les luttes et l’intervention consciente des peuples pour concrétiser la devise, bafouée par tous ces charlatans, de notre grande Révolution française : “Liberté, Egalité, Fraternité” restent la seule voie vers une alternative progressiste mobilisatrice.
René Fredon