Présidentielles : stop ou encore ?
A peine clos les scrutins des régionales et des départementales caractérisés par une abstention record et par le double échec de LERM et du RN dans leurs objectifs d’implantation territoriale, la perspective du scénario annoncé en 2022 comme la revanche de 2017 en prend un sérieux coup.
La désaffection des urnes à des élections censées administrer la vie quotidienne des populations en dit long sur le désamour des électeurs(ices) vis-à-vis de leurs élus qui se retrouvent reconduits.es par une partie seulement de leur électorat traditionnel. Leurs opposants font le même constat.
Sans épuiser le sujet, il paraît évident que ce refus massif de voter au premier comme au second tour, traduit une insatisfaction amplifiée du corps électoral dûe aux effets de choix politiques subis de longue date et de plus en plus mal ressentis par une très large majorité des Français qui voient leurs conditions de vie se dégrader en même temps que la planète. Il y a forcément des attentes convergentes mais aussi très diverses, les abstentionnistes ne forment pas un bloc homogène, les jeunes et les catégories sociales les plus modestes y sont particulièrement nombreux.
Il ne suffira pas de rendre le vote obligatoire ou de voter par internet pour remédier aux causes profondes d’un tel phénomène qui relève d’une conception obsolète de notre système électoral et des limites de notre “démocratie”…participative qui dissuade les citoyens de voter et de s’investir pour infléchir et contester les politiques locales et nationales.
Ce qui avait inspiré cette saillie pertinente mais sans perspective de Coluche : “La dictature c’est ferme ta gueule…la démocratie c’est cause toujours !!”
Un contexte plus ouvert
Cette abstention historiquement très élevée et préoccupante bouscule la présidentielle. Macron se retrouve très fragilisé et pas du tout sûr de voir se reproduire au second tour le tête à tête avec le RN lui aussi secoué. Il compte toujours sur la division à droite et à gauche, pour une victoire par défaut grâce au”réflexe républicain” contre l’extrême-droite.
Rien ne dit que l’un et l’autre se retrouveront au second tour dans moins d’un an, vu leurs contre-performances électorales récentes qu’ils s’efforcent de minimiser. Pour LREM c’est même une Bérézina. Le groupe a perdu 45 de ses députés ces derniers temps. Ils étaient 314, il en reste 269, l’écrasante majorité est devenue minoritaire mais, heureusement, Macron peut compter sur des apparentés.es et des votes favorables des “prudents” qui prennent leurs distances.
Mais rien ne dit non plus que c’est impossible pour autant, vu l’abondance des candidatures à droite et à gauche avec le même type de scrutin ne qualifiant que les deux premiers candidats.
A droite les LR n’ont personne qui s’impose “naturellement”, leurs trois présidents de région réélus en Ile-de-France, Hauts de France et Auvergne-Rhône-Alpes ont franchi le pas et déclaré leur candidature ainsi que le député Bruno Retailleau. Mais Xavier Bertrand ne participera pas à la primaire interne aux LR et associés. Relançant la crise traversée au moment des Régionales suite à l’accord avec LREM dans notre région pour qu’elle retire sa liste au profit de Muselier devancé au 1er tour par le RN Mariani…issu des LR !
Les LR viennent de remplacer leur n°2, Guillaume Peltier, pour ses propos élogieux à l’égard de Robert Ménard (RN) dont il partage les mêmes convictions sur certains points, avait-il dit sur RTL-Le Figaro…pendant que le patron et les présidents de régions LR se vantent de l’avoir fait reculer !! Il aura toujours Ciotti pour le défendre.
A gauche, beaucoup de candidatures se dessinent à défaut d’un projet commun de transformation sociale et écologique face au cataclysme annoncé sur ces deux plans. Macron veut faire aboutir rapidement l’augmentation de la durée du travail à 64 ans en même temps qu’il trépigne de ne pouvoir concrétiser sa liquidation des retraites et de la sécurité sociale d’ici la présidentielle !
Mais il se heurte à quelques déconvenues : début juillet, il est rappelé à l’ordre par le Conseil d’Etat qui lui demande “de prendre toutes mesures utiles pour infléchir la courbe des gaz à effets de serre”! Il renonce au référendum -qu’il avait promis-sur les propositions de la convention climat qu’il a édulcorés. Une 4è vague de covid que l’on attendait plutôt à l’automne s’annonce pour la fin juillet. Et le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti est mis en examen par la Cour de justice de la République, une première.
A gauche, la préoccupation de la plupart des candidats.es déclarés -comme la FI ou qui s’y préparent côté PS et écologistes- étant de devenir les leaders d’une opposition de “gauche” qui reste floue sur la question centrale de la confrontation -et de la rupture à terme- avec le néolibéralisme auxquels ces partis ont adhéré et certains de leurs cadres rallié.
C’est la raison pour laquelle le PCF a tenu à présenter un candidat, en l’occurrence son secrétaire général Fabien Roussel pour que les questions de fond et de classes ne soient pas éludées ainsi que les divergences. La recherche d’une union électorale sur un compromis à usage électoral ne peut faire l’impasse sur les véritables causes et sur les responsables de la crise économique, sociale, écologique, idéologique…que nous traversons, la crise sanitaire en étant l’amplificateur.
Tout comme les accords de sommet entre partis politiques affaiblis et multiples n’engagent que ceux qui y croient. Ce qu’en ont fait Mitterrand et Hollande a fortement contribué à démobiliser leur propre électorat. Hollande faisant de Macron, directeur d’une banque d’affaires, un ministre de l’économie qu’il a propulsé sur le devant de la scène avant de s’effacer.
Ce sont les citoyens.es qui doivent être consultés, en amont, pour débattre des questions qui les concernent et des moyens par lesquels on peut les financer. Les partis n’ont pas la vocation de décider de ce qui est bon pour le peuple mais de nourrir le débat qui fasse des citoyens les véritables décideurs de la construction d’une perspective progressiste.
Pour cela il leur faut renouer avec les bonnes pratiques militantes qui les rapprochent des entreprises et des quartiers populaires où les conditions de travail et de vie isolent les salariés.es et les populations confrontées à de multiples problèmes au quotidien. A la fois par solidarité et par efficacité pour révéler et donner de la résonnance à leurs actions de résistance aux régressions et injustices sociales, écologiques, sociétales…
Agir pour ne pas subir
La domination du monde des affaires accélère les injustices de toutes natures, elle est obsolète et, bien entendu, pas seulement en France.
Le productivisme et le consumérisme sans fin mettent à mal la planète et les humains tant que les peuples ne prendront pas la mesure de leur force et de la légitimité de leurs aspirations pour faire prévaloir d’autres valeurs que celles qui les opposent et les divisent au profit des grands intérêts privés. Ce sont ces prédateurs et leurs politiques de classe qui constituent l’obstacle principal au progrès humain pour tous et au respect de la planète. Au palmarès de “Challenges” le nombre de milliardaires a augmenté en France, en 2020 et leurs fortunes ont progressé de 30% ! (1)
Notre peuple n’est pas condamné à subir la loi des plus riches. Il peut dès à présent mettre en échec les politiques libérales que nous imposent Macron -et que nous promettent aussi les LR et le RN- qui se traduisent par l’effondrement de l’emploi et l’explosion de la pauvreté.
Lutter pour un système d’emploi et de formation qui sécurise la vie de chacun, avec les pouvoirs démocratiques et les moyens financiers nécessaires constitue une réponse très concrète aux urgences sociales, économiques et écologiques. Elle n’est pas une promesse électorale mais un moyen à la disposition des salariés et des citoyens pour contrer les plans sociaux, les délocalisations et les aides de l’Etat aux grandes entreprises sans compensation. Une proposition qui peut se décliner au plan régional avec l’institution de conférences régionales pour l’emploi, la formation et la transformation écologique des productions.
Encore faut-il que l’on en parle pour que les intéressés s’en emparent et en fassent un objet de luttes car, vous l’aurez remarqué, les idées et les propositions de lois qui émanent des communistes, ou bien sont passées sous silence ou sont l’objet d’un mépris médiatique digne de l’autocratie financière qui nous oppresse et nous envoie dans le mur.
C’est pour privilégier le contact direct que le candidat communiste a décidé de sillonner nos plages et autres lieux de vacances et de festivals durant ces mois d’été, sous le signe de “Résister pour être à l’offensive”. La caravane vient de prendre la route à Marseille et sera les 11 et 12 juillet à La Seyne (Berthe et Sablettes) (2)
René Fredon
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