Castex durcit le ton

Après le conseil scientifique le 1er ministre a lu dans la foulée un communiqué à la télé, tendant à nous inciter à prendre la mesure de la pression qui s’exerce sur les hôpitaux compte tenu de la 5è vague en cours et de l’apparition du variant omicron qui se transmet à grande vitesse même s’il est présenté comme moins dangereux.

On aura retenu l’empathie de Castex pour les personnels soignants moins nombreux et encore plus sollicités…qui subissent l’aggravation de leurs conditions de travail avec une feuille de paye notoirement insuffisante ! Les intéressés auront apprécié…

Le même jour 60 000 contaminations en France, entre 150 et 200 décès journaliers, 90 000 au R-U, en Allemagne même envolée des contaminations et décès mais les communiqués officiels y voient une “légère décrue”??? Tout en classant la France en “zone à risques”, ce qui n’est pas complètement faux mais aussi réciproque.

Principale annonce : le pass sanitaire sera intitulé pass vaccinal, tout un programme, le gouvernement  assumant de “faire peser la contrainte sur les non vaccinés“. Aucun débat, on est en état d’urgence, donc le gouvernement est seul à décider de tout, y compris de s’inviter sur un plateau TV complaisant pour y faire, comme Macron, un bilan politique sans contradicteur.

Castex, l’homme à tout faire, a mis ses convictions au service d’un pouvoir qui s’emploie à rassurer l’opinion alors que, près de deux ans après sa révélation, la pandémie se répand partout et elle n’est maîtrisée nulle part…sauf en Chine d’où elle est partie et qui annonce ces derniers jours, 100 000 cas de contaminations et 4 636 décès depuis le début alors qu’il y a 50 millions de cas et +800 000 morts aux E-U, en France 8,4 millions de cas et +120 000 décès, 12è au classement mondial des pays les plus endeuillés, juste après le R-U et l’Italie.

Certains vont sourire de cette comparaison avec la Chine, pays honni de l’occident parce qu’elle prend trop de place dans le monde. Il ne s’agit pas d’un jugement d’ensemble mais de statistiques forcément discutables.

A tel point que l’OMS, souvent citée au bas des tableaux réguliers fournis par l’AFP d’après les autorités sanitaires, précise que ces chiffres doivent être multipliés par 2 ou par 3 !

L’organisation mondiale de la santé ne dit pas que cela. Elle met surtout l’accent sur le fait que “la planète ne sera pas en sécurité tant qu’il n’y aura pas de stratégie globale de vaccination…” Dans une récente alerte sur la situation en Afrique, pour la directrice du Bureau régional de l’OMS, “si le déploiement des vaccins a permis de livrer avec succès plus de 250 millions de doses sur le continent, force est de constater que seuls 8 % environ des Africains sont entièrement vaccinés.  C’est loin d’être suffisant”.

«Seuls cinq des pays africains atteindront l’objectif de vacciner entièrement 40 % de leurs populations avant la fin de 2021, et les prévisions actuelles indiquent qu’il faudra encore plusieurs mois pour que tous nos pays en fassent de même », a-t-elle fait valoir, ajoutant que “l’OMS continuera  d’œuvrer sans relâche pour un accès équitable aux vaccins ».

Sans perdre de vue qu’en Afrique il y a beaucoup plus de morts par la tuberculose, le paludisme et la malnutrition en général que par le covid 19 et ses variants. Et aucun vaccin pour ces autres maladies contagieuses ?

En Afrique mais pas seulement, ce sont les équipements sanitaires qu’il faut massivement développer par des investissements coopératifs  et non spéculatifs, dans des structures publiques en même temps que les formations de personnels soignants partout insuffisantes. Y compris dans les pays dits “riches” où la santé est un domaine envahi par une conception mercantile de la société qui rapporte “gros” à une poignée de laboratoires privés, arc-boutés sur leurs privilèges jusqu’à ne pas vouloir lever leurs droits de propriété sur les brevets des vaccins devenus sources de revenus colossaux au détriment des plus pauvres.

C’est déjà l’un des grands thèmes de la campagne des présidentielles d’autant plus que nous faisons partie des grandes puissances économiquement dominantes (OCDE, G7, G20…) que l’on retrouve en tête des plus inopérantes face au développement d’une pandémie qui en est à sa troisième année, alors que l’on y trouve les pays les mieux pouvus en matière de reherche et de technologies de pointe ?

N’est-il pas évident que leur gestion de la crise sanitaire -très sous-estimée à l’origine- révèle des failles béantes dans leurs systèmes de santé qu’ils conçoivent comme un secteur comme les autres, à rentabiliser et à confier aux financiers plutôt que de considérer que soigner, loger, éduquer, former…relèvent de droits fondamentaux pour chacun.e qui doivent échapper au domaine marchand.

Sans doute que le pouvoir et ses faux concurrents de droite et d’extrême-droite, trouveront ce langage antédiluvien. Par excès d’optimisme je me dis qu’à gauche, au sens large, il en sera autrement. Reste à en créer les conditions.

Là commencent les difficultés et la nécessité de clarifier les objectifs sociaux, écologiques etc…et les moyens de tenir les engagements et pas seulement en matière de santé. Nous sommes dans le cadre d’un système économico-politique hostile dont seul un mouvement populaire conscient peut venir à bout s’il a un projet ambitieux de justice sociale et de transition écologique et économique respectueux de la planète. (1)

Les mouvements sociaux sont beaucoup plus nombreux et déterminés qu’il n’y paraît à travers l’information orientée. Les sujets de très fort mécontentement ne manquent pas et s’expriment. L’insécurité sociale et celle du lendemain fortement imprégnée d’un présent anxiogène peuvent aussi nourrir l’attentisme, le fatalisme.

Nous aurons l’occasion d’y revenir. La question des rapports des pays du Nord avec les pays du Sud suppose une tout autre vision du monde que celle répandue par les obsédés du suprémacisme porteurs de haine et de violences qui se sont instillées au-delà des partis et groupes d’extrême-droite aspirant une partie de l’électorat de droite et gangrenant la République. Avec un point commun à toute la droite, LREM comprise et même un peu au-delà : ils sont attachés au capitalisme. A méditer.

 

René Fredon

 

(1)

https://www.youtube.com/watch?v=ErtbAienXgw       F. Roussel au JT de Fr. 2

Castex durcit le ton