Fabien Roussel : “Il est temps de s’attaquer au mur de l’argent”
Son programme (1) prend en compte toutes les urgences sociales, écologiques, sociétales…qui se sont accumulées et aggravées sous l’effet d’un libéralisme prédateur commun à tous les partis de droite et d’extrême-droite et que partagent certains leaders issus de partis se réclamant de la gauche et de l’écologie au pouvoir avec Macron.
A deux mois de la présidentielle, il ne suffit pas de faire de la sur-enchère anti-Macron pour convaincre qu’on va prendre le contre-pied de sa politique de classe qui fait des ravages dans les catégories populaires. Point d’issue sans nous affranchir de la domination du capital à travers un libéralisme dérégulé qui se croit incontournable malgré les crises économique, sociale, écologique, sanitaire…qu’il traverse à nos dépens.
Qu’on se souvienne des déclarations de Hollande au Bourget proclamant que son seul ennemi c’était la finance ! C’était avant la présidentielle de 2012. Il fut élu et choisit Macron, directeur de la banque Rothschild comme conseiller spécial à l’Elysée avant d’en faire son ministre de l’économie et de s’attaquer à la “loi travail” !
Elle devait” améliorer la compétitivité des entreprises, développer et préserver l’emploi, réduire la précarité du travail et améliorer les droits des salariés.” Que de bonnes intentions ! Adoptée sous le gouvernement Valls la loi a fait exploser le code du travail et enterré les droits des salariés, en permettant de les licencier pour simple baisse des commandes au lieu d’un motif économique sérieux qui les protégeait. Quel cadeau au MEDEF ?
Y aurait-il un libéralisme progressiste ?
C’est ce que voudrait nous faire avaler Macron. Certes il y a des différences sur la manière de concevoir le libéralisme et de le gérer, à droite et à l’extrême-droite. Une partie de la gauche y est sensible. Au point d’être représentée dans le gouvernement censé n’être “ni de droite ni de gauche”…mais de droite à coup sûr !
Une réalité qui a jeté beaucoup de discrédit sur toute la gauche et les partis qui s’en réclament. A deux mois de la présidentielle, il ne s’agit pas seulement de faire bloc contre Macron qui a tout fait en faveur des très riches et méprisé les millions de familles en dessous du seuil de pauvreté qui ne peuvent vivre dignement, ni se loger trop souvent ni se nourrir faute de ressources suffisantes tandis que des millions d’autres basculent dans la précarité de l’emploi et des salaires, à la ville comme à la campagne.
Encore faut-il désigner l’obstacle ? Macron bien entendu. Mais ce ne peut être indépendamment du système économico-politique qu’il représente : les forces de l’argent, le capital.
Tel est le sens de la candidature communiste de Fabien Roussel : convaincre qu’il est possible, les luttes et colères sociales l’expriment, de réorienter l’utilisation de l’argent qui coule à flots…dans quelques poches. .
L’argent ne doit plus servir les intérêts des très riches au détriment de tous les autres mais servir l’intérêt général et permettre à chacun.e de disposer d’un travail et de revenus suffisants pour vivre dignement.
Et ce, à un moment où le sort de la planète est menacé par la surexploitation des mers, de la terre, de son sous-sol et désormais de l’espace par le productivisme induit par l’idéologie capitaliste et l’appropriation privée qui en découle, source de conflits incessants. Les énergies fossiles très carbonnées doivent être abandonnées au plus vite. Le libéralisme entrave la transition écologique tout en se parant de vert !
Le sort de milliards de femmes et d’hommes est pareillement menacé par l’exploitation par le travail au profit d’une caste de propriétaires illégitimes au regard d’une vision humaniste des rapports sociaux entre peuples alors que des menaces de guerre bruissent de partout.
Un projet ambitieux et des objectifs concrets de court terme
Dimanche 7 à Marseille devant 4 000 personnes (2), Fabien Roussel a consacré l’essentiel de son discours à “la question sociale qui est centrale” pour le candidat du travail et de la feuille de paie dont la première mesure serait de porter le Smic à 1 500 euros net, augmenter les salaires et les retraites à taux plein dès 60 ans, pas de retraite en-dessous de 1200 euros net.
“Nous voulons bâtir une France du travail avec de bons salaires où chacun retrouve la dignité et l’espoir…L’argent est partout et s’évade. Mais il manque à des millions de familles…il est temps de s’attaquer au mur de l’argent, au nom des valeurs humaines toujours plus fortes que les valeurs boursières.
Comment l’utiliser ? Je propose de rétablir l’impôt sur la fortune et de le tripler, d’établir une justice fiscale plus légère pour les “petits” et plus grosse pour les plus “gros”…de dire halte à la corruption et à l’évasion fiscale…jusqu’à priver les fraudeurs de leurs droits civiques. L’assistanat, ce sont les très riches qui en bénéficient !
Nous voulons reprendre la main sur la finance…elle ne doit plus décider des choix de la Nation. la France crée des richesses par ses travailleurs(es). C’est la plus belle de nos richesses !! Nous proposons de créer un pôle public financier… pour faire baisser les coûts des énergies, des intérêts bancaires…c’est le coût du capital, ce sont les riches qui nous coûtent cher !!!”
C’est par la feuille de paie qu’on augmentera le pouvoir d’achat. Il ira directement dans l’économie réelle, pas dans les paradis fiscaux…
Fabien Roussel s’est arrêté longuement sur “le coeur de son projet”: Un emploi et une formation garantis à tous, avec un vrai salaire tout au long de la vie, pour tous dès 18 ans. Pour un changement de société c’en est un, associé à la semaine de 32 h et à la retraite à 60 ans. Il nécessitera l’intervention des salariés.es eux-mêmes s pour obtenir des droits et des pouvoirs nouveaux dans leur entreprise. Le candidat a su faire partager son enthousiasme et ses propositions ambitieuses de nature à mobiliser l’électorat populaire et au-delà.
Il a réussi le tour de force d’aborder la plupart des autres thèmes sensibles au monde du travail, l’écologie, la sécurité sociale, les services publics, la santé, la jeunesse, l’école, les collectivités locales, le nucléaire, la laïcité, la paix, le désarmement, l’Europe…sans se départir de sa simplicité, de son humour et de sa combativité communicative.
De bon augure pour stimuler une campagne verrouillée, bienveillante aux faux ennemis d’extrême-droite menaçant la République et à l’omni-présence médiatique du président-candidat qui s’exonère de campagne, en apparence.
“Nous sommes déterminés à faire renaître un espoir à gauche. Cette France des jours heureux est à portée de mains. Donnez de la force à vos idées, on peut bousculer leur scénario…” a conclu Fabien Roussel avant l’hymne national et celui des travailleurs(es) entonnés avec ferveur.
René Fredon
(1) https://www.fabienroussel2022.fr/le_programme
(2) https://www.youtube.com/watch?v=uAd1GoIzNYc