Présidentielle : l’extrême-droite battue, Macron réélu par défaut ,Une alternative progressiste est possible aux législatives
Le pire est évité et ce n’était pas gagné d’avance, mais l’avenir est toujours bouché. D’ailleurs l’allocution indigente de Macron dimanche soir montre à quel point il est marqué par sa “victoire” à 58,5%, soit 8 points de moins qu’en 2017 ! La plus étriquée des “victoires”. Pas glorieux d’autant que l’extrême-droite a réalisé au 1er tour son meilleur score depuis 2002, première accession des Le Pen au second tour, mais toujours battus contre Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron.
La fracture de la société s’élargira de jour en jour sous l’effet des mêmes politiques libérales que Macron met en oeuvre et qui mettent à genoux, à grande échelle, les catégories populaires et toute une partie des classes moyennes dont le pouvoir d’achat, la sécurité d’emploi, les protections sociales s’effritent. Sa dernière annonce : l’âge de la retraite porté à 65 ans, il n’oublie pas “sa” réforme…à hauts risques pour nous !
Macron n’a nullement l’intention de changer de cap. A peine a-t-il évoqué les voix qui viennent de son opposition ? Ce n’est pas de la surdité, c’est de l’entêtement d’une classe qui entend faire de l’or de toute activité humaine et qui n’en a jamais assez !
Cette élection a révélé l’isolement du pouvoir en place fragilisé mais aussi l’effondrement des deux grands partis de gouvernement (PS et LR) dont une partie de leurs dirigeants avait rejoint Macron dès 2017 et une nouvelle vague plus récemment : sauve qui peut !
Désormais notre paysage politique est recomposé en trois blocs politiques : l’extrême-droite qui a rassemblé 11,3 millions de voix au 1er tour, 13,29 millions au second ! La droite libérale 11,45 millions au 1er et 18,7 au 2è tour, du fait des reports de voix de gauche et d’ailleurs venus faire barrage à l’aventure néo-fasciste. La troisième force politique avec l’émergence de LFI-Union populaire à 7,71 millions qui a failli se qualifier, et 11,19 millions avec les partis de la gauche anti-libérale…quoiqu’à des degrés divers.
Un quatrième bloc de même ampleur est à considérer : l’abstention déjà forte pour cette élection déterminante, est passée de 26,31% au 1er tour à 28,01% au second tour ! Soit 13,65 millions de citoyens qui ne croient pas à l’utilité de voter. Il est vrai que les alternances droite-gauche se faisant dans le même cadre du libéralisme, la résignation a pris le dessus et c’est bien là une des perversités les plus dissuasives que de séquestrer le pouvoir au lieu de le partager réellement, du local au national.
Il ne suffit pas de parler de démocratie participative pour être crédible, Macron nous en a fait la démonstration avec la convention citoyenne pour le climat dont il a édulcoré les propositions pour ne retenir que très peu de choses qui coïncidaient avec sa pensée très sélective.
C’est que la crise démocratique a été mise sous le tapis comme tout le reste, bâclée, pas de confrontation, de débats publics entre le sortant et les candidats, au prétexte que le président n’avait pas le temps, entre la pandémie qui joue les prolongations, l’état de nos hôpitaux en
manque de personnels, la guerre en Ukraine qui n’a pratiquement pas été évoquée alors qu’elle s’enlise et inquiète tous les peuples d’Europe.
Quel projet de société ?
Question qui ne se pose pas pour Macron qui, par delà les éléments de langage n’entend pas sortir de ce merveilleux système libéral qui devait nous conduire à la mondialisation heureuse où on chanterait en allant au travail et en recevant sa feuille de paye…ou d’indemnités-chômage !
Bien que faisant partie des pays riches, la France -mais elle n’est pas seule- traverse des crises de plus en plus fréquentes qui remettent en cause notre niveau de vie, nos conquis sociaux et démocratiques, nos protections collectives qui deviennent de plus en plus individuelles dans une société de plus en plus inégalitaire où la concurrence est sensée nous donner plus de “libertés”.
Curieusement les majors de l’économie -et leurs personnels politiques- ne connaissent pas les privations mais n’ont qu’un objectif : le profit, l’accumulation de leur richesse jusqu’à ne pas savoir qu’en faire ou, pour certains vendre des voyages dans le cosmos pour honorer la science, histoire de nous fair rêver !
Voilà que depuis quelques décennies, on parle d’écologie tout en accumulant les émissions de gaz à effets de serre qui, pour l’essentiel proviennent de notre exploitation des énergies fossiles dont il nous faut nous passer dans les plus brefs délais, si l’on en croit le GIEC, alors que nos modes de production et de vie continuent de polluer à un rythme insoutenable.
Autrement dit, notre avenir proche appelle des décisions urgentes d’ampleur pour inverser la tendance qui menace la planète à très court terme et toutes les espèces vivantes qui déjà périclitent par notre course au productivisme et à l’amènagement de nos territoires, au détriment de la nature.
Tout se passe comme si chacun était d’accord mais voulait aller à son rythme pour ne pas trop affronter un électorat qu’on ne veut pas affoler ? On fait de la gestion courante au service des actionnaires.
Ce débat essentiel sur les changements considérables à opérer n’a pas eu lieu. Macron s’occupe de tout et ne fait rien si ce n’est protéger les grands intérêts privés auxquels il faut justement s’attaquer. Ils ne changeront pas d’eux-mêmes, les luttes sociales et sociétales ne cesseront d’être décisives.
Législatives : la gauche à l’offensive
Forte de la poussée de la LFI pour laquelle dans les dernières semaines l’électorat de gauche et progressiste s’est rassemblé autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon et l’ont propulsé à un niveau très proche de la qualification. Avec un programme en rupture avec le libéralisme même si des divergences sérieuses existent avec d’autres candidats comme Fabien Roussel porteur d’un projet de société et d’exigences sociales et écologiques fortes.
Le PCF avait appelé avant même le 1er tour à un pacte commun pour les législatives qui auront lieu les 12 et 19 juin. Jean-Luc Mélenchon, avant le second tour, a lancé un appel à saisir l’occasion pour gagner ce 3è tour, ce qui reviendrait à le nommer 1er ministre, une fois acquise une majorité de députés.
Proposition audacieuse et mobilisatrice qui peut se concrétiser du fait qu’il y a des chances qu’avec trois blocs d’assez égal potentiel, les triangulaires au second tour peuvent permettre des conquêtes par la dynamique du rassemblement des progressistes, de l’ensemble de la gauche et de toutes celles et ceux qui voudront s’y associer.
Que LFI soit la force motrice de cette Union populaire, cela paraît aller de soi. Que la volonté d’union soit plus forte que les ressentiments et les reproches entre partenaires qui ont les mêmes droits à la candidature et à la différence, quels qu’aient été les résultats.
Un tel défi peut être gagné par le rassemblement le plus large, porté par l’enthousiasme d’une perspective transformatrice de la société.
René Fredon