Législatives : dernière ligne droite , La NUPES trace son chemin
Il ne s’agit pas de prendre nos désirs pour la réalité, ni les sondages et les projections en sièges pour l’anticipation assurée du vote. Simplement observer l’évolution des intentions de vote de fin avril à fin mai, les commentaires et les craintes qu’elles suscitent dans les sphères de la macronie et notamment chez les éléphants du PS restés aux côtés de Macron, embourbés dans une collaboration des classes qui tourne au pathétique.
Selon le dernier sondage de Cluster 17, publié vendredi 27 mai, la Nouvelle union populaire écologique et sociale est en tête des intentions de vote au 1er tour des législatives. Selon ce sondage, 30% des Français interrogés souhaitent soutenir un candidat de la Nupes au 1e tour des législatives, 26% un candidat investi par la majorité présidentielle, 19% un candidat soutenu par le RN, 10,5% un candidat investi par les Républicains, et 6% un candidat de Reconquête. Plutôt bon signe.
Mais c’est pour aussitôt ajouter que le mode de scrutin des législatives assurerait à LREM une majorité absolue de député.es ! Ils n’envisagent que cette hypothèse, pas de souci à se faire ? Rien n’est moins sûr, même s’il est vrai qu’une minorité de voix au premier tour peut se traduire par une majorité de sièges au second puisqu’on vote par circonscription et que chacune ne reproduira pas forcément le calque du vote présidentiel.
D’autre part on vote pour des candidats connus ou nouveaux, porteurs des idées libérales, conservatrices, voire identitaires ou des idées progressistes qui pour la première fois seront représentées par une candidature unique de toute la gauche, la NUPES…quelle horreur ! Le pouvoir s’en étrangle et s’efforce d’ignorer le sigle et le fait.
Car c’est le contenu qui les effraie : il rompt avec les politiques d’austérité renforcée qui vont s’accentuer. Et l’urgence c’est de stopper la baisse de notre pouvoir d’achat et la pauvreté qui prennent des proportions dramatiques. Et ce dès l’été. Egalement engager le pays dans la transition écologique, vu l’état de la planète. Macron ne fait qu’en parler tout en ménageant les intérêts des grands pollueurs.
Exemples de l’hypocrisie ambiante : il faut que l’Europe et la France se passent du pétrole et du gaz russe mais on peut consommer du gaz de schiste que nous avons interdit de produire !!!
Le glyphosate, Macron avait promis à son arrivée, de nous en passer dans les trois ans. Il n’a pas tenu ses engagements, il veut une réponse européenne. Bien sûr qu’elle est souhaitable mais comme il faudra attendre l’unanimité, on n’est pas sorti de l’auberge. La NUPES prévoit de désobéir si l’on veut vraiment avancer et non s’en tenir aux promesses gratuites et démagogiques d’un pouvoir mal élu.
Et que dire de l’état de nos services publics ? L’hôpital public est à l’agonie après deux ans de fonctionnement intensif pour faire face au COVID . Un tiers des effectifs soignants manquent aujourd’hui du fait des conditions de travail et des salaires à la traîne. Mais comme ça tombe bien pour privatiser toujours plus le secteur de la santé. Au détriment de qui ? Des patients les plus défavorisés…et il y en a de plus en plus.
Ce qui se traduit à Toulon par l’inauguration, fin novembre 2021, d’un nouvel établissement privé de convalescence de 200 lits, pour les soins de suite, prélude d’un nouveau pôle de santé privé “Sainte-Musse 2” prévu pour 2024, qui s’étendra sur 8 ha avec hôtel, maison médicale, centre d’imagerie…Falco eut ces mots très naturels en direction des investisseurs philanthropes : “Vous complétez et soulagez l’hôpital Sainte-Musse en lui permettant de libérer des lits” ? Macron ne l’avait pas attendu, il ne va pas manquer de l’aider à réaliser de tels projets.
Même constat pour notre école publique qui manque cruellement d’enseignants et de classes vu la dégradation des conditions de travail, des salaires parmi les plus bas en Europe…du fait de la gestion très austéritaire de Blanquer, qui va tenter de devenir député, avec un très lourd handicap. Le Var en sait quelque chose où les déficits de classe et de remplaçants s’accumulent. Le collège George Sand à Toulon, notamment, est promis par Falco à la fermeture.
Les académies recrutent en ce moment des milliers de candidats.es pour palier le déficit considérable d’enseignants. Ils vont se retrouver en septembre devant des élèves…sans la moindre formation ! Qui en fera les frais ?
Et que dire du logement, si ce n’est que ce ne sont pas les chantiers qui manquent. Au point que le président de la fédération de l’immobilier (FNAIM) se dit “bluffé” par les résultats des villes de la métropole, cette “nouvelle Californie française” où l’on a vu les transactions augmenter de 25 % entre août 2020 et août 2021 ! Ainsi que les prix de l’immobilier. Avis aux investisseurs, y a de l’argent à se faire. Comme pour les EHPAD ! Scandales garantis.
Evidemment ça ne satisfait pas du tout le responsable régional de la fondation Abbé Pierre, Jean-Paul Jambon et avec lui les demandeurs de logements sociaux dont la construction s’avère très à la traîne dans tout le département et la région. Il constate que si la moyennes des loyers, c’est 40% des revenus dans le parc privé, elle peut aller jusqu’à 60% dans le public et dans certains secteurs…” Sans parler des temps d’attente très dissuasifs alors que 70% des foyers varois sont éligibles au logement social dont Macron, les LR et le RN ne veulent pas entendre parler !
N’oublions pas les révélations du Monde Diplomatique de mars 2020 sur les irrégularités frauduleuses constatées dans plusieurs bureaux de vote remontant aux législatives de 2017. Elles avaient fait l’objet d’une tribune publique de quatre conseillers municipaux de droite dont…Cécile Muschotti pour LREM aujourd’hui candidate dans la 7è et plus à Toulon !
Une tribune qui demandait au préfet de “prendre toutes les mesures…propres à assurer que le déroulé des opérations électorales se fera dans les conditions requises pour un scrutin digne de notre République”. Ceci en prévision des municipales.
Le groupe de gauche condamnait les faits gravissimes et avait saisi le préfet. Aucune suite n’a été donnée aux menaces de Falco contre les auteurs de ces révélations. Comme quoi
la tenue des bureaux de vote nécessite beaucoup de précautions et de présence militante.
Les candidats.es de la NUPES, avec leur programme partagé de rupture avec les politiques libérales à bout de souffle, représentent la résistance à ce que les catégories populaires et moyennes subissent depuis des décennies. En même temps qu’ils portent la perspective d’un véritable changement, progressiste et écologique répondant aux enjeux de toute notre société. Ce serait un bon signal pour une Europe paralysée par les mêmes critères libéraux, ils sont le problème et pas la solution.
Les Varois disposent des moyens de rompre avec la domination de la droite et de l’extrême-droite, ils peuvent -grâce à l’union de toute la gauche autour d’un seul programme- se donner des députés.es déterminé(e)s à porter ces propositions alternatives et ainsi contribuer à battre Macron au plan national.
L’obstacle principal à franchir réside dans l’abstention toujours plus importante pour les législatives et notamment dans les quartiers populaires où le sentiment de “n’être pas entendu par les politiques en général” et “qu’il n’y a rien à faire une fois le président réélu“, semblait bien installé. (En 2017, aux législatives, l’abstention atteignait 54% au 1er tour, 59 au 2è)
Mais la présidentielle a déjà donné partout le signal d’une mobilisation bien plus grande notamment dans les quartiers populaires en faveur de la FI et des partis de gauche aujourd’hui rasssemblés dans la NUPES.
Qui aurait dit, qu’en Colombie, un ancien guérillero, Gustavo Petro, serait en tête de la présidentielle ce dernier dimanche avec 40,32% ? Très bien placé pour être élu le 19 juin. Quel bouleversement ce serait aux Amériques !
En France, un tel phénomène ne pourrait-il pas se produire ? Malgré un délai de campagne très court et l’absence de débat sur les programmes voulue par Macron, l’utilité du vote et les chances de victoire auront sans doute progressé.
Plus qu’une semaine pour convaincre.
René Fredon