Législatives : panique à bord de la macronie

 

Vous ne faites peut-être pas partie de celles et ceux qui se jettent sur le moindre discours- fleuve du président mal élu parce que mal aimé d’une très large majorité de Français ? Certes pour sa jeunesse dorée mais pas mal pour son arrogance dûe à sa situation sociale confortable de directeur d’une grande banque d’affaires et, plus encore, pour le bilan de son quinquennat dont il n’a pas voulu parler, il a fuit le débat.

 

Il voudrait que l’enjeu se limite à lui donner une majorité absolue de députés, au-delà de 289, pour lui permettre de mettre en oeuvre son programme dans la continuité du précédent, c’est-à-dire réduire le pouvoir d’achat (salaires et retraites) des catégories populaires et moyennes, tout en assurant les bons résultats des géants du CAC 40, poursuivre la privatisation des services publics et freiner la transition écologique pour ménager les intérêts privés qui vivent de la pollution et du recours aux énergies fossiles…pour résumer.

 

Donnez-moi la majorité dont j’ai besoin !” Il craint de ne pas l’avoir, en effet. C’est que  l’enjeu de cette élection est national : il est possible de tourner la page de Macron et de sa politique libérale assumée et justifiée, selon lui, par la nécessité d’assurer la continuité des politiques françaises et européennes, de même origine libérale et de mêmes buts anti-sociaux et inefficaces pour protéger la planète et réduire en urgence toutes les pollutions.

 

A condition que le piège qui nous est tendu soit perçu par toutes celles et ceux qui se désintéressent de la législative, pensant que les députés ne servent pas à grand chose, sinon à soutenir un président déjà élu. Raisonnement qui a toujours servi les majorités en place bien que soulignant les limites d’un parlement-godillot qui ne permet pas à la “démocratie représentative” de fonctionner, d’où la dérive présidentialiste que nous subissons et à laquelle nous pouvons mettre un terme.

 

Parce que le rapport des forces issu de la présidentielle, celui des quatre candidats de gauche, aujourd’hui rassemblés dans la NUPES, constitue une alternative politique partagée, très cohérente et représentative, face à LREM et à l’extrême-droite.

 

 

Macron a pris la mesure du danger en occupant, le 4 juin, deux pleines pages dans toute la presse régionale pour tenter de passer pour un réformateur accompli !

 

Avec son sens aigu de la com’, le titre étalé sur les deux pages nous donne la dimension de l’escroquerie politico-intellectuelle : “L’époque impose de changer de modèle”! Il faut être gonflé -ou inquiet- pour vouloir nous faire avaler qu’on peut compter sur lui pour changer de modèle.  Alors qu’avec ses prédécesseurs ils nous imposent depuis +40 ans les dogmes de l’austérité et autres règles d’or libérales, au demeurant foulées aux pieds aujourd’hui, face aux crises multiples que l’on doit à ce “modèle” qui n’est autre que le capitalisme à l’oeuvre ?

 

Non pas que l’on puisse l’éradiquer en claquant dans les doigts et en faisant surgir les miracles mais il faut bien nommer les choses par leur nom. Quel est l’obstacle ? Justement c’est “le modèle” mais il ne dit pas lequel et ce n’est pas un hasard. On ne trouvera pas de solutions en nous en remettant au…problème, à ses moyens de persuasion et même de corruption, de contraintes jusqu’au recours à la force armée s’il le faut -le monde est en plein chaos- pour protéger les intérêts de la grande finance mondialisée qui devait faire notre bonheur.

 

A cet égard, la France n’intervient pas directement qu’en Ukraine, elle livre par Dassault, Thales, MBDA…des armes de guerre et des Mirages à l’Arabie saoudite et à la coalition qui ont fait au Yemen 380 000 victimes depuis 2014 et 5 millions de déplacés. Notre pays se fait ainsi complice des crimes de guerre qui y sont reconnus.

 

Toujours friand de “changements” pour que rien ne change, Macron a lancé deux bouteilles à la mer : il a promis une “nouvelle méthode de travail”, ça ne mange pas de pain, en détournant le sigle du CNR (Conseil National de la Résistance) d’où est sorti tout un programme pour la reconstruction de la France, dont notamment la sécurité sociale…qu’il est en train de vider de sa substance !

 

Il veut promouvoir un conseil national de la refondation qu’il lancera juste après les législatives…pour sortir du modèle que nous a légué la Résistance. Evidemment, il oublie de le dire mais il va le faire avec la réforme des retraites “qui entrera en vigueur dès l’été 2023″ a-t-il précisé à la presse régionale. Mais c’est pour rompre avec le modèle issu de la Résistance, pour libéraliser en grand l’économie ! Finis les services publics et le pouvoir d’achat. Finis les enjeux de civilisation sociaux et climatiques. Les actionnaires d’abord !

 

Sans parler qu’il s’agit d’une institution de plus qui va faire doublon avec le parlement et le CESE (conseil économique social et environnemental) car Macron compte sur elle “pour faire vivre nos réformes”…Autrement dit les siennes ! En revanche, rien sur le référendum d’initiative citoyenne. Pas vraiment une surprise.

 

Dans sa foulée démagogique, Macron parle  “d’ouvrir la question de la proportionnelle”,une fois de plus et il présente le programme de la NUPES comme un épouvantail qui va semer le désordre ! Mais que fait-il d’autre que diviser les Français.es en privilégiant les privilégiés et en ignorant les victimes d’une politique de classe qui ne dit pas son nom.

Leur manière de vouloir comparer la NUPES et le RN en les mettant dans le même sac : “extrêmes” donc “à ne pas fréquenter”. Cela relève du pathétique et du mépris des gens pris pour des demeurés y compris en politique.

 

A cet instant de la rédaction de cet article, je prends connaissance de l’élimination de…Manuels Valls dans la 5è circonscription des Français de l’étranger ! Et de la présence au second tour de 10 candidats de la NUPES sur 11 circonscriptions. Ils étaient 5 en 2017.

 

Double satisfaction même si l’on ne peut en faire aucune extrapolation. S’y ajoute le camouflet du Conseil d’Etat qui vient de sommer le gouvernement de prendre en compte immédiatement le sigle NUPES que Darmarin avait rejeté pour ne pas avoir à faire apparaître dans les résultats globaux ceux de la coalition des gauches !

 

«Le juge des référés du Conseil d’Etat enjoint aujourd’hui (7 juin) au ministre de l’intérieur de prendre en considération la Nupes comme une nuance politique à part entière dans la présentation des résultats qui sera faite des élections législatives des 12 et 19 juin 2022»Il estime en effet que “comptabiliser les partis politiques de cette coalition séparément peut porter atteinte à la sincérité de la présentation des résultats électoraux». Clair et net.

 

Le programme partagé de la NUPES et les candidatures uniques ont forgé un réel espoir de mettre Macron en échec et de porter un solide modèle de société, qui aura à affronter les forces du capital au pouvoir, avec la volonté de les faire reculer par la mobilisation populaire permanente, absolument déterminante.

 

Donnons une majorité de députés.es à la NUPES, à toutes ses composantes qui restent autonomes par ailleurs. Choisissons le camp du progrès social et écologique, assumons dans la transparence nos divergences comme nos convergences susceptibles de convaincre les indécis…si, si il y en a encore.

 

 

René Fredon

 

 

 

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