14 juillet : Macron entre surdité et arrogance

 

Lors de son entretien renouvelé du 14 juillet avec deux journalistes dans les jardins de l’Elysée, le président de la République a retrouvé ses fondamentaux de suffisance et de mépris en faisant comme s’il avait été plébiscité sur son bilan et élu par une majorité absolue et homogène le mandatant pour garder le même cap !

 

Ce n’est pas la légitimité de sa réélection qui est contestable mais la négation du double sens qui a conduit toute une partie des électeurs de gauche à voter pour lui afin de barrer la route au FN et pas du tout pour approuver sa politique libérale. L’humilité n’est pas son fort, il est vrai.

 

Il n’en tient naturellement pas compte et malgré une majorité parlementaire désormais minoritaire, il réaffirme qu’il a bien l’intention de mettre son seul programme très libéral en oeuvre en demandant aux oppositions de s’y rallier faute de quoi elles prendraient la responsabilité de bloquer les projets de loi du gouvernement ? Il espère du renfort du côté des LR et du RN…

 

C’est parce que les Français m’ont accordé leur confiance, dit-il, que j’ai confirmé Elisabeth Borne comme première ministre…C’est le côté “attrape-couillon” de la Vè République qui a fait son temps.

Il n’est pas là pour changer de politique et sortir des dogmes libéraux pour faire face aux enjeux sociaux et climatiques, aux crises multiples qui se superposent et en premier à la situation de guerre en Ukraine dont il prévoit qu’elle va durer et “qu’il faut nous préparer à nous passer du gaz russe et entrer collectivement dans une logique de sobriété…

 

Une autre façon de ne pas dire que nous allons en baver -sauf les classes dirigeantes- et que Zorro est là “pour ne pas augmenter les impôts, ni la dette tout en créant de nouvelles richesses…” Il nous promet même “de faire baisser le prix de l’électricité, de réformer le marché européen.” Maintenant qu’il ne préside plus l’UE, il peut en faire des promesses. Dommage qu’il n’ait rien entrepris pendant sa présidence.

 

En revanche, il a laissé l’Europe entre les mains de l’OTAN qui s’y substitue allégrement et, sous prétexte de soutenir l’Ukraine et d’isoler la Russie, politiquement et économiquement, privilégie l’armement lourd, la formation et l’assistance militaire assurée par l’OTAN, nous laissant croire que l’on va plus vite faire cesser la guerre, certes initiée par la Russie sur le terrain mais dont tout le monde -ou presque- sait, malgré le pilonnage médiatique à sens unique, que des engagements occidentaux n’ont pas été tenus et qu’on assiste à une guerre sous la tutelle américaine, entre deux impérialismes pour affirmer leur domination réciproque.

 

L’escalade militaire en cours nous éloigne d’une solution diplomatique et nous fait craindre le pire. Les conséquences en sont d’ores et déjà considérables pour les peuples du monde, même si tout ne peut être mis au compte de cette guerre au coeur de l’Europe.

 

Les crises économiques n’ont pas attendu le 24 février 2022 pour se manifester par des gestions privilégiant la sécurité des grands intérêts privés, une très faible minorité, et aggravant l’insécurité sociale de toutes les autres classes, à des degrés divers. Y compris dans les pays les plus développés.

 

C’est ce que nous prépare E.Macron quand il nous promet  “de tout faire en faveur du plein-emploi…”Il prévoit, dès la fin de l’été “une réforme du marché du travail…” On sait ce que ça veut dire : réduire le nombre et le montant des dépenses de RSA en augmentant le nombre d’heures de travail obligatoires par semaine, sous-entendu il y a trop de protections et de dépenses sociales, d’abus sociaux : insultant pour tous les chômeurs pointés du doigt qui ne chercheraient pas de travail ?!

 

Venant de l’ancien ministre de l’économie qui se glorifie d’avoir, en 2015, favorisé l’implantation d’Uber dans notre pays on n’attendait pas de résistance ni de mea culpa il en était le porte-parole auprès d’un gouvernement très bienvaillant. Uber, effectivement, accélère la dérégulation de notre code du travail au détriment des salariés qu’il ne veut pas reconnaître pour mieux engranger les profits. C’est toujours l’objectif de Macron, qui s’en félicite avec une morgue sans pareille.

 

Il nous parle de pouvoir d’achat et de ses bonnes intentions, sans toucher au SMIC et encore moins aux salaires, l’exemple de ceux de la fonction publique le démontre, loin de rattraper plus de 10 ans de stagnation, ils restent au plus bas en Europe. Comme il sait très bien que ceux de certaines branches du privé sont en-dessous du SMIC ! Il se garde bien de piocher dans les profits des 500 plus grandes fortunes françaises qui ont atteint les 1 000 milliards d’euros, en hausse de 5% en un an !

 

Mis en minorité à l’assemblée nationle sur le projet de loi concernant “les mesures face au covid” il a en travers de la gorge de ne pouvoir rétablir le passe santitaire aux frontières et d’envisager la réintégration des soignants non vaccinés dans des hôpitaux en manque cruel de personnels. Là encore il promet de “consulter les autorités scientifiques et éthiques“…pas les syndicats et les personnels, tout un programme !

 

Il a du mal à admettre qu’il n’a plus de majorité pour appliquer ses décisions, il se force en évoquant les “compromis” tout en n’ayant qu’un seul but : appliquer son programme. Il peut toujours tendre la main, la NUPES et les partis qui la composent ne sont pas concernés. Il va s’en apercevoir lorsque le texte sur le pouvoir d’achat dont l’examen a commencé en commission des affaires sociales, arrivera au vote.

 

On a déjà constaté qu’aucun des députés macronistes, LR et RN n’a voté la motion de censure déposée par la NUPES. Cela confirme qu’il n’y a qu’une véritable opposition, les deux autres n’ont que des divergences sur la manière de gérer le libéralisme !

 

On pourra également mesurer le positionnement des “oppositions” de droite (LR et RN) qui seront bientôt face à un vote de classe : salariés.es contre possédants.

 

Comme l’écrit l’économiste communiste Frédéric Boccara, cette situation exige de changer dès maintenant de politique pour une baisse et une élévation sélective des taux d’intérêt des banques centrales, en lien avec les exigences de salaire, d’emploi, de services publics, de formation, de nouvelle industrialisation écologique et sociale, que nous pouvons aider à faire monter dans les luttes et depuis le terrain.  (1)

 

La montée des luttes sociales et sociétales, les réponses aux enjeux climatiques, la culture de paix ne viendront que des mouvements populaires, pas des représentants de l’ordre libéral.

 

 

René Fredon

 

 

(1) https://fdgpierrebe.over-blog.com/2022/07/la-remontee-des-taux-d-interet-causes-effets-et-alternatives-par-frederic-boccara.html

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