Energies : l’hiver sera rude. Le nucléaire incontournable
La sécheresse généralisée dans le monde et ses multiples conséquences humaines dont le manque
d’eau, s’avèrent d’ores et déjà dramatiques. La guerre en Ukraine n’arrange pas les choses,
accentuant les pénuries alimentaires et énergétiques en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient
notamment.


En France des milliers de communes et d’exploitations agricoles font, depuis plusieurs semaines, le
constat irréversible du manque d’eau pour l’arrosage des cultures mais aussi pour l’usage quotidien
des familles qui voient l’eau courante se raréfier au point qu’on se demande si, “au rythme actuel
nous pourrons bientôt ouvrir nos robinets sans qu’une goutte en sorte…”comme le craint la maire de
La Bresse dans les Vosges.
Il en est de même en Provence littorale et intérieure, où des centaines de communes sont alimentées
en eau par camions citernes comme l’ont constaté sur place le ministre de l’agriculture et celui de la
transition écologique le 5 août dernier, avec cette phrase alarmiste : “il va falloir s’habituer compte
tenu du réchauffement climatique à des épisodes de ce type…”
La question est à renvoyer au gouvernement pour qu’il contribue concrètement à réduire nos
émissions de GES pas par des déclarations de circonstances mais par des investissements publics et
privés d’avenir modifiant notre manière de produire et de consommer. Tout en réduisant les
inégalités sociales. Il n’est pas sur cette voie, c’est le moins qu’on puisse dire.
La “guerre de l’eau” sera-t-elle déclarée ?

C’est ce qu’avancent deux journalistes progressistes, Maxime Combes sur twitter et Michaël Corréia
sur Mediapart, prenant l’exemple du vol de 400m3 dans un bassin de rétention d’Ardèche alors que
tout l’hexagone est en “vigilance-sécheresse” depuis trois mois et que le gaspillage de l’eau
continue notamment à travers des usages connus qui se développent chez de gros consommateurs
publics et privés pour l’arrosage, le lavage de voitures, les piscines, les pelouses, les jacuzzis, les
yachts et j’en oublie…


Chacun est aussi en mesure de réduire sa consommation d’eau dont la rareté va aussi faire monter
son prix, ce qui aura de l’incidence sur notre pouvoir d’achat. Bien entendu l’eau est un élément
fondamental de notre indépendance énergétique.
Les réserves des barrages hydroélectriques sont très préoccupantes, notamment en France où
l’électricité qu’ils produisent assure la compensation des pics de consommation en automne et en
hiver. Le directeur de la Compagnie nationale du Rhône (2è producteur français d’hydroélectricité)
et du barrage de Pierre Bénite estime le déficit à plus de 30% à la fin juillet 2022. Difficile de
prévoir la pluviosité à plus long terme. La tendance du changement climatique n’incite pas à
l’optimisme.
Souveraineté énergétique : pas sans le nucléaire
La transition écologique a pour objectif de substituer partout aux énergies fossiles les sources non
carbonées, ce qui est presqu’atteint en France, grâce à l’énergie nucléaire qui assure plus de 70% de
notre production. Les centrales thermiques 11,8%, puis les énergies renouvelables également
décarbonées produisent 17% et sont en plein dévloppement.
Il n’en reste pas moins que dans le monde l’électricité provient globalement à 62% du charbon et du

gaz très carbonés ! C’est dire le chemin qui reste à faire.
Contrairement à des positionnements définitifs excluant le nucléaire au prétexte de sa dangerosité,
il s’agit de rendre complémentaires toutes les énergies renouvelables dont fait partie le nucléaire, à
la fois parce que, comme les centrales hydroélectriques, il n’émet pas de GES, si ce n’est marginal et
parce qu’il assure toujours l’essentiel de notre consommation d’électricité, la moins chère jusqu’à ces
dernières années et de plus, son utilisation est pilotable en permanence. Malgré l’état de notre parc :
56 centrales beaucoup trop négligées, la moitié est à l’arrêt.


Rappelons qu’à Fukushima, ce n’est pas la centrale nucléaire qui est la cause du Tsunami mais le
contraire. Les quelques vingt mille morts relèvent du tsunami, nuance. Il n’y a pas d’industrie à
“risque zéro”. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a rien à craindre en matière de sécurité, loin de là.
Le nucléaire a été confirmé dans la taxonomie européenne, début juillet, ainsi que le gaz, ce qui est
discutable pour ce dernier issu des énergies fossiles, encore nécessaire aux éoliennes alternatives ?
Ce qui n’est pas un moindre paradoxe.
Ce sujet d’importance ne fait pas l’unanimité dans la NUPES où seul le PCF propose un mix
énergétique avec le nucléaire qui a permis à la France de disposer d’une véritable souveraineté
énergétique depuis l’après-guerre. Et ce n’est vraiment pas le moment de s’en passer tout en
valorisant d’autres sources d’énergies non fossiles.


L’actualité, faite de beaucoup d’inconnues et d’insécurité énergétique, nous conduisant à
rouvrir…une mine de charbon à Saint-Avold dans les Vosges ??
Ce positionnement du PCF ne date pas d’aujourd’hui mais de l’influence qu’il exerçait dans la
Résistance comme à la Libération pour répondre aux aspirations populaires : la sécu par exemple, la
nationalisation de grandes entreprises (à commencer par les collaboratrices avec le nazisme), la
recherche publique avec la création du CEA, du CNRS notamment qui firent de notre pays un
pionnier de l’innovation, de la réindustrialisation et des avancées progressistes qui nous valurent
“les trente glorieuses”…


La transition écologique a besoin du nucléaire
Pour l’illustrer, je vous renvoie au Monde Diplomatique de ce mois qui consacre la “une” et deux
pages au revirement d’écologistes de Californie qui, devant les catastrophes qu’ils vivent depuis des
mois face au réchauffement climatique et à ses conséquences dramatiques, ont acquis la conviction
qu’il leur fallait sortir de leurs certitudes au point de reconsidérer la question du nucléaire pour
sauver la planète. Non pas à lui tout seul mais parmi les outils dont nous disposons.
D’autres en Allemagne, y compris au gouvernement, s’interrogent aujourd’hui sur la décision d’en
finir avec le nucléaire prise il y a plus de dix ans. Ce qui a conduit en 2 021 à produire 43,8%
d’électricité issue des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole), 40,5% de renouvelables et 11,8% de
nucléaire promis à la disparition en 2022. Résultat, l’Allemagne est très dépendante du gaz russe et
du pétrole, plus encore depuis la guerre en Ukraine et aux mesures sensées punir la Russie ?
En France, le gouvernement vient tout récemment de réviser une tendance au recul du nucléaire et
de promettre la construction de six nouveaux réacteurs pour pallier l’état d’une moitié des centrales à
l’arrêt ! Ce qui sonne comme un aveu de négligence pour ne pas dire de volonté de laisser nos
centrales péricliter avant de disparaître.
On assiste à une joute cynique entre le gouvernement et EDF gestionnaire public du parc nucléaire  pour savoir qui porte la responsabilité des déficits cumulés, EDF étant sommée par l’Etat de vendre
l’électricité aux distributeurs privés moins chère qu’elle ne lui coûte ? Sans parler des dépassements
gigantesques du coût des centrales en cours
Une “révolte” bien tardive alors qu’un trou vertigineux s’est creusé et qu’il faut faire face aux
investissements. La CGT propose notamment de limiter la hausse des prix de l’électricité et
d’abaisser la TVA à 5,5% contre 20 aujourd’hui. Elle plaide pour “une exception française, comme
pour l’Espagne et le Portugal pour déroger aux règles du marché européen“.
Dans le monde, on assiste à un important virage vers le nucléaire civil pour accélérer la transition
vers des sources décarbonnées pour la production de l’électricité. 57 centrales sont en construction
dont 16 en Chine. En Inde, en Russie, en Turquie, au Japon…des réacteurs nucléaires sont en
construction. Le cercle des 33 pays disposant de centrales nucléaire est en train de s’élargir à grande
vitesse

https://www.kkg.ch/fr/i/energie-nucleaire-une-implantation-tout-autour-de-la-planete-_content—1–
1242.html


En guise de conclusion provisoire, disons que si tous les pays les plus développés, donnaient
l’exemple d’une volonté politique de réduire les pollutions de toutes natures émises par leurs
économies les plus productivistes, nous n’en serions pas là. A constater que la vie sur terre de toutes
les espèces vivantes se dégrade et que ça profite à quelques-uns !
A commencer par les plus “riches” qui sont aussi les plus pollueurs et accroissent les inégalités
sociales entretenues par les classes dominantes. Elles promeuvent le consumérisme le plus sélectif,
le plus débridé comme le plus addictif, pourvu que ça leur rapporte !
Raison de plus pour être à l’offensive et résister aux appétits égoïstes de ceux qui veulent nous
diviser.

Le cancer ce n’est pas le nucléaire civil, c’est le capitalisme.

René Fredon

Energies : l’hiver sera rude. Le nucléaire incontournable