Macron : la petite phrase qui en dit long…

 Depuis que le chef de l’Etat a utilité le mot “abondance” pour lancer à la cantonnade qu’il va falloir y renoncer compte tenu des mauvaises nouvelles qui s’amoncellent, il a soulevé une montagne d’indignation en mettant tout le monde au même niveau de pouvoir d’achat !

Il a pourtant fait de longues études, il connaît le sens des mots et des formules qu’il utilise pour nous dire ce qu’il pense de la situation et comment il compte y faire face. Mais là, c’est tellement gros de prendre tous les Français.es comme s’ils étaient également frappés par les pénuries en cours et l’inflation qui galoppe ? Et l’on n’est qu’au début d’une récession mondiale en plein développement. La droite attise les peurs et tente de nous associer à l’austérité renforcée, son seul cap depuis 40 ans !

 

Macron sait fort bien que toutes les catégories sociales n’ont pas le même niveau de vie pour amortir le choc d’une crise profonde annoncée, multiple et durable. L’Etat “aiderait” les plus fragiles mais seulement jusqu’en 2022. Après il leur faudrait renoncer à “l’abondance”, selon B. Le Maire.

 

Quelle abondance et pour qui ? Elle ne concerne pas l’immense majorité des Français dont des millions sont déjà sous le seuil de pauvreté, d’autres à la limite et d’autres encore qui se croyaient à l’abri, plus ou moins endettés qui craignent de basculer dans la précarité.

A aucun moment il ne nous parle des indices du CAC40 et des dividendes à la hausse, trimestre après trimestre, de la masse des profits entre les mains d’une minorité très riche, à la tête des entreprises, des banques et des institutions. Les mêmes se font des patrimoines hautement protégés par les lois…de la République. Ils les tranmettront à leurs héritiers qui n’auront aucun mérite de se trouver en situation privilégiée et ainsi de générations en générations. La nuit du 4 août 1789 avait mis fin aux privilèges féodaux de l’époque pour un temps très court. Plus de deux cents ans plus tard, tout est à recommencer.

 

A gauche, la NUPES et les partis qui la composent ont immédiatement réagi à ce qui relève d’un mépris de classe. Macron travaille au recyclage du néo-libéralisme à l’origine de ses propres crises bien antérieures à la crise sanitaire et à la guerre russe en Ukraine. Un libéralisme qui nous vaut la mise à sac de la planète pour en extraire jusqu’à la moelle la substance carbonée transformée en pollutions de l’air, de l’eau, de nos aliments…pollutions portées à un niveau qui modifie profondément le climat.

 

L’été des canicules, des sécheresses, des catastrophes agricoles, de la fonte des glaciers, des incendies et des inondations en est l’illustration. La France est loin d’être parée pour y faire face.

Avec des conséquences possiblement irréversibles si les intérêts privés continuent de passer avant l’intérêt général. Il ne sera pas suffisant de compter sur les bonnes volontés et initiatives individuelles et locales -qu’il ne s’agit pas de critiquer mais d’amplifier- il importe de prendre la mesure de l’ordre de grandeur des changements à opérer, de nos modes de production et de consommation aux échelles nationales et internationales. En principe et avec nos impôts, les Etats sont chargés d’orienter les choix en fonction du seul intérêt général et en proportion avec les objectifs fixés qu’il ne suffit pas de rappeler mais de respecter. “Les bonnes intentions l’enfer en est pavé “.

 

Encore faudrait-il pouvoir faire entendre la voix de celles et ceux qui, dans les villes et les campagnes, arrivent de moins en moins à équilibrer leur budget. Ils ne veulent plus être les dindons de la farce. Le 22 juillet, le nouveau parlement a rejeté de justesse (96 voix pour et 114 contre) la taxation des super-profits !!! Vote confirmé par le sénat avec beaucoup d’absents à droite dans les deux assemblées.

La peur de la colère sociale

 Dans la coalition gouvernementale des voix discrètes émettent des réserves sur le risque de mouvements sociaux déterminés (le syndrome des Gilets jaunes), exigeant des hausses de salaires, retraites et aides sociales indexées sur l’inflation ainsi que le besoin de services publics renforcés et attractifs alors qu’on assiste à l’inverse, réduction des dépenses publiques oblige !

Ainsi Bayrou s’est fendu d’une déclaration sur “la crise la plus grave depuis la guerre” et, comme son maître, nous prépare “à un immense effort national” comme si les crises nous tombaient dessus sans que les gouvernements y soient pour quelque chose. Faites confiance au président, “il n’éludera aucune des questions cruciales de notre avenir” ! mais il n’en fera qu’à sa tête et toujours dans le même sens : privilégier les intérêts privés et faire payer les autres !

 C’est bien cela la méthode Macron : “posez-lui des questions, il vous répondra” ?! Et il fera ce qu’il a décidé de faire, il vous dira qu’il a été élu pour ça. Oui, mais élu par défaut en se présentant comme le barrage au RN qui n’a cessé de progresser depuis vingt ans en exploitant démagogiquement les reculs sociaux ! Au parlement il devient la béquille de Macron. Au point que le père-fondateur JMLP demande aux députés RN d’être plus visibles et plus critiques du pouvoir!

 

Un pouvoir qui incarnerait la “démocratie représentative” donc qui légitime les élus, certes au suffrage universel, tout en provoquant l’abstention d’une majorité de citoyens et en ignorant les bulletins blancs comme suffrages exprimés.

Le seul moyen de se faire entendre, c’est de remplir les rues et les places les 22 et 29 septembre, pour la santé le 22 et les salaires et le pouvoir d’achat le 29.

Car il n’y a pas de débat possible dans notre “démocratie”, pas même de référendum pour s’en remettre à l’opinion publique sur tel ou tel sujet sensible d’envergure nationale. Rien ne les interdit au plan local mais ils restent très limités.

 

Macron et ses séides savent ce qu’ils font en présentant la situation comme un mauvais moment à passer, détaché de toute cause politique ils veulent se faire passer pour des protecteurs surlesquels on peut compter…si l’on perd de vue les véritables enjeux, économiques, climatiques, politiques…et le sens des mots.

 

Un monde de plus en plus instable

 Telle est l’impression qui domine et qui n’a rien de rassurant. Doit-on s’y résigner ?  Faire le dos rond pour s’y adapter et laisser passer l’orage, accepter les reculs sociaux et renoncer aux urgences climatiques ? Ce serait faire un cadeau au libéralisme, à ses adeptes directement intéressés par son mode de gestion et lui laisser poursuivre le même cap : “touchez pas au grisbi, c’est sacré “!

Pour avoir suivi l’université d’été du PCF j’ai trouvé très rafraichissant le discours de Fabien Roussel. Vous n’en serez pas surpris. Je vous en livre quelques extraits :

« Les discours de peur et d’angoisse, je les laisse à ceux qui veulent nous terroriser pour nous faire tairedans les années qui viennent nous pouvons endiguer le dérèglement climatique en changeant de système. Soyons combatifs et porteurs d’espoir ! C’est une révolution qu’il faut entreprendre ! Le communisme n’a jamais été autant d’actualité, il s’agit de mettre en commun toutes les énergies, les intelligences, les richesses pour répondre aux enjeux de notre temps ».

Il faudra produire plus d’énergie, plus d’alimentation, pour répondre aux besoins humains …et donc « taper” dans le capital  pour financer la transition finies l’abondance et l’insouciance du CAC 40 ! L’argent on va le prendre là où il est !…”

 

Il a évidemment placé la rentrée sous le signe de la mobilisation aux journées de grève, fin septembre.

C’est toute la gauche qui soutient et appelle à passer aux actes.

Elle entend amplifier le mouvement pour construire une alternative politique en même temps que faire céder le gouvernement sur la taxation des superprofits partie intégrante de l’action pour garantir le pouvoir d’achat du monde du travail, des jeunes, des retraités, de tous les petits revenus très loin de s’être un jour trouvés…dans l’abondance !

 

 

René Fredon

 

Macron : la petite phrase qui en dit long…