Rentrée sous le signe de reculs insoutenables
A Toulon le Pont-du-Las défend son collège
De la guerre en Ukraine qui n’en finit pas d’ajouter des dizaines de milliers de morts aux pénuries, à l’explosion des prix des énergies et des aliments de base, aux effets des catastrophes climatiques de plus en plus visibles qui prennent de vitesse les bonnes intentions et les mesures “d’urgence” au détriment des peuples mais pas des marchands, le monde s’enfonce dans la hantise du lendemain.
Les pays occidentaux dits “développés” n’y échappent pas et se présentent en victimes de La Russie et de la Chine tout en encerclant la première de bases de l’OTAN et en volant au secours des descendants des vaincus chinois de la guerre civile, installés à Taïwan (ex-Formose) qu’ils ont décidé de détacher de la Chine !
Les incidences économiques, sociales et environnementales touchent tous les pays et plus encore les plus pauvres sur tous les continents.
En France cela se traduit, pour les gestionnaires d’un capitalisme rattrapé par ses démons, l’argent, toujours plus d’argent…pour quelques-uns, les restrictions et l’inflation pour tous les autres ! C’est dans ce contexte que Macron décrète très sérieusement “la fin de l’abondance et l’exigence de sobriété”.
Nous en avons parlé. Ce discours ne passe pas, très majoritairement, les colères populaires ont des fondements solides : il se moque “des gens de peu «qu’il tient pour moins que rien. Il leur reproche de préférer les allocations-chômage à la recherche d’un emploi ! Allocations qu’ils ont décidé de baisser, après avoir humilié les bénéficiaires.
Il préfère nettement les milliardaires mais aussi les boursicoteurs rêvant d’atteindre le nirvana de “l’élite «qui se prend pour le modèle d’une société où, selon l’ancien directeur de la banque d’affaires Rothschild, réussissent les plus doués, les plus ambitieux et les bosseurs. Ajoutons-y les parvenus bien nés et les politiciens qui roulent pour eux tout en se réclamant “des valeurs de la République”. Même l’extrême-droite s’y réfère, comme on l’a vu avant et pendant la seconde guerre mondiale…drôle de “patriotes” ?
Il met en place un CNR (comité national de la refondation) s’accaparant le sigle du programme de la Résistance pour mieux contourner les assemblées élues et éviter un référendum d’initiative citoyenne défendu par la NUPES et les partis de gauche qui la composent. Ne serait-ce que sur la taxation des superprofits.
Un contexte international des plus préoccupant où les capitalismes se disputent la domination du marché mondial. Ce qui rend très agressifs le leader US et ses supplétifs ainsi que le nouveau tsar russe.
Le Pont-du-Las se mobilise
A Toulon, ce n’est pas la Révolution mais une illustration de la résistance populaire à une décision de la majorité municipale autour de Falco, son maire devenu partenaire de Macron après le fiasco des LR qui a fait les affaires du RN.
Parents d’élèves et enseignants du collège Georges Sand, à côté de l’église du Pont-du-Las, apprennent avant les vacances qu’il va fermer ! Plus de 300 élèves vont ainsi être ventilés dans d’autres collèges dont le conseil départemental a la responsabilité. Ce qui permettrait à la ville de récupérer “son” bâtiment pour soulager les écoles primaires et maternelles qui, elles, dépendent de la commune.
La 1ère adjointe confirme que la décision est prise et que le conseil départemental est d’accord pour que la commune en reprenne la gestion. Aucune information ni concertation avec les intéressés : les familles et les enseignants !
Mais ça n’a pas tardé, un comité de défense a été rapidement formé, animé par le syndicat FO du second degré regroupant enseignants et familles qui considèrent cette fermeture comme irrecevable car préjudiciable aux collégiens.es de ce quartier très populaire dans une ville en développement démographique comme on peut le constater par le nombre de chantiers de logements en cours…principalement en copropriété.
Ce vendredi le maire présidait l’inauguration des travaux de la place Martin Bidouré qui abrite le traditionnel et populaire marché sous ses platanes avec l’église à son extrémité. Les bancs avaient dû traverser l’avenue du XVe Corps, à l’arrière du monument aux morts pour que des travaux de rénovation soient faits qui ont pris plus d’un an.
Parents et enseignants en avaient profité pour être présents et interroger directement le maire sur cette décision. Ils étaient une cinquantaine, plus nombreux que les curieux. Mr.Falco a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et accepter d’être interpellé avant de prononcer son discours fortement improvisé.
Il a promis de revoir le dossier dans le détail ainsi que de vérifier, auprès de l’inspection académique, la réalité des chiffres avancés d’élèves dans le primaire et dans les collèges alentour. Tout en affirmant que cette intention de fermeture avait été prise collectivement et ne procédait que de la recherche de l’intérêt général.
Sauf qu’à Toulon, cela a été rappelé, la sectorisation en maternelle et primaire, est tout ce qu’il y a de plus dérogatoire. On choisit plutôt son école qu’on ne respecte de fréquenter celle de son quartier ! Il y a des fréquentations que certaines familles veulent éviter…suivez mon regard ! Elles trouvent chez les élus de droite des oreilles très compréhensives. Plus encore à l’extrême-droite.
Les sept écoles privées catholiques n’ont jamais été aussi pleines à Toulon. Au point qu’à la rentrée dernière le directeur de l’externat Bon accueil pouvait déclarer : “Il peut y avoir des contournements de cartes scolaires. Beaucoup de parents veulent inscrire leurs enfants en 6e pour éviter le collège de secteur…“
La bonne réputation des écoles privées peut coûter 200 euros par mois et par élève, les classes dépasser les 30 élèves, la politique municipale fait tout pour cela. Vive la laïcité à la Falco qui avait invité le prêtre à prendre la parole sur le parvis de l’église…en tant que citoyen bien sûr.
S’il fermait le collège à qui cela profiterait-il, à votre avis ? Que ne ferait-on pas pour être dans une école de “bonne réputation” ? Comme dit Falco : “chacun est libre et la municipalité est pour la liberté ?” Celle qui divise ! Il ne s’agit pas d’anticléricalisme mais de respect de la laïcité qui n’entend privilégier aucune religion tout en les respectant toutes.
Au conseil municipal de février dernier, l’opposition de gauche s’est vivement opposée aux aides publiques accordées aux écoles privées qui manqueront aux écoles publiques et singulièrement au financement de l’association toulonnaise des écoles privées pour un montant de 47 500 euros ?
Devinez qui est venu au secours de Falco ? Le RN bien entendu, ce qui n’empêche pas le maire de se prétendre un rempart à l’extrême-droite, “combat de toute ma vie” dit-il.
Qui donc régnait sur Toulon en 1995 sinon le parti de Falco. Certes il a repris la ville après les scandales et les divisions de la gestion du FN, comme l’UMP l’avait perdu six ans plus tôt, du temps d’Arreckx dont il était le vice-président au conseil général d’alors. Et qui donc règne toujours sur le département depuis 1985 ? Falco en fut le président de 1994 à 2002 et resta le chef des LR jusqu’en 2021. Il glissa naturellement vers Macron.
Son bilan : la perte de sept des huit députés du Var au profit du…RN qui a largement profité de son “efficacité” et siphonné les mécontents de ses politiques austéritaires et de ses investissements publics au profit exclusif des intérêts privés. Dans la santé et l’aménagement du port par exemple.
Merci monsieur Falco qui va affronter, avec votre successeur, le tribunal de Marseille pour détournements présumés de fonds publics relatifs à quelques privilèges obtenus du conseil départemental après votre départ.
Puissent l’ensemble des quartiers de Toulon se mobiliser avec le comité de soutien du Pont-du-Las pour que son collège depuis 70 ans ne soit pas effacé de la carte scolaire.
René Fredon