Les colères montent en puissance
La marche contre la vie chère et l’inaction climatique du 16 octobre initiée par la NUPES a ouvert une semaine d’action syndicale qui pourrait bien isoler un peu plus un pouvoir fissuré au service des géants du pétrole, du luxe, de l’armement et du BTP notamment.
Les pénuries et l’explosion des prix, déjà là, générent des colères populaires qui prennent conscience que les milliards de profits affichés que quelques-uns empochent sonnent comme une provocation face aux privations imposées aux plus pauvres ainsi qu’à toutes les couches sociales qui voient fondre leur pouvoir d’achat.
Sauf les très hauts salaires et revenus qui prospèrent. Ils appuient sur la sonnette d’alarme à la pensée de voir le mouvement social atteindre une ampleur telle qu’il ne sera plus possible aux grands patrons de résister et au pouvoir de les suivre. Ils n’auront pas d’autre choix que de prendre en compte les légitimes revendications populaires de nature à retrouver un pouvoir d’achat en train de fondre comme neige au soleil.
C’est de nécessité et de dignité qu’il s’agit. Macron ne lâchera que si la grève et les mobilisations sociales atteignent un niveau qu’il ne pourra contester ni mépriser, ses tentatives de diviser et d’opposer grévistes et non-grévistes ayant fait long-feu. Certains l’ont déjà compris dans son propre camp. Les réquisitions dans les entreprises ne font qu’exacerber la colère des salariés.es qui voient contester le droit de grève et rétrécir le droit du travail, ce que condamne l’OIT (organisation internationale du travail)
Macron n’a rien trouvé de mieux que de vouloir réduire encore l’allocation-chômage et d’augmenter la durée du travail et des cotisations pour imposer une retraite moindre !
C’est de “la maltraitance institutionnelle” estime le jeune journaliste indépendant, Vincent Edin sur le blog d’un organisme de formation professionnelle sur la finance durable (1). Il conforte à sa manière les arguments des syndicats en lutte (CGT, FO, FSU, Sud Solidaires…) et leurs propositions d’augmenter le SMIC, les salaires et retraites pour, au moins, préserver leur pouvoir d’achat.
De même que sur la 5, dimanche 16, dans “C politique” un jeune prêtre jésuite aux idées de gauche, Gaël Giraud, directeur de recherches au CNRS en économie mathématique, est intervenu dans le sens d’un autre invité, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT qui justifiait les revendications salariales des grévistes des raffineries que Macron accuse de perturber le pays et d’aggraver les difficultés des Français ?!
Comme si c’étaient les exploités qui créaient l’inflation et les bas salaires et les pauvres exploitateurs qui subissaient la colère de ceux qui travaillent et qui créent leurs profits !
Le prêtre de gauche et économiste a illustré sa pensée dans le livre qu’il vient de sortir : “Composer un monde en commun” dans le même temps où “Macron est l’archétype de l’enfant-roi qui va mettre en oeuvre le projet implicite de privatisation du monde.” Il n’hésite pas à qualifier “d’idéologie mortelle” le fait de “vouloir transformer la vie en capital, c’est à dire une ressource destinée à rapporter des revenus futurs à son propriétaire.” (2)
Il n’est pas pour autant marxiste, il est en mission religieuse pour transmettre sa foi “qui se résume à notre devise républicaine de liberté, égalité, fraternité”. Il diverge profondément sur la direction prise par l’économie libérale, au capitalisme qu’il cherche à remettre dans le droit chemin de sa foi telle qu’il la vit. On peut en débattre mais il assume ses paroles et ses actes.
D’où son soutien explicité aux luttes sociales en cours qui visent à réduire les effets d’une politique très libérale au service des très riches et qui ignore l’approfondissement de la misère et les inégalités mais pas les privilégiés.
C’est au nom de “l’ordre et de la sécurité publiques menacés par la grève dans les raffineries” que les préfets ont été autorisés à réquisitionner les salariés…au mépris du droit de grève ainsi foulé aux pieds ! Ils comptent si peu pour nos élites. Le PDG de Total s’est octroyé une augmentation de son seul salaire de…52%, à 5,9 millions par an et il ne veut pas partager ses profits exceptionnels avec les salariés qui les ont produits, estimant qu’ils ne sont pas à plaindre et avançant des salaires fantaisistes. Le mépris à tous les instants.
Leur but, comme toujours, isoler les grévistes et les opposer aux autres qui, pour une grande part les soutient, une autre leur reproche les perturbations éventuelles de leur quotidien, par individualisme et/ou idéologie. Les hypocrites trouvant justes leurs revendications mais pas leurs méthodes ! Comme si on faisait grève pour le plaisir de ne pas être payé, parfois pendant des semaines alors qu’on agit dans l’intérêt de tous les salariés pour accroître le pouvoir d’achat de tous.
La montée en puissance est visible avec cette première journée de mobilisations syndicales même si elle n’a pas atteint le seuil au delà duquel grand patronat et pouvoir politique étroitement unis n’auront pas d’autre choix de que de négocier sur des bases réalistes tenant compte de l’avis des syndicats. Ce n’est pas vrai que pour la France dont le gouvernement s’est encore vu condamné pour inaction climatique : décidément le pouvoir est dépassé par les évènements et s’agite dans tous les sens, surtout dans le mauvais !
Si l’augmentation du pouvoir d’achat est bien le centre de la mobilisation en cours qui se dessine parce qu’il y a urgence absolue pour des millions de familles, la perspective progressiste, sociale et écologique est bien la réponse politique qui redonnera espoir au peuple, face à l’échec du matraquage libéral et au danger d’extrême-droite très présent.
René Fredon
Dernière heure :
A l’initiative du PCF, Suite à la mobilisation du 30 septembre devant la préfecture, 10 familles seynoises sont toujours menacées d’expulsion, un nouveau rassemblement est prévu ce mercredi 19 octobre à 10h devant le siège de THM, avenue Franklin Roosevelt à Toulon.
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