Justice est faite : Falco et Giraud lourdement condamnés
Dans l’affaire du “frigo de Falco” le jugement du tribunal correctionnel de Marseille du 14 avril 2023 a confirmé le lourd réquisitoire du procureur de la République, Mathieu Vernaudon prononcé la veille.
Pour Falco, 5 ans d’inégibilité avec perte provisoire de ses mandats, 3 ans de prison avec sursis et confiscation de 55 000 euros.
Pour Giraud, déjà condamné et qui avait démissionné de son mandat, 5 ans d’inéligibilité, 2 ans de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende.
Eclipsée par le feu vert du conseil constitutionnel donné à la loi sans vote sur les retraites qui tombait à la même heure, la condamnation de Falco n’en a pas moins secoué Toulon et le Var ainsi que, bien entendu, les partis politiques de tous bords ayant à affronter, du jour au lendemain, une nouvelle séquence sans le leader -qui cultivait sa réputation de “bâtisseur”- d’une droite déjà très divisée.
Certes Falco va faire appel de la décision, tombant de haut malgré les soutiens de Muselier, Estrosi, Rufo, Boudjellal, Bonus…après avoir mal digéré que sa ligne de défense, “un complot politique de ses ennemis”, ses témoins, les documents à charge et ses contacts en haut lieu…l’ont plutôt desservi que crédibilisé.
Il prétendait que le vote de ses électeurs lui ayant donné le pouvoir, valait mieux que les dires du personnel du conseil départemental qui lui avaient fait un procès pour une pécadille à ses yeux, à savoir, la prise en charge de ses frais de bouche, 24 h sur 24 et de son entretien, aux frais des contribuables.
Longtemps le procès du “frigo de Falco” a fait plutôt sourire qu’indigner un certain nombre de Toulonnais.es qui y voyaient un conflit interne au département entre des agents et leur direction ancienne et présente. Car si Falco avait été président du Conseil général, succédant à Arreckx- rattrapé par la justice- dont ‘il était 1er vice-président, il n’appartenait plus à l’institution.
Ce qui ne veut pas dire que le président aurait été dans la légalité pour de tels faits. Giraud a bêtement dit à l’audience qu’il ne savait pas que c’était illégal ? Que faisait-il à ce poste ? Il n’était pas vraiment le “patron” et couvrait ainsi des pratiques qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général que ces élus sont sensés servir.
Le scandale est d’autant plus flagrant que ces dépenses indues à la charge des contribuables servaient directement les intérêts personnels de Falco alors qu’il émarge au budget de la commune de Toulon et à celui de TPM, indemnités substantielles auxquellles s’ajoutent les retraites de ministre, député, sénateur…Pas vraiment un nécessiteux.
“Il a bafoué son devoir d’exemplarité” a justement relevé le tribunal correctionnel de Marseille. Sa présidente a appuyé sur ce qui fait mal :”les faits, par leur petitesse témoignent d’un manque de respect évident des institutions et montrent que le conseil départemental restait votre territoire…”
Pour celui qui fut l’homme fort du Var pendant plus de trente ans, la perte des droits civiques est dure à entendre. Comme l’a été la révélation des écoutes concernant les démarches entreprises auprès de ministres pour essayer d’échapper à la réalité. Il y a bien eu détournement de fonds publics.
Le nouveau président du conseil départemental, Masson, a fait preuve d’un silence assourdissant sur le préjudice subi par le département et sur les pratiques qui y régnaient et dont il était solidaire. Qui ne dit mot consent ?
On peut aussi se demander si le sursis ne représente pas, à ce niveau de culpabilité, une faveur que ne connaissent pas de petits délinquants pris la main dans le sac ou sur l’étal pour simplement survivre pour certains.
Le fait d’avoir quitté LR à la veille des présidentielles avait valu à Falco pas mal de reproches et d’inimitié dans son propre camp qui a fort à faire par les temps qui courent.
La statue déboulonnée, reste à savoir si demain Toulon et le Var continueront d’être “pilotés” au profit des mêmes intérêts privés d’un pouvoir et d’élus nationaux et locaux liés au système capitaliste dont nous subissons les crises profondes qui s’intensifient. Ou bien par une nouvelle majorité progressiste au service exclusif des besoins des habitants et sous leur contrôle.
Donc au service de l’intérêt général, une notion galvaudée à re-préciser dans le détail.
René Fredon