Les nouvelles révélations du consortium international de journalistes, abordées ce mardi dans l’émission Cash-Investigation et dans toute la presse, amplifient le malaise crée après la première salve tirée par les mêmes enquêteurs sous l’intitulé “Panama Papers”.
Avec les “Paradise Papers” et l’énorme somme de travail à partir de milliers de documents et d’entretiens on mesure encore mieux l’emprise des multinationales et l’utilisation des paradis fiscaux par les plus riches pour “optimiser” légalement leurs énormes profits et patrimoines financiers. Au détriment des Etats mais avec leur complicité.
Car si les législations permettent l’existence des paradis fiscaux, c’est bien -quoiqu’ils en disent- qu’ils la justifient et qu’ils en approuvent le rôle ! Du moins tant que les citoyens n’en exigeront pas la fin, l’intolérable présence, véritable bras d’honneur à la moralité et à la misère que génère cette insolence, cette prédation des plus riches sur les budgets des Etats ainsi floués qui justifient depuis plus de trente ans l’austérité infligée aux peuples pour compenser le manque à gagner des fraudeurs.
Car comme l’a montré lundi sur France-Info, Eric Bocquet, sénateur communiste, grand spécialiste de l’évasion fiscale, “les Paradise Papers ne révèlent pas un dysfonctionnement, on est au coeur du système libéral mondialisé, financiarisé, dérégulé…de la machine finance qui veut accumuler et surtout ne pas participer à la solidarité et au fonctionnement des sociétés et des Etats…”
Il a insisté sur “le caractère systémique de l’évasion fiscale qui se cache derrière les personnalités publiques et politiques épinglées par ces révélations. On dit “je veux optimiser ma charge fiscale, c’est l’expression politiquement correcte. Des gens sont là pour aider : il y a des banques, des cabinets d’audit et de conseils, des avocats fiscalistes…tout un système sophistiqué.
Les Etats ont renoncé à leur pouvoir politique. Il n’y a que l’Etat qui peut lever l’impôt, et ça, c’est insupportable pour les multinationales ! Elles veulent gérer le monde en direct. Les Etats doivent reprendre la main pour construire des sociétés civilisées.”
Face à un tel phénomène de nouveau mis à jour, on peut s’attendre à de nouvelles envolées parfaitement hypocrites de la part de ceux qui, au pouvoir, laissent se poursuivre des pratiques connues depuis longtemps tout en laissant croire qu’ils vont, enfin, s’y attaquer ? Il faut bien tenter de désarmer l’indignation populaire que suscitent de telles pratiques qui n’existent que parce qu’elles sont tolérées par ceux qui nous gouvernent ou nous ont gouvernés.
Quel président avait déclaré en 2009, au lendemain du G20 que “les paradis fiscaux…c’est terminé”?
Il y a moins d’un an, le sénateur communiste, rapporteur de la commission d’enquête sur la fraude et l’évasion fiscale, proposait l’organisation d’une conférence internationale sur la grande finance et la fiscalité internationale, du type COP 21.
Il ne suffira pas de s’indigner une fois de plus et d’attendre que les informations hallucinantes qui font la “une” depuis trois jours, repassent au second plan et se noient dans l’océan des promesses jamais tenues.
Là encore, les libéraux misent sur l’incrédulité des milieux populaires soumis à rude épreuve depuis six mois par un pouvoir très libéral qui veut à tout prix faire payer les plus modestes pour réduire la fiscalité des plus riches ! Jusqu’à réduire les APL de 5 euros…en attendant mieux !
On est en plein dans le sujet.
René Fredon