Le 15/2, le bilan quotidien faisait état d’une certaine stabilité dans l’évolution de la pandémie
qui paraissait justifier l’évitement du reconfinement.
Lundi soir une circulaire tardive était signée qui se voulait carrément alarmiste, sonnant la remobilisation générale d’urgence “d’ici le 18” de tous les établissements de santé “en prévision d’une nouvelle vague épidémique”. Le ministère constatant “la persistance de fortes tensions des services hospitaliers dans les régions de l’est”, ainsi qu’une “progression importante du virus et de la sollicitation de l’offre de soins dans les régions de l’ouest”.
Objectif :”augmenter significativement la capacité maximale de lits de soins critiques, et notamment de réanimation”, y compris en recourant à une “déprogrammation graduée (…) de l’activité médico-chirurgicale non urgente «pour “délester les hôpitaux et libérer des lits” Sont encouragés: téléconsultations, transferts de patients, oxygénothérapie à domicile.. (1)
Ce que n’a pas fait le gouvernement dès le premier confinement ! Il a continué à supprimer des lits et à tout mettre sur le dos des personnels soignants qui n’en peuvent plus, un an après, de voir se renouveler l’appel à remobilisation comme s’ils avaient connu le moindre répit.
Il y a bien eu le Ségur de la santé et quelques avancées salariales loin du compte mais la dégradation des conditions de travail continue et, en même temps, l’épuisement des personnels, toujours insuffisants en nombre, compte tenu de la tension qui ne se dément pas depuis plus d’un an.
Pour battre le rappel des personnels, des incitations sont prévues : heures supplémentaires majorées, indemnité pour congés non pris, compte épargne-temps déplafonné. Mais en cas de test PCR positif, soignants et non-soignants devront respecter “une éviction de 7 jours” et cette règle n’est pas négociable précise le ministère…
Voilà qui va aller droit au cœur des soignants et des non-soignants déjà à bout qui savent où veut en venir ce pouvoir en matière de services publics. Il s’emploie à les démanteler tout en ne manquant pas de flatter les personnels, leur dévouement, leurs compétences…et leur attachement à l’hôpital public. Déjà concurrencé par un secteur privé lucratif dont certains établissements s’intitulent “Hôpital privé «sans intégrer la dimension sociale des hôpitaux publics.
Ce ne sont pas leurs personnels qui sont visés, ni même les médecins mais le principe d’établissements de soins voués à rémunérer des actionnaires, donc à faire du bénéfice sur la santé des Français.es. Ce qui vaut pour toute l’industrie du médicament et du vaccin. Alors que nous avons en France des laboratoires performants et des lieux de production qui fabriquent en ce moment pour le compte d’industries privées qui monopolisent la plus grande partie des vaccins, certaines se targuant d’abord des profits colossaux qu’elles ont déjà engrangés !
Les failles du libéralisme
Le pouvoir, outre sa politique d’austérité maintenue, par-delà quelques mesures sociales temporaires imposées par la crise sanitaire et notoirement insuffisantes, les jeunes en savent quelque chose, ce pouvoir entend faire aboutir sa réforme des retraites pour, dit-il, “rétablir les équilibres” !
En réalité c’est pour sortir les retraites de la sécurité sociale et pour les livrer aux fonds de pensions spéculatifs et non en sollicitant les cotisations patronales qui sont l’essence-même de la sécurité sociale fortement marquée par l’apport du ministre communiste Ambroise Croizat qui mériterait -Ô combien- d’entrer au Panthéon comme le propose une pétition nationale qui ne demande qu’à prendre de l’ampleur.
Car il s’agissait d’en finir avec l’angoisse du lendemain, de la maladie, des accidents du travail, de la vieillesse…En 1945 1 million de personnes seulement bénéficiaient d’une couverture sociale.
Cette nouvelle alerte ne fait que souligner les failles du libéralisme et le dogmatisme d’un pouvoir qui refuse délibérément de doter l’ensemble de nos services publics des moyens de soigner, d’éduquer, de former, de transporter, de protéger, de sécuriser toute la population à tous les âges de la vie et quelle que soit la situation matérielle de chacun.e.
Cette alerte souligne les hésitations d’un pouvoir hyper centralisé et tout autant incohérent, doublé de l’incapacité à se coordonner avec les autres Etats européens de la même couleur politique entre lesquels règne le “chacun pour soi” ce qui ne peut être efficace.
On le voit autour de nous. Autant de pays, autant de stratégies. Et l’on retrouve le Royaume-Uni, l’Italie, la France, l’Espagne et récemment l’Allemagne et la Russie dans le Top 10 mondial du nombre de victimes et de contaminés.
Sans compter que plus ça dure plus se développent les inégalités, le chômage et une précarité massive en France et partout dans le monde. Ce n’est pas dû qu’à un virus.
Le moment n’est-il pas venu de reconquérir les droits universels que notre sécurité sociale avait ouverts au monde et qui ont sérieusement été écornés à partir des années 1980 ?
Macron ose parler “des jours heureux” ! Quel détournement du sens ?
Et quelle nécessité de faire échec au libéralisme qui, déjà, organise le débat avec son faire-valoir, le RN trop heureux d’être adoubé, lui, le soutien inconditionnel de Trump ?
Ils ne sont jamais que les deux faces d’une même pièce : le néo et l’ultra…libéralisme.
La preuve s’il en fallait : en Italie, le “modéré” Draghi accepte de faire un gouvernement avec la ligue fasciste de Salvini. Tout un programme : le monde d’avant en pire !
Le rassemblement populaire pour une alternative sociale et écologique -pas pour s’adapter au libéralisme- va-t-il se dessiner ou se décimer ?
René Fredon
(1)