Budget 2025  le doute autour de Barnier

« Les députés, écrit Le Monde ont rejeté samedi  la partie recettes du budget 2025, après l’avoir largement modifiée par rapport à la copie du gouvernement, qui se retrouve au pied du mur avant le débat dans l’hémicycle, ce lundi ». Cela ne préjuge pas du vote global mais la signification n’en est pas moins importante.

Le conseil des ministres du jeudi précédent avait validé le projet de M. Barnier. Pas les députés qui l’avaient adopté  en commission et deux ministres qui ont déclaré ne pas le voter en l’état : celui de la justice Didier Migaud et la ministre de  la transition écologique, de l’énergie et du climat, Agnès Pannier-Rusacher.

Pour le président de la commission des finances Eric Coquerel (LFI)« :Les amendements adoptés en commission montrent qu’une autre voie est possible. Ils créent de nouvelles recettes…qui font porter l’effort exclusivement sur les plus aisés, les revenus du capital et les superprofits des grandes entreprises au profit des classes moyennes et populaires. Une autre série d’amendements répond aux besoins des plus défavorisés, du logement et des collectivités locales»…

Plusieurs mesures ont été adoptées par la commission, augmentant la fiscalité des plus riches afin de financer notre contrat social, elles feront l’objet d’un vote en séance plénière. Le principe de faire payer les très riches, donc les très hauts revenus a été maintenu et sera pérennisé, pas éphémère comme prévu initialement par l’exécutif. Ce n’est pas négligeable.

Sauf que si c’est pour rapporter 2 mds sur les 20 mds de recettes nouvelles, c’est absolument dérisoire, en même temps que réduire de 40 mds les dépenses publiques c’est excessif et récessif. Pas pour tout le monde.

Les 500 milliardaires ont doublé leurs patrimoines en 5 ou 6 ans, portés à 1220 mds. Les taxer chaque année de 3%  rapporterait 36 mds. Un impôt climatique sur la fortune   15 mds. Il y a bien d’autres sources.

Au  total le NFP propose 49 mds de recettes  nouvelles sans hausse d’impôts sur les classes moyennes et populaires ce qui permet de réduire les dépenses publiques prévues. Ce que les partisans de Macron, Barnier, la droite et l’extrême-droite n’entendent pas cautionner car contraire à leurs dogmes: « Tout pour le capital, le reste au travail». Mais il y a parmi leurs députés.es beaucoup d’interrogations, des refus qu’il leur faudra assumer devant les citoyens.es.

Les amis de Ciotti et le RN mais aussi d’autres macroniens et LR dans l’exécutif  parlent de « faire la grève de l’impôt… ils veulent la suppression de l’ADEME chargée de la transition écologique, du CESE, conseil économique social et environnemental ou encore de l’Autorité de régulation des communications, la fin du statut des intermittents du spectacle et celle de la taxe sur les logements vacants, ils veulent aussi réduire le coût de l’Aide médicale d’Etat… « préférence nationale », bien sûr !

Pourvu que « l’effort sur les dépenses publiques soit considérable»  comme le disait  J-Ph Tanguy (RN) qui parlait de 25 mds de dépenses publiques liées à l’immigration et aux collectivités territoriales. Ils font partie des austéritaires, ne leur en déplaise. Le problème c’est qu’ils réussissent à l’esquiver, à donner le change.

Ils ne comptent pas soutenir la gauche mais ils disent qu’il leur suffit de surveiller Barnier pour qu’ils se déterminent au cas par cas, fiers de posséder un double des clés du camion.

Comme le dit Sylvie Binet, «le monde  du travail va devoir  passer à la caisse, il a déjà payé !» en ciblant la catastrophe des 40 mds que l’exécutif veut supprimer dans les services publics. Impensable. Pour les emplois, les salaires, les retraites, le niveau de vie, les protections sociales, les droits…

Et l’on nous ferait payer les privilèges donnés avec notre argent, aux grands patrons,  par ceux qui nous gouvernent et qui nous ont trompés ?

Il serait temps que les payeurs se fassent respecter. Macron nous a menti mais il n’est pas le seul, ce n’est qu’une figure d’un système libéral fondé sur la toute-puissance de l’argent et sur la manière de se le procurer et de le gérer.

Vaste question qu’une majorité, élue démocratiquement, paraît il, s’efforce de ne pas mettre en débat mais de perpétuer en divisant les peuples en deux grandes familles: les possédés et les possédants, ces derniers étant ultra minoritaires autant qu’ultra-riches. Et inversement.

On n’a jamais été aussi incertains quant à notre avenir et à celui de nos enfants. Ce n’est pas une raison pour désespérer. Bien au contraire.

Juste une coïncidence.

 

René Fredon

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