Budget 2025 : une cure d’austérité historique
Faute de majorité à l’assemblée et de censure pour rejeter un budget, grâce à la promesse du RN en forme d’épée de Damoclès, il reste le 49-3. Dans le prolongement des passages en force précédents
Au sein même du gouvernement pro-macroniste-+LR, le même qu’avant, on connait, par exemple, l’hostilité de revenir à l’impôt sur la fortune supprimé par Macron, Barnier proposant d’ajouter une contribution des très riches qui ne dépassera pas…2 mds ! Une goutte d’eau symbolique et temporaire dans les 20 mds de recettes fiscales et les 40 mds de réductions des dépenses publiques !
La droite et le centre ont ressorti « leur ligne rouge » doctrinaire : « pas d’augmentation des impôts », ils veulent réduire sinon exonérer les entreprises -et surtout les plus grandes- de leurs charges et cotisations. Et parallèlement faire des économies sur les services publics et la protection sociale, ce qu’ils appellent l’assistanat.
Rien qu’en reportant de 8 mois la mise à jour de leurs retraites l’Etat fait une économie de 5 mds d’euros sur le dos des retraités.es les plus modestes. C’est les enfoncer dans leur précarité. Inadmissible.
3 000 enseignants de moins dans le primaire…c’est impensable et tout à l’avenant. On saigne les hôpitaux publics ! Les collectivités territoriales…5 mds de moins et ainsi de suite. Toujours les mêmes qui trinquent.
Pour le député LFI, Eric Coquerel, président de la commission des finances, « ce budget va impacter la vie des classes populaires et moyennes… Quand vous avez moins de services publics, quand vous avez moins de protection sociale, vous impactez plus la vie de ceux qui ne peuvent pas se payer ces services dans le privé”…c’est un budget qui va désarmer l’Etat ! »(1)
Même les ministères de l’Intérieur et de la Justice ne sont pas épargnés, seule la Défense ne sera pas touchée ? Ne serait-ce pas le moment de déclarer l’embargo sur toutes les livraisons d’armes, à la veille du conseil européen des 17 et 18 octobre comme le proposent les groupes communistes au parlement ?
Faire peur à la population
Pour la CGT, (2) « l’austérité n’est pas une fatalité : Le discours alarmiste sur la dette et le déficit ne sert qu’à justifier les politiques d’austérité.
Ce choix politique vise à protéger les intérêts des plus riches et des grandes entreprises et des marchés financiers tout en sacrifiant la réponse aux besoins fondamentaux de la population.
Avec un gouvernement dont la survie repose sur des négociations précaires avec le Rassemblement national, il est essentiel de se préparer à défendre nos exigences et nos propositions ».
Dans tous les secteurs de notre vie quotidienne les écarts déjà grands entre les catégories sociales ne peuvent que s’accentuer au seul bénéfice des catégories les plus aisées à commencer par les très riches.
Il faut être cynique pour oser parler « d’efforts demandés à tous » quand on sait les gains qu’empochent les maîtres de la finance et de l’économie, chaque mois avec en plus, les dividendes de nombreuses grandes entreprises et les intérêts des placements que n’ont pas les revenus les plus modestes ?
Jusqu’au logement social qu’ils sabordent en disant le « sauver » ?
11% n’ont pas de mutuelle complémentaire et les remboursements de la sécurité sociale vont baisser drastiquement. Ils ne pourront plus se soigner donc l’égalité devant la maladie devient plus encore un leurre insupportable, aux conséquences humaines immédiates. C’est ce qu’ils appellent « vivre au-dessus de nos moyens »?
Ce sont eux qui vivent au-dessus de nos moyens, des nôtres…avec notre argent. Ils conserveront leurs privilèges si nous les croyons, ainsi que les nationalistes aux dents longues ! Non, l’austérité n’est pas une fatalité.
Ces jours-ci on entend que la firme française Sanofi céderait le Doliprane à CDetR aux Etats-Unis alors qu’on a eu droit aux grands discours après la séquence Covid, sur la relocalisation de nos industries pour développer les nôtres et l’emploi ?? Ils sont en train de le tuer tout en parlant de le « valoriser ». Comme Milée qui vire 10 000 salariés.es dans l’attente de leurs salaires dûs et sans indemnités après la mise en redressement !
Un peu d’histoire
Le budget, comme on le voit, n’est pas une affaire de technicité entre spécialistes au sommet de nos institutions. C’est avant tout un choix donc un acte politique qui impacte directement la nation tout entière. Elle va suivre ou pas ses élus. Or, il n’y a plus de majorité et ce sont les citoyens qui vont supporter les conséquences des choix, soit en faveur de la justice sociale et fiscale, soit en faveur de la domination des marchés financiers sur les Etats et les institutions nationales et européennes. (3)
On n’a qu’une manière d’exprimer notre citoyenneté, en dehors des élections : à l’air libre et collectivement.
Le second président des Etats-Unis, John Adams (1735-1826) a laissé cette citation historique : « Il y a deux manières de conquérir et d’asservir une nation, l’une est par les armes et l’autre est par la dette.»
René Fredon