Budget : le ministre de l’économie dramatise un peu plus
En même temps que s’ouvre le débat sur la loi de finances de la sécurité sociale, qui se déroule également au pas de charge et fort animé, le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie vient nous dire que le déficit prévu à 5% s’avère plutôt à 6,1-6,2% !
Ils cherchent, avec le 1er ministre, à nous convaincre qu’il faut réduire nos services publics nationaux et territoriaux qui manquent déjà cruellement de moyens ! Tout en épargnantes les très riches patrimoines et les très grandes entreprises multinationales aux profits colossaux qui s’ajoutent aux aides publiques. Pas en faisant semblant ni en limitant la durée de leur contribution.
Ne nous laissons pas induire en erreur. D’autant que le gouvernement choisi par M. Barnier est toujours composé par les mêmes forces politiques, des macronistes et des Républicains, pour l’essentiel. Ils ont soutenu leurs prédécesseurs qui nous ont laissé croire qu’ils maîtrisaient la situation. Les forces du capital y trouvaient leur compte. Cela sans augmenter leurs impôts et qui, comme les 500 familles les plus riches, ont vu leur fortune exploser.
Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie
Les recettes peuvent évoluer bien au-delà des 20 mds annoncés. Et sans augmenter les impôts des classes moyennes et populaires qui subissent le plus l’inflation, les revenus insuffisants, les suppressions d’emplois, les restrictions des protections sociales…Ce que les députés du Nouveau Front Populaire ont défendu ainsi que la pérennisation d’une justice fiscale à transformer profondément.
« Si la gauche ne parvenait pas à faire adopter de nouvelles recettes fiscales, l’Etat ne pourrait pas répondre aux besoins essentiels…» a déclaré André Chassaigne, le responsable du groupe communiste GDR du NFP.
Michel Barnier en avait admis le principe mais beaucoup trop symbolique et très limité dans la durée.
Ce n’est pas au parlement que se fera le rapport des forces sociales en faveur d’une sortie de la domination du «tout pour le capital» que nous subissons depuis des décennies mais dans les entreprises publiques et privées, dans la vie associative, dans les villes grandes et petites qui subissent déjà le manque de moyens, ne serait-ce que pour faire face aux conséquences des changements climatiques et à la mise en œuvre de la transition écologique.
Elle met en question nos modes de vie, de production et de consommation à la source de l’émission du CO2 mais aussi de la surpêche, des forêts primaires qui disparaissent, des pesticides qui favorisent le rendement mais pas la qualité, au détriment de la santé, de la bétonisation de vastes surfaces qui favorise les inondations…
A ce propos, le 25 octobre, Barnier a présenté avec retard -qui ne lui incombe pas- le plan d’adaptation au changement climatique : 51 mesures pour nous adapter à +4° d’ici 2100 ? (1)
Sans parler des guerres qui n’en finissent pas et font peser sur la planète les plus grands risques que cultivent les belligérants et leurs soutiens. Dont un, Nétanyahu, piétinent les condamnations de l’ONU grâce aux E.-U fournissant les armes et s’opposant au vote du conseil de sécurité ?!
Un pays, leader mondial du capitalisme qui nous offre un tel« spectacle» plus que désespérant, indigne, en dessous de tout, où le fond -mieux servir le capital- est le même pour les deux candidats qui comptent sur les milliards de dollars du milieu des affaires pour « réussir » leur campagne. Le retour de Trump est donné possible.
L’extrême droite européenne le souhaite ardemment, comme d’habitude. Trump comme le FN/RN ont eu besoin des prêteurs russes pour se sortir de leur situation financière délicate. La reconnaissance du ventre…en quelque sorte mais pas que…!
Trump brandit l’immigration…aux E.-U ! il n’y a que des immigrés, d’abord d’Europe puis du monde entier, depuis le génocide des Indiens en même temps que la traite des noirs vers les Amériques. Aujourd’hui il les chasse , il y en a trop, tout en étant preneur de ceux qui votent pour lui. Ce sont de «vrais» américains : ils aiment les milliardaires et les armes. Qu’ils soient démocrates ou républicains ! Une question de forme.
Revenons en France où nous avons de quoi nous occuper tout en le reliant à ce qui se passe sur tous les continents et qui assombrit notre horizon : quelle perspective ?
Les luttes sociales et sociétales ont besoin d’écoute, d’audace, de perspectives, d’une alternative aux logiques patronales, pour faire progresser leurs revendications. Elles visent plus d’égalité, de justice et de progrès pour toute la société, La parité femmes = hommes a fait des progrès mais encore loin de l’objectif.
Il ne s’agit pas de «négocier le poids des chaînes» mais de s’en délivrer pour ouvrir des brèches dans l’édifice d’un système confiscatoire du pouvoir économique -et de la communication- qui n’agit que pour des intérêts égoïstes en brandissant les risques pris par les propriétaires, maîtres de forges jadis, aujourd’hui les maîtres de la finance qui fixent salaires, droits et partage des résultats de l’entreprise. Bien que les syndicats aient obtenu des avancées consultatives importantes.
La gauche a besoin d’assumer la nécessité de rompre avec le capital pour redonner de l’espoir à ceux qui ne comprenaient pas la fusion avec le libéralisme (Mitterrand, Jospin, Hollande) alors qu’ils juraient leur fidélité au socialisme, « mon ennemi c’est la finance ». On voit bien les deux courants qui traversent le PS et la complexité d’exister avec le NPF sans hégémonie. Une coalition n’est pas une fusion.
Il y a besoin d’unité à gauche, c’est un facteur de mobilisation. Mais c’est le contenu qui compte, plus que la personne, chacun doit apporter ses idées et propositions, les faire connaître, les confronter et faire preuve de compréhension.
Les citoyens.es non encartés peuvent bien entendu exprimer leurs attentes et les méthodes qu’ils (elles) jugent les plus mobilisatrices.
C’est tout le peuple qui est concerné par ce qui se prépare…à ses dépens.
Soyons vigilants et actifs pour éviter le pire !
René Fredon
(1) https://www.novethic.fr/environnement/climat/pnacc-3-consultations-adaptation-rechauffement-climatique