Donald Trump, le Japon et la Corée du Sud….

Donald Trump en guerre commerciale : le Japon et la Corée du Sud se rapprochent de la Chine

Face à la menace que constituent les nouveaux droits de douane états-uniens, en Asie, les alliances régionales se modifient sous la tutelle du géant économique chinois.

À Tokyo, la nuit, le quartier de Shinjuku brille de mille feux, publicitaires sur les façades des immeubles. Mais, ce 27 mars, ce sont les petits écrans, à hauteur d’homme, qui attirent les regards d’une foule incessante. Ils diffusent un journal télévisé, avec une présentatrice parfois masquée par des vidéos de Donald Trump.

Quelques heures auparavant, le président états-unien annonçait ses « tarifs » généralisés sur l’automobile. De quoi faire trembler les nombreux constructeurs de l’archipel, et leurs travailleurs, dont la production compte pour 8 à 10 % de l’économie japonaise. Dans le détail, le pays exporte environ un véhicule sur trois vers Washington, ce qui représente 16 % des importations automobiles des États-Unis.

D’où un excédent commercial de 68,5 milliards de dollars en 2024, qui irrite l’ administration Trump : le 31 mars, le bureau du représentant américain au Commerce allait encore plus loin en « exhortant le Japon à supprimer un large éventail d’obstacles aux exportations américaines ».

D’habitude très docile, l’ultralibéral premier ministre Shigeru Ishiba a avoué, le 27 mars, que les mesures de Donald Trump étaient « très difficiles à comprendre ». Il a, en outre, annoncé la création d’un millier de « guichets de consultation » pour aider les constructeurs touchés par cette offensive douanière, tout en promettant de « réclamer avec force l’exemption du Japon » à son homologue américain.

Les ennemis de mes amis sont mes amis

La même inquiétude ceint les constructeurs et officiels sud-coréens, dont les véhicules représentent 15 % des importations états-uniennes. Plus petit pays que ses voisins chinois et japonais, la Corée du Sud tient à garder sa place de sixième producteur automobile mondial. Alors, pour se prémunir d’une catastrophe industrielle, Séoul et Tokyo en appellent à Pékin.

Les ministres de l’Industrie ou du Commerce des trois meilleurs ennemis se sont retrouvés en urgence, dimanche, dans la capitale sud-coréenne, pour « poursuivre les discussions en vue d’accélérer les négociations vers un accord de libre-échange trilatéral complet » pour « créer un environnement commercial prévisible, stabiliser les chaînes d’approvisionnement », ont-ils annoncé dans des communiqués.

La Chine, « première menace mondiale » selon l’ administration Trump, est aussi le premier fabricant de voitures du globe. Depuis l’investiture de Donald Trump, le Parti communiste chinois s’affaire pour amortir les conséquences d’une guerre commerciale. Après une convocation du bureau politique par Xi Jinping fin janvier, le président chinois a convié mi-février plusieurs dirigeants de grandes entreprises comme Jack Ma (Alibaba), Wang Chuanfu (BYD) ou Lei Jun (Xiaomi) au palais du Peuple.

Avec ses nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium, Donald Trump lance la 3e charge de sa guerre commerciale

De plus, Pékin presse pour conclure une nouvelle version de l’accord de libre-échange Asean-Chine, qui permettrait encore plus d’échanges dans les domaines des nouvelles technologies – véhicules électriques compris – avec les pays d’Asie du Sud-Est. C’est dans ce cadre que Xi Jinping se rendra en avril au Vietnam, au Cambodge et en Malaisie. Pékin, Tokyo et Séoul ont enfin appelé à élargir le partenariat économique régional global (RCEP) à d’autres États.

La frénésie protectionniste de Washington crée de nouvelles alliances, aussi baroques soient-elles.

Publié le 2 avril 2025

Axel Nodinot,  journal Humanité 

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Lu dans L’HUMANITÉ: Donald Trump, le Japon et la Corée du Sud….

Donald Trump en guerre commerciale : le Japon et la Corée du Sud se rapprochent de la Chine

Face à la menace que constituent les nouveaux droits de douane états-uniens, en Asie, les alliances régionales se modifient sous la tutelle du géant économique chinois.

À Tokyo, la nuit, le quartier de Shinjuku brille de mille feux publicitaires sur les façades des immeubles. Mais, ce 27 mars, ce sont les petits écrans, à hauteur d’homme, qui attirent les regards d’une foule incessante. Ils diffusent un journal télévisé, avec une présentatrice parfois masquée par des vidéos de Donald Trump.

Quelques heures auparavant, le président états-unien annonçait ses « tarifs » généralisés sur l’automobile. De quoi faire trembler les nombreux constructeurs de l’archipel et leurs travailleurs, dont la production compte pour 8 à 10 % de l’économie japonaise. Dans le détail, le pays exporte environ un véhicule sur trois vers Washington, ce qui représente 16 % des importations automobiles des États-Unis.

D’où un excédent commercial de 68,5 milliards de dollars en 2024, qui irrite l’ administration Trump : le 31 mars, le bureau du représentant américain au Commerce allait encore plus loin en « exhortant le Japon à supprimer un large éventail d’obstacles aux exportations américaines ».

D’habitude très docile, l’ultralibéral premier ministre Shigeru Ishiba a avoué, le 27 mars, que les mesures de Donald Trump étaient « très difficiles à comprendre ». Il a, en outre, annoncé la création d’un millier de « guichets de consultation » pour aider les constructeurs touchés par cette offensive douanière, tout en promettant de « réclamer avec force l’exemption du Japon » à son homologue américain.

Les ennemis de mes amis sont mes amis

La même inquiétude ceint les constructeurs et officiels sud-coréens, dont les véhicules représentent 15 % des importations états-uniennes. Plus petit pays que ses voisins chinois et japonais, la Corée du Sud tient à garder sa place de sixième producteur automobile mondial. Alors, pour se prémunir d’une catastrophe industrielle, Séoul et Tokyo en appellent à Pékin.

Les ministres de l’Industrie ou du Commerce des trois meilleurs ennemis se sont retrouvés en urgence, dimanche, dans la capitale sud-coréenne, pour « poursuivre les discussions en vue d’accélérer les négociations vers un accord de libre-échange trilatéral complet » pour « créer un environnement commercial prévisible, stabiliser les chaînes d’approvisionnement », ont-ils annoncé dans des communiqués.

La Chine, « première menace mondiale » selon l’ administration Trump, est aussi le premier fabricant de voitures du globe. Depuis l’investiture de Donald Trump, le Parti communiste chinois s’affaire pour amortir les conséquences d’une guerre commerciale. Après une convocation du bureau politique par Xi Jinping fin janvier, le président chinois a convié mi-février plusieurs dirigeants de grandes entreprises comme Jack Ma (Alibaba), Wang Chuanfu (BYD) ou Lei Jun (Xiaomi) au palais du Peuple.

Avec ses nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium, Donald Trump lance la 3e charge de sa guerre commerciale

De plus, Pékin presse pour conclure une nouvelle version de l’accord de libre-échange Asean-Chine, qui permettrait encore plus d’échanges dans les domaines des nouvelles technologies – véhicules électriques compris – avec les pays d’Asie du Sud-Est. C’est dans ce cadre que Xi Jinping se rendra en avril au Vietnam, au Cambodge et en Malaisie. Pékin, Tokyo et Séoul ont enfin appelé à élargir le partenariat économique régional global (RCEP) à d’autres États.

La frénésie protectionniste de Washington crée de nouvelles alliances, aussi baroques soient-elles.

Publié le 2 avril 2025

Axel Nodinot ,Journal l Humanité

Donald Trump, le Japon et la Corée du Sud….