Le jeudi 4 avril à 21 h 00, Ian Brossat sera présent sur le plateau de France 2 pour le premier débat de la chaîne publique consacré aux Européennes du 26 mai. Dans un premier temps, il n’avait pas été invité. Il a fallu une forte mobilisation militante et de personnalités attachées au pluralisme, le 19 mars à 18 h, devant le siège de France-Télévisions pour que la chaîne revienne sur sa décision.
La voix d’un parti présent au parlement européen, à l’assemblée nationale et au sénat, à la tête de 800 communes, d’un département et comptant 7 000 élus locaux ne pouvait être ignorée.
Une voix singulière qui a rejeté tous les traités depuis le début de la construction européenne.
Une liste singulière qui compte dans ses rangs plus de la moitié d’ouvrières et d’ouvriers, de femmes et d’hommes employés.es dont deux Varois : Sandrine Macigno, travaillleuse de l’Etat à la base navale de Cuers et Emmanuel Trigo, enseignant et responsable syndical.
Une liste en mesure de faire entrer au parlement européen, pour la première fois de son histoire, une ouvrière en la personne de Marie-Hélène Boulard, en seconde position sur la liste de large rassemblement présentée par le pcf.
Un vote de classe
Que pourra-t-il changer vu le rapport de forces très favorable à la majorité libérale ?
Le renforcement du courant le plus résolument hostile à une Europe aujourd’hui dans l’impasse et même en grand danger, gangrénée par la finance constitue un enjeu politique essentiel. Parce que ce courant porte ce combat depuis les origines de cette Europe des marchés qui s’est faite contre les peuples : c’est une garantie.
Un courant qui identifie l’idéologie libérale au service d’un système, le capitalisme, comme le responsable des conséquences dramatiques de ses propres choix pour l’immense majorité des populations et pour la planète elle-même. Un courant qui en appelle à la résistance, au quotidien, par les mobilisations sociales et écologiques indissociables.
Sans entretenir l’illusion que l’on peut durablement inverser la tendance congénitale du libéralisme à la course aux profits d’une minorité, au détriment de l’égalité et de la justice sociale pour le plus grand nombre, en conservant les mêmes critères de gestion des fonds publics détournés vers les intérêts privés tandis que l’on réduit les services publics et le pouvoir d’achat des salaires et pensions les plus bas. Et que l’on prive de moyens une transition écologique responsable devenue urgentissime.
En d’autres termes, ce n’est pas de l’Europe qu’il faut sortir mais du capitalisme -comme on pouvait le lire sur des pancartes lors des puissantes manifestation des jeunes pour le climat- si l’on veut pouvoir sauver l’Europe et la reconstruire sur des bases conformes aux aspirations populaires. En impliquant les peuples.
Il ne suffit pas de claquer dans ses doigts. Ce ne sera pas pour demain. Mais ce qui se passera le 26 mai servira d’indicateur de la prise de conscience ou non des citoyens qui, depuis longtemps déjà, se détournent d’une élection d’un parlement sur lequel ils n’ont aucune prise et qui les ignore en entretenant les inégalités sociales et la concurrence entre pays !
La question de l’abstention dans les milieux populaires reste encore un obstacle qui ne gêne pas les milieux d’affaires et les politiciens à leurs service. Mais un obstacle à lever pour les forces de la transformation sociale.
Le programme du PCF pour l’Europe (1)
Il vise à en finir avec la construction libérale de l’Union européenne. Depuis la crise de 2008, le renforcement des politiques d’austérité s’est traduit par 10 millions de pauvres en plus dans l’UE, l’emploi fout le camp, les protections sociales sont attaquées, les inégalités s’y développent, la précarité aussi mais…au 2è trimestre 2018, 176 milliards de dividende (+19% sur 2017) et la BCE a versé 3 000 milliards aux banques et aux marchés financiers, sans contrepartie, depuis 2010. L’évasion et l’optimisation fiscales sont évaluées à 1 000 milliards chaque année : 2 000 euros par Français et par an !
De quoi développer et financer les services publics en Europe en stoppant les libéralisations en cours et en créant un fonds européen pour le développement des services publics, pour le développement social et écologique financé par la BCE. Les services publics ne devant pas entrer dans le droit européen de la concurrence.
La question du contrôle des moyens financiers y est détaillée, c’est aussi ce qui singularise ce programme qui n’omet pas de dire qu’il ne suffit pas d’aligner de bonnes intentions, des mesures justes en elles-mêmes si on laisse le pouvoir de décider à des dirigeants libéraux ou à des chefs d’entreprises ou de banques sensibles aux arguments des actionnaires et mandatés pour cela.
Il n’est pas plus sérieux de prétendre “réformer l’Europe” dans le cadre des traités actuels. Mais comment s’y prendre en attendant d’avoir la majorité ? Si ce n’est par le développement des luttes contre tous les effets de ces choix désastreux, tout en les prolongeant par un débat politique de fond sur les conditions à réunir. Le “ni droite ni gauche” de certains, après celui de Macron nous montre dans quelle direction on va…à droite toutes !
Le moyen : la démocratie d’abord, c’est -à-dire l’implication des citoyens, des assemblées élues dans l’élaboration et le contrôle des décisions prises par le parlement -et non par une commission non élue- la conception du PCF c’est celle d’une union volontaire des nations et des peuples au coeur de la construction d’une Europe à géométrie variable.
“Aucun peuple ne pouvant être entraîné dans un engrenage qui remette en cause ses choix fondamentaux et son modèle social” précise le programme du PCF que les candidats et les militants s’efforcent de faire connaître et partager.
La question des migrants fait partie des débats légitimes sur cet aspect qu’exploite avec indécence le RN pour éviter de marquer sa proximité avec les dogmes du capitalisme et les relents du nationalisme et de la xénophobie qui ont ravagé l’Europe il y a 80 ans. Certains nostalgiques de cette époque osent encore s’en réclamer et traquent les migrants et ceux qui les aident, les accueillent par solidarité et bienveillance, par devoir d’humanité.
Macron et une partie de la droite n’ont que trop tendance à céder à cette pression plutôt que d’agir pour une répartition équitable et un accueil digne des migrants qui fuient les guerres, les dictatures, les conséquences des changements climatiques. Tolérer la vindicte de ceux qui en font des envahisseurs est indigne.
Cette campagne pour renouveler le parlement doit être l’occasion d’une clarification sur les dangers qui nous menacent et qui ont leurs racines dans les politiques libérales destructrices qui engendrent les colères populaires. Elles s’expriment avec force dans le mouvement syndical et dans celui des gilets jaunes. De plus en plus, elles se rejoignent dans nombre de mobilisations, tant les convergences de leurs revendications sont évidentes.
Comme l’exprime Ian Brossat : “Nous voulons une Europe de paix, d’hospitalité qui pèse pour changer la mondialisation. Nous voulons une France qui s’affranchisse de l’OTAN, refuse une défense européenne et agisse pour une conférence de paix et de sécurité en Europe. Nous voulons une politique hospitalière à l’égard des migrants, dans le respect de leurs droits fixés dans les conventions internationales. En rupture avec l’Europe forteresse. L’heure n’est pas à la construction des murs.
Nous voulons une Europe qui agisse pour des traités internationaux de maîtrise des échanges commerciaux et des flux de capitaux subordonnés au développement commun de l’emploi, de la santé et de l’écologie, à l’opposé des traités de libre-échange.”
René Fredon
(1) https://www.europedesgens.fr/notre_programme