Le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe des 20 eurodéputés LR du parlement européen aura du mal à conserver la même représentativité. Victime de l’attraction exercée par Macron qui a choisi un premier ministre LR, un ministre des finances LR, un ministre des comptes publics LR…avant qu’ils ne soient exclus de leur parti.
Depuis, deux ex-premiers ministres LR, Juppé et Raffarin soutiendront la liste de…Macron pour le 26 mai. D’autres personnalités LR, comme Bussereau, président des départements de France ont pris leurs distances avec Wauquiez. C’est aussi le cas de V. Pécresse, de X.Bertrand, présidant les régions Ile-de-France et Hauts de France, d’Estrosi, maire de Nice…le malaise est d’autant plus palpable que la politique de Macron est reconnue comme une politique de droite de laquelle les LR ont beaucoup de mal à se démarquer.
Ce qui a conduit L.Wauquiez à durcir son discours et à reprendre les thèmes du RN pour éviter que les adhérents soient séduits par les professions de foi identitaires et nationalistes du RN aligné sur Trump, grand bâtisseur de mur pour contenir les migrants…qui ont fait l’Amérique !
Le trio de tête, François-Xavier Bellamy, (très controversé en interne), Agnès Evren et Arnaud Danjean, eurodéputés sortants, était connu. Les fidèles de Sarkozy, N. Morano et B. Hortefeux viennent ensuite, 4è et 5è, puis F. Péchenard, ancien directeur général de la police nationale en 9ème position. Rachida Dati renonce à son mandat, attirée par les municipales à Paris.
Deux places dans les 20 premières pour les représentants du Nouveau Centre d’Hervé Morin, issu de l’UDI qui aura sa propre liste. Wauquiez y voit “un signe de notre capacité à nouer des alliances”. Il a de l’humour.
F-X Bellamy, jeune agrégé de philosophie, maire-adjoint à Versailles, s’était fait remarquer par sa participation à la “marche pour la vie”, il se prononçait en 2014 pour “l’abolition de l’avortement et l’arrêt de toutes atteintes à l’être humain au stade embryonnaire.” Avant de
mettre un peu d’eau dans son vin en 2019, très peu, se contentant de “défendre l’objection de conscience des médecins” qui se refusent à appliquer la loi Veil.
Prudents les LR tablent sur une dizaine d’élus (sur 20 sortants) mais feront tout pour qu’il y en ait davantage. Bien entendu.
Lors du lancement de leur campagne, le 1er février 2019 à la mairie de Belfort le tête de liste eut ses fortes paroles concernant les gilets jaunes : “Il faut entendre ces revendications et répondre de façon concrète. Il n’y aura pas de solution s’il n’y a pas de réponse.” Le philosophe a parlé mais ça ne le dispensait pas de dire ce qu’il pensait de ces revendications. S’il les soutenait ou pas ? Les LR ont été parmi les premiers à demander l’arrêt des manifestations au prétexte d’actes attribués aux seuls gilets jaunes mais n’ont pas vu les violences policières et l’usage d’armes condamnées par l’Europe et l’ONU.
Pour le programmme, il faudra attendre le 16 mars. Dans le JDD du dimanche 10/3/19, F-X Bellamy se contente d’accuser Macron de “prendre le risque d’installer le chaos” en privilégiant le RN comme interlocuteur et en réduisant le débat d’idées à cette sorte de piège instillant la peur. Ce qui n’est pas faux mais insuffisant. Puis il embôite le pas du RN en déclarant que :”chaque pays doit garder la maîtrise de sa politique migratoire, mettre en place des politiques de quotas, ce serait acter notre impuissance collective.”
Ajoutant que “les demandes d’asile doivent être traitées hors d’Europe, dans des pays tiers sûrs.” Vous en connaissez ? Des noms SVP. Une manière de botter en touche.
Autre parti de droite, l’UDI (Union des Démocrates et Indépendants) fondée par JL Borloo et présidée par Jean Christophe Lagarde, qui sera à la tête de sa propre liste. Un parti de centre-droit qui fut allié des LR. Il considère Macron en situation d’isolement et Wauquiez en “destructeur de l’Europe” en radicalisant son discours sécuritaire et anti-migrants.
L’UDI ne fait pas dans la nuance et appuie où ça fait mal. Hervé Morin l’a quittée pour les LR…mais ça fait peu de monde.
Il reste qu’après l’échec de Fillon à la présidentielle en 2017, suivi du Pénélope gate le moral des troupes en a pris un sérieux coup. La crise interne, débouchant sur la nomination de Wauquiez à la tête du parti, n’a pas rétabli la confiance chez les militants tiraillés entre le rapprochement avec Macron -qui gouverne bien à droite- et celui avec le RN que près de la moitié des militants n’exclut pas.
Ce que Wauquiez dit ne pas envisager, justement pour éviter de banaliser le glissement des LR et de paraître donner raison à Marion Le Pen qui en meurt d’envie, d’autant que le RN est en position de force et n’a pas d’alliés. Pas même Dupont-Aignan.
LR font partie du groupe majoritaire au parlement européen : le PPE (parti populaire européen) qui intégre des sensibilités politiques de droite et des partis très à droite comme le Fidesz de Viktor Orban, très proche du RN et de La Ligue de Salvini ?
Il semblerait qu’Orban y resterait malgré les amabilités qu’il a déversées sur Juncker, le président de la commission européenne et qui n’ont pas suscité de demande d’exclusion.
Tout comme on ne sait pas où siégera Macron. Il laisse planer le suspens. Il n’est pas impossible que son groupe rejoingne aussi le PPE et ses amis de la CDU et …Orban. Ne serait-ce que pour conserver la majorité.
Qu’on est loin des problèmes des gens qui attendent, non pas des promesses, des discours creux mais des engagements qui prennent en compte leurs besoins, leurs attentes, les urgences sociales et écologiques, les droits sociaux, l’harmonisation fiscale…si l’on veut redorer le blason d’une Europe de l’austérité en train d’imploser qui fait de moins en moins rêver les peuples.
Les LR font partie de cette faillite d’une institution en fin de cycle.
René Fredon