Le premier ministre croit-il vraiment avoir rassuré les Français.es, dans leur majorité, après leur avoit décliné les mesures qui les attendent pour le très court terme même si quelques unes ont été différées, faute de temps ? Macron se croit-il en état de grâce après son score des européennes, derrière le RN ?
Le programme et le calendrier à venir confirment son intention d’accélérer le rythme des régressions sociales qui avaient fait se lever un mouvement citoyen original et qui n’est pas mort, les gilets jaunes, dans le prolongement du mouvement syndical qui n’avait pas cessé de contester la volonté du pouvoir d’effacer notre modèle social et de charger un peu plus les catégories populaires tandis que les entreprises du CAC 40 affichent des profits en hausse constante, vite planqués dans des paradis ficaux…
On n’est pas surpris de voir que les retraites constituent l’un des gros morceaux avec la fin du statut de la fonction publique, né de la résistance que le patronat s’était toujours promis d’abolir, comme la sécu, les régimes de retraites, les protections sociales, les services publics…pour les livrer au privé. .
- Philippe a détaillé “l’acte II du quinquennat” en embrayant sur ‘l’urgence climatique et sur sa conviction qu’“un nouveau modèle économique est possible qui produise des richesses, donc de l’emploi, sans salir, sans contaminer, sans détruire, sans condamner ceux qui viendront après nous ou qui vivent loin de nous…” promettant la fermeture de Fessenheim pour 2035, des usines à charbon d’ici 2022, la remise à plat des aides à la transition écologiques mais aussi fin du gaspillage et des plastiques non-recyclables et s’engageant à ce que les 12 prochains mois soient ceux de l’accélération écologiques…
On se demande bien pourquoi Nicolas Hulot a démissionné du gouvernement il y a dix mois ? Il avait répondu qu’il ne voulait plus se mentir “parce que les lobbys sont là…parce qu’on s’évertue à entretenir un modèle économique cause de tous ces désordres climatiques, qu’on fait des petits pas certes mais est-ce que les petits pas suffisent, ma réponse est NON !”
Les élections européennes sont passées par là et Macron a vite compris qu’il fallait parler un peu plus d’écologie, à défaut d’en faire mais le sujet est incontournable et devient populaire.
Il ne saurait évidemment faire passer au second plan les urgences sociales, la situation des 12 à 15 millions de pauvres et de très pauvres, sans compter, celles et ceux aux revenus modestes qui voient fondre leur pouvoir d’achat par l’augmentation des prix et leurs protections sociales par la réduction des dépenses publiques, la précarité se développe, les salaires et pensions continuent de stagner dangereusement…La suite du programme s’annonce très…conforme à ce qui a été mis en oeuvre jusque là.
“La justice sociale, a-t-il dit, c’est de permettre à tous de travailler”...Ce n’est pas tout à fait ce qui se passe et le choix des mots et des formules n’y change rien. E. Philippe cherche à nous convaincre qu’il veut “réduire les inégalités à la base, pas seulement les compenser par des aides”...on avait très bien compris avec…les APL, la réduction des indemnités chômage mais pas le rétablissement de l’impôt sur la fortune…
C’est pourquoi il tient tant à réduire nos retraites en faisant travailler les actifs jusqu’à 64 ans s’ils veulent toucher l’intégralité de la pension dont le calcul sera revu à la baisse : double peine. Il présente la chose en disant :”on ne touche pas à l’âge légal de 62 ans” ! Mensonge pur et simple puisque, si on part à cet âge, la retraite sera amputée jusqu’aux 64 ans.
Il veut réduire la fiscalité pour tous (?) mais il rend les gilets jaunes responsables du report de la suppression de la taxe d’habitation à 2023 ! A aucun moment il ne fait allusion à la fraude et à l’évasion fiscale des grandes entreprises. (Il manque de 80 à 100 mds par an au budget de l’Etat). Ni à l’augmentation du SMIC et des bas revenus.
Il a promis une augmentation des aides aux EHPAD et au maintien à domicile des personnes âgées. En direction des femmes l’adoption d’un projet de loi sur la procréation médicalement assistée (PMA). Il a évoqué une réforme visant à “maîtriser les flux migratoires“, le droit d’asile et les limites du devoir d’accueil, intégrant la pression de l’extrême-droite, sans le dire bien sûr. (1)
Concernant la vie démocratique, de belles formules pour “tout changer du sol au plafond“…qui n’engagent que ceux qui les croient. Le gouvernement veut rassembler pour parer au danger de fracture de la société, vu la menace qui nous guette à l’extrême-droite.Il ne l’a pas formulé ainsi et il ne pouvait le faire sans expliquer l’échec des politiques libérales menées depuis plus de trente ans dont celle qu’il incarne.
C’est ce qu’a développé le député communiste Fabien Roussel en réponse au 1er ministre : “Vos annonces ne sont pas à la hauteur des attentes, car ce que vous demandent les Français, en métropole comme dans les territoires d’outre mer accablés par la vie chère, ce n’est pas l’aumône, ce ne sont pas des miettes, c’est tout simplement d’être respectés. C’est d’avoir un travail et de pouvoir en vivre dignement, c’est de pouvoir élever correctement leurs enfants, avoir accès aux loisirs, au sport, à la culture…”(2)
- Philippe n’a donné aucun chiffre : rien sur le coût de toutes les mesures annoncées et sur leur financement : combien et qui va payer ! Il faudra attendre le proet de loi de finances pour 2020.
Il aura bien du mal à rassurer une opinion qui n’est pas dupe de ce qui l’attend. Macron souffle sur des braises toujours ardentes il a toutes les chances de nourrir un mécontentement social qui a une occasion concrète de le manifester en soutenant le référendum d’initiative partagée sur les ADP, désormais ouvert.
René Fredon
(2) Intervention de F. Roussel : http://www.pcf.fr/actualites_fabien_roussel_discours_l_assembl_e_nationale