Train frêt Brégaillon /Seyne
La Seyne : à droite la polémique rebondit
La trève des confiseurs a quelque peu calmé les ardeurs au sein de la “majorité” de droite fracturée par une sécession initiée par le 1er et le 3è adjoint, Colin et Capobianco à la tête de 22 colistiers du groupe, sur les 35 élus, mettant du même coup madame la maire en minorité.
Tout en jurant qu’ils continueront de soutenir le programme -très libéral- qu’elle met en oeuvre mais en contestant le peu de mise en valeur de ses adjoints.es, jaloux de ses prérogatives et de sa tendance à attirer la lumière médiatique.
Les dissidents exigent des changements de méthodes les associant davantage et leur laissant une certaine marge d’initiatives dans le cadre de leur délégation. Colin exige un bureau à côté de celui de la maire ? Bonjour l’ambiance !
Madame Bicais a fort mal pris la chose et a menacé, dans un premier temps, de remettre son mandat en jeu, ayant sans doute en mémoire l’initiative publique très solitaire de son 1er adjoint quelque mois au tout début de leur arrivée aux responsabilités.
Elle avait dû y aller d’un communiqué public et se désolidarisait sur le fond comme dans la forme des propos tenus par JP Colin dans un bulletin politique largement diffusé dans la population, à l’insu de la maire. Cette lettre pointait une dérive communautariste de certaines associations seynoises !! Une sorte d’ultimatum sécuritaire qu’aurait apprécié Zemmour.
On comprend mieux, avec le ralliement de Peltier, récent n°2 des LR, passé aux côtés du révisionniste de l’ultra-droite islamophobe et fier de la colonisation, la porosité qui règne au sein des “Républicains” dont une partie est attirée par l’extrême-droite, comme Ciotti, une autre par Macron, comme Falco, Estrosi, Muselier, emboîtant le pas de l’ancien 1er ministre, E. Philippe qui avait muté cinq ans plus tôt avec Le Maire, Darmarin, Bachelot et autres ministres de Macron, portant les mêmes politiques libérales aux côtés d’une partie des cadres “socialistes” et “verts”.
Valérie Pécresse veut ressortir le kärcher pour “faire régner l’ordre” dans les quartiers populaires, où le taux de chômage est deux à trois fois plus élevé, comme le niveau de pauvreté et l’exclusion sociale.
Elle veut se démarquer de Macron en faisant de la surenchère libérale et pour éviter la fuite d’électeurs vers l’extrême-droite, en partageant un discours et des idées qui les rapprochent.
Voilà qu’à La Seyne, un autre adjoint, Cheikh Mansour, ex-adhérent LR et qui, à ce titre, en était le représentant local, vient de quitter la maison-mère, s’alignant sur Falco il rejoint le micro-parti crée par E. Philippe “Horizons” pour soutenir Macron.
Les motivations du démissionnaire ne manquent pas de sel :”Le parti est devenu trop conservateur, sectaire, opposé aux évolutions sociétales. On y cultive l’entre-soi, ce n’est plus un parti qui parle aux classes populaires…”? On ne le lui fait pas dire. Comme si avant, du temps de Sarkozy, par exemple on savait parler au peuple :”Descends, pauvre con...” ça résonne encore et pas que dans les HLM.
Maintenant V. Pécresse veut aussi nettoyer les quartiers populaires à la sauce Sarkozy, comme le 1er adjoint Colin dans sa lettre. Et que pense Mr Mansour de son nouveau leader qui assume de vouloir “emmerder les non-vaccinés” ? Quel mépris, quelle classe, quelle hauteur de vue pour le président de la République en exercice !
La journée d’action puissante et unitaire des enseignants et personnels de l’Education nationale prouve à quel point le fossé se creuse et pas que dans la fonction publique stratégique ! Le pouvoir accuse le coup.
Ayant perdu la tête, avec la démission de Falco, immuable patron des LR, décideur des investitures depuis trois décennies, les instances n’ont pas traîné pour nommer comme référent à La Seyne un autre adjoint, Ludovic Pontone, fidèle au parti dominant du groupe éclaté.
- M.Capobianco a cru bon de justifier la création du sous-groupe des 22 pour se démarquer de celles et ceux ” qui ont essayé de faire tomber La Seyne dans le camp macroniste…” On est au comble de la confusion. Aurait-il oublié que Mme la maire -qui n’est pas dans les “22” dissidents- fait toujours partie des LR ? D’ailleurs elle a réagi pour rappeler que la coalition des 35 était formée de diverses tendances (de la droite, du centre jusqu’ à l’extrême-droite pour être précis) et que “chacun peut faire ce qu’il veut pourvu qu’il travaille pour les Seynois, ce qui est le cas de M. Mansour...”
La population a lieu de s’inquiéter d’une telle situation de blocage malgré les tentatives des uns et des autres pour ranger les couteaux et mettre en sourdine les divergences politiques et les ambitions personnelles. Cela pour donner le change. En fait, ils ne font qu’alimenter la polémique qui a toutes les chances de laisser l’exécutif dans une impasse.
Quel bilan et quelle image !
Comme sonnent bien ces deux vers de Molière dans le Tartuffe ou l’imposteur :
“Oui tout le monde en parle et vous m’en pouvez croire
L’éclat que fait ce bruit n’est point à votre gloire…“
René Fredon