Le cynisme en plus
“Pendant qu’une grande partie de nos concitoyens crèvent de ne pas boucler les fins de mois, de ne pas se chauffer et de ne pas manger dignement, toute la presse économique vient de sabrer le champagne unanimement.
Le CAC 40 a achevé 2021 sur une progression de près de 30%, du jamais-vu depuis plus de vingt ans. Les 500 plus grandes fortunes françaises détiennent désormais 47% du PIB national, contre 6% il y a vingt-cinq ans.
Une étrange défaite, assurément. Mais pas pour tout le monde…“
Ainsi conclut l’éditorial de l’Humanité de ce lundi sous la plume de Jean-Emmanuel Ducoin
Comment les Français.es aux ressources très insuffisantes, pourraient-ils ne pas s’indigner à l’annonce d’un SMIC seulement “augmenté” de 0,9% dans un contexte d’inflation, (+2,8% en décembre) d’explosion des prix des énergies mais aussi des prix d’un large éventail de produits alimentaires -ou non- de première nécessité ?
Cela dans un contexte d’aggravation de la situation sanitaire qui plonge les peuples d’Europe et du monde dans une incertitude, une angoisse du lendemain dont les effets corporels et psychiques s’avèrent très perturbants d’autant que la pandémie se développe encore plus vite dans les pays développés : parmi les 12 premiers pays les plus endeuillés dont la France, 10 sont membres du G 20, ils représentent 80% du PIB mondial. Et ils enregistrent plus de la moitié des décès dans le monde (5,4 millions).
“L’obsession des pays riches c’est que la chaîne de production des profits ne s’interrompe pas. Ils perdent juste de vue que le monde, aujourd’hui, ne fait qu’un et donc que le virus continuera de circuler et de muter à partir des pays les moins armés”, comme l’écrit l’économiste communiste Yves Dimicoli.(2)
Comment comprendre en une année, une telle envolée des marchés financiers -au profit des seuls actionnaires- tandis qu’on vit une dégradation de notre pouvoir d’achat, la montée des inégalités sociales, le dérèglement climatique et que les plus gros pollueurs se nourissent d’une crise sanitaire qui rebondit à chaque variant et qui n’est pas maîtrisée par les pays les plus avancés dans la recherche et dans les technologies médicales ? Les grands laboratoires privés refusent de lever leur droit de propriété sur les brevets avec la complicité des Etats !
Une partie de la réponse nous est donnée par des experts très bienveillants : “la très bonne santé des indices boursiers s’explique par l’abondance des liquidités apportées par les banques centrales”. A tel point que les grandes entreprises bénéficiaires de ces dotations n’ont pas investi dans la transition écologique ou dans les salaires mais…dans l’épargne ! C’est-à-dire la spéculation et les dividendes.
C’est ce que Macron appelle” la bonne santé de la France et des Français“. On peut en effet compter sur lui pour servir “son” pays et l’Europe. C’est grâce à lui que les très riches le sont toujours plus et inversement…il y a de plus en plus de pauvres et d’inégalités. Il confirme, en même temps, qu’il y a de la richesse dans un certain nombre de pays mais qu’elle ne va qu’à un pôle, celui des possédants du capital et de leurs héritiers.
L’ascenseur social ne s’arrête pas aux étages inférieurs. Les “possédés”, c’est nous, tant que nous n’aurons pas majoritairement conscience que ce système ne changera pas de nature. Tout au plus il concédera quelques avancées aux classes populaires lorsque le rapport des forces sociales l’imposera. Mais il reprendra aussi vite que possible ce qu’il aura concédé, tant qu’il sera au pouvoir.
Raison essentielle pour n’attendre rien, aujourd’hui comme hier, de la part des possédants, gouvernants compris, si ce n’est ce que les salariés.es auront conquis par leurs luttes et elles se multiplient tant les profits privés s’étalent sous notre nez.
Cette lutte des classes n’est pas une idéologie mais une réalité palpable que l’idéologie capitaliste cherche à masquer…non sans quelques succès dans l’histoire. Le système capitaliste n’est plus à son apogée, son déclin est visible, il n’est plus le gardien d’une “démocratie” de moins de moins bien nommée, il est encore une puissance économique et militaire parmi d’autres qui a besoin de tensions pour exister et sauver ses intérêts.
Il leur faut paraître optimistes, les performances des marchés financiers leur servent de trophée. C’est ça leur stratégie ! l’état d’urgence leur permet de faire voter le “passe vaccinal” aux forceps en divisant la population, ils décident d’instaurer des “urgences payantes”!! Pour celles et ceux qui n’auront pas de mutuelle, ça fera 20 euros à débourser si on ne vous garde pas : énorme scandale au détriment des plus pauvres. Les riches et hauts salaires n’en ont rien à faire. Jusqu’où iront-ils ?
Cynique symbole : la légion d’honneur pour Mme Buszin qui a laissé détruire notre stock de masques au début et qui fut remplacée. De la provocation pure et simple !
Petit frémissement, à l’assemblée nationale, des députés LREM ne suivront pas leur groupe au sujet du pass vaccinal, déplorant que “l’exceptionnel devien(ne) aujourd’hui la norme“. Restera une majorité de députés macronistes plus le PS se déclarant “pour”, comme nombre de députés LR. Ont votét contre FI, PCF…et RN
Plus que jamais la question du pouvoir d’achat et plus généralement les urgences et injustices sociales arrivent en tête des préoccupations des Français.es, ce qui ne veut pas dire que le défi climatique perdrait de l’intérêt, bien au contraire. Ces deux priorités sont intimement liées.
De même on ne peut se contenter de préconiser une meilleure répartition des richesses et une autre politique fiscale, ce sur quoi tout le monde est d’accord mais pour réussir la transition progressiste et pleinement de gauche, il importe de prendre la main sur la finance, si l’on veut maîtriser les choix de production et la manière de produire, compatible avec les exigences climatiques. Cela passe par des doits nouveaux pour les salariés.es dans les entreprises et par le développement des services publics, entre autres…
C’est ce que porte la candidature communiste et qui en fait la singularité.
René Fredon
(1)
https://www.humanite.fr/politique/editorial/editorial-salauds-de-pauvres-732867)
(2)