Législatives 2024
Sept jours pour sauver la République
Le premier tour de l’élection législative, après la dissolution voulue par Macron, a confirmé
le haut niveau atteint par le RN avec 30,5% des exprimés au plan national, 33,5 avec les alliés. Il y a eu 65,5% de votants. Un sursaut de participation qui semble s’être partagé entre les trois blocs dominants.
Si le RN a confirmé son score des européennes, il n’est pas majoritaire, loin s’en faut, même avec ses alliés LR autour de CIOTI . C’est bien pourquoi il lui faut obtenir la majorité absolue au second tour pour appliquer son programme qui n’a rien de républicain mais tout d’une extrême-droite qui se dit prête à l’alternance et à rassurer les marchés financiers tout en mettant l’accent sur un projet autoritaire, raciste et liberticide.
Dans le Var, 5 de ses 7députés (sur 8) ont été réélus. Le seul, Yannick Chenevard, dans la 1ère circonscription de Toulon, de l’ex-majorité présidentielle est devancé par le candidat RN Sébastien Soulé en provenance de…l’ex-macronie il y a deux ans ! Le vent tourne. Il est en ballotage favorable mais il peut être battu par le sortant, le candidat LFI-Nouveau Front Populaire, Eric Habouzit 22,38, arrivé 3ème, se retire bien que qualifié et appelle au barrage.
J-L Mélenchon était l’un des premiers à commenter le moment politique inédit que nous vivons et la nécessité non seulement de faire barrage au RN mais de changer de cap politique qui nous a conduit là où nous sommes: « il est possible de donner une majorité absolue au NFP…avec 246 triangulaires c’est faisable…Le futur n’est jamais écrit d’avance…!
La réalité, même si le RN domine la course, c’est que trois Français sur quatre n’ont pas voté pour lui ! Il y a de la marge et peu de temps. Raison de plus pour ne pas en perdre !
Les ténors de la macronie ou des républicains, sur la 2, se démarquaient spontanément (A. Bergé, J-F Coppé…) quitte à laisser filer la situation ! C’est que l’union de la gauche leur paraît plus dangereuse que les émules des dictateurs les plus répugnants par, leur « cynisme, leur haine, leur racisme, leur démagogie et bien d’autres choses »
Marine Le Pen fut la première à saluer «la victoire du peuple »et à s’empresser de changer d’étiquette. La voilà à la tête de l’«union nationale» garante de nos institutions, de nos libertés, de notre sécurité..». De tout ce que vous voulez, j’en passe et des meilleures.
Me viennent ces propos à l’Humanité, de Roland Gori, psychanalyste…» comment en sommes-nous arrivés à ce que les victimes d’hier puissent espérer des descendants de leurs bourreaux une protection illusoire et paradoxale ? Je n’évoquerai qu’un seul facteur favorisant cette tragique situation : la « casse » des services publics et la prolétarisation de nos existences..». »
Déjà Bordella sort la grosse Bertha sur le «péril existentiel» que représenterait le NFP et singulièrement la LFI dont nombre de leurs dirigeants ont été réélus au 1er tour, certains très largement.
Fabien Roussel a eu moins de chances, battu dans sa circonscription. Mais pas abattu. «Le NFP reste une force d’espoir pour l’avenir, il y a nécessité urgente de changement. Le combat continue. Le NFP est le principal rempart. D’autres forces peuvent s’y associer, il y a beaucoup de triangulaires. Tout est possible. Prenons nos responsabilités, mettons tout en œuvre avec le retrait de nos candidats et appelons à la réciprocité pour que le RN ne mette pas la main sur la République ! »
Macron voulait redonner la parole au peuple, il a le résultat de sa politique libérale et de sa bienveillance à l’égard de l’extrême-droite dont il se disait le rempart. Le marchepied plutôt indéniablement. Durcissant la répression des mouvements sociaux depuis les gilets jaunes et autres manifestations à but social et/ou climatique. Pour le RN ce n’était pas assez. On va voir ce qu’on va voir…Eh bien, relevons ce défi. Il en est encore temps
Pour Macron et son ni droite, ni gauche c’est fini ! « Il a tué sa majorité » avait dit tardivement son ancien premier ministre Ed. Philippe. Que va-t-il nous sortir? On n’attend plus grand chose de lui.
LR aussi c’est fini. Déjà très affaiblis par Macron et le RN, comme on l’a vu dans le Var, territoire dominé depuis 40 ans par la coalition des gaullistes et des indépendants, ces derniers assez volatiles. Le RN ayant absorbé une forte proportion de leur électorat ces dix dernières années.
Tous ne sont pas gagnés à la stratégie de Macron mettant scandaleusement gauche unie et RN dans le même sac et diabolisant une partie de la gauche ? La Résistance française devant la collaboration pétainiste rassemblait toute la diversité patriotique et républicaine… sauf l’extrême-droite.
Nous avons une semaine pour éviter le pire !
René Fredon