Législatives

La Nouvelle Union Populaire à l’offensive

 

Qui l’eût cru au soir du second tour de la présidentielle ? Peu de monde à gauche, après les scores très bas des candidats écologique, communiste, socialiste et trotskistes hormis LFI et ses 22% au 1er tour qui la propulsaient à 421 309 voix de la qualification pour le second tour !

 

L’heure était à la déception générale et aux réactions réciproques plutôt très critiques dans le camp d’une gauche divisée et qui finalement perdait. Malgré le niveau atteint par Jean-Luc Mélenchon récoltant deux fois plus de voix que les cinq autres candidats réunis. L’ensemble étant en progression de plus de 4 points sur 2017 avec 11,16 millions de suffrages, au même niveau que les deux finalistes.

 

Dès les résultats du second tour connus, Jean-Luc Mélenchon lançait le défi de faire des législatives le scrutin qui pouvait rendre possible une majorité pluraliste compte tenu du mode de scrutin. Une majorité “qui reposera sur des groupes parlementaires de chacune des composantes et se dotera d’un intergroupe pour compléter et poursuivre après l’élection ce travail commun” (1)

 

Une victoire possible qui conduirait cette fois l’ensemble de toute la gauche à ne faire qu’un et, à partir de “l’avenir en commun”, adopterait un socle politique commun de rupture avec le libéralisme de Macron comme avec l’extrême-droite qui se nourrit de l’impopularité et des échecs d’un président élu par défaut.

 

Cet accord additionne les convergences, sans mettre les divergences sous le tapis. La NUPES présente partout des candidats.es communs ce qui crée les conditions d’une majorité pour conduire le gouvernement et mettre en oeuvre, dès juillet un certain nombre d’objectifs déjà actés dans les accords conclus avec EELV, le PCF, le PS et LFI. Le premier ministre étant naturellement issu du groupe le plus représentatif.

 

Un accord historique

 

Il faut remonter très loin pour acter un accord aussi large sur un contenu social et écologiste aussi élevé. Nous étions encore très divisés au soir du 1er tour et sortions d’une longue séquence de candidatures multiples à gauche, à la présidentielle, la victoire de Macron en 2017 qui se prétendait “ni de droite, ni de gauche” attirait des ministres issus du gouvernement Hollande et des LR. L’aspiration à l’union de toutes les victimes du macronisme n’avait pas été suffisamment comprise. La leçon a été tirée et un accord inédit de toute la gauche a été conclu le 3 mai 2022.

 

Il y eût un autre 3 mai dans notre histoire…le jour de la victoire du Front populaire aux législatives de 1936. Pour la première fois, depuis la scission du parti socialiste et la naissance du parti communiste en décembre 1920, les deux partis de gauche se référant au marxisme, se retrouvaient (avec le parti radical longtemps le plus influent), face aux émeutiers d’extrême-droite, à l’assaut du Palais-Bourbon le 6 février 1934. Déjà, Mussolini, Hitler, Franco, Salazar…avaient accédé au pouvoir et allaient s’unir pour asservir le reste du monde.

 

En peu de temps, le Front Populaire laissa des traces profondes qui ont marqué notre histoire sociale, grâce à l’immense mobilisation populaire sous forme de milliers de grèves, beaucoup avec occupations d’usines, de manifestations de centaines de milliers de personnes…débouchant sur les fameux accords de Matignon.

 

Avec des résultats inédits : augmentations de salaires de 7 à 15%, 2 semaines de congés payés, les 40 h, les conventions collectives, le droit syndical garanti, les délégués protégés, la retraite des mineurs, les allocations-chômage, l’office du blé…etc, une grande victoire sur la misère !

 

Répondre à un immense espoir

 

Les 12 et 19 juin 2022, l’enjeu est de même portée historique : nous pouvons faire reculer la misère et les inégalités, des millions de familles sous le seuil de pauvreté, désespèrent de ne jamais voir évoluer leur situation sociale, Macron supprime les APL ! La vie des gens se dégrade, les revenus sont insuffisants, la protection sociale, nos services publics se délitent… il veut porter l’âge de départ à la retraite à 65 ans, financiariser nos retraites, augmenter la durée du travail. Le monde à l’envers !

 

Seuls les riches se frottent les mains et étalent leur indécence, leur mépris, leur arrogance. Ils séquestrent les profits énormes tirés du travail humain et bénéficient d’exonérations d’impôts et de charges dissimulant leurs profits dans les paradis fiscaux.

 

Nous devons répondre à un espoir immense” a déclaré Fabien Roussel en actant les premières mesures qui vont tout de suite améliorer la vie des gens : hausse des salaires, retraite à 60 ans, blocage des prix des produits de première nécessité, embauches dans nos services publics…Et en rappelant la nécessité d’abroger la loi El Khomri et les ordonnances Macron sur la Loi travail et les ruptures du contrat de travail. Ainsi que la nécessité d’un grand pôle public bancaire pour maîtriser -avec les salariés- l’utilité sociale des investissements.

 

Unis nous pouvons redonner confiance à toutes celles et ceux qui l’ont perdue et qui se   désintéressent du vote, sous-estimant jusqu’alors la possibilité d’élire une majorité de gauche prête à affronter les politiques libérales incapables de répondre aux exigences écologiques et aux transformations de nos modes de production et de consommation à l’échelle nationale et mondiale.

 

La conqûete du pouvoir par la voie parlementaire est à portée d’un sursaut et d’un vote citoyen. La nécessité d’union et de contenu de cette union répond aux attentes sociales et écologiques.  Son label : la Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale (NUPES).

 

Du côté du pouvoir et des médias complaisants, on cherche naturellement à sous-estimer l’initiative à laquelle ils ne s’attendaient pas. “Ils ont des désaccords…notamment sur l’Europe, le nucléaire, l’OTAN, ce n’est pas sérieux” disent-ils en avalant leur salive. Au PS, les “éléphants” passés chez Macron sont indignés ! Il ne faut pas compter sur eux pour affronter le capital ! Mais le conseil national a validé l’accord, dans la douleur. Les signataires ont du mérite. (Dernière nouvelle : la LREM c’est fini : elle change aussi, pas de politique…seulement de nom ! Elle s’appellera “Renaissance”).

 

Quant aux désaccords à gauche, il y en a, les discussions ont été longues et serrées, nul ne le nie. Chaque parti ou mouvement aura son autonomie d’expression et de fonctionnement. Le pacte de législature signé après des heures d’échanges sera respecté par tous parce qu’il porte sur les attentes et les priorités les plus urgentes et les plus symboliques d’un pouvoir populaire.

 

Il y a, par ailleurs, beaucoup de convergences sur tous les sujets de compétence d’un gouvernement. Notamment sur les questions de la guerre et de la paix, du défi climatique majeur et celles touchant à la démocratie, aux institutions, au respect de la souveraineté nationale et de celle des citoyens.es.

 

Cette transparence constitue justement un gage de crédibilité de ce rassemblement de la raison, de toute la gauche et au-delà de tous les citoyens.es progressistes de qui tout dépend.

 

 

René Fredon

 

(1)https://www.pcf.fr/accord_entre_la_france_insoumise_et_le_pcf_pour_les_prochaines_lections_l_gislatives?utm_campaign=communistes_903&utm_medium=email&utm_source=pcf

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