Les terribles surenchères de l’administration Trump 2 (Ce qu’ils ne disent pas dans les infos télé)

 Par Bruno Odent

L’oligarque élu président qui rentre à la Maison-Blanche ce 20 janvier 2025 entend se porter au chevet d’un système profondément atteint par la financiarisation et surmonter l’énorme crise de confiance populaire pendante qui lui a permis de triompher le 5 novembre. A l’intérieur, il mise tout sur une « libération » de la finance jusque dans ses critères les plus spéculatifs, comme ceux des cryptomonnaies, et à l’extérieur sur une dangereuse course au rétablissement d’une domination du monde par l’empire états-unien qui vise explicitement la Chine et sa montée en puissance.

Quasi simultanément à la campagne présidentielle qui allait voir la victoire sans appel de Donald Trump, Boeing, fleuron industriel des États-Unis, connaissait une grève historique. L’événement n’a pas suscité les gros titres de la presse française et européenne. Et pourtant il est profondément emblématique de la très profonde crise du système états-unien. Sur tous les plans, économique, social, sociétal et politique. Un immense malaise que Donald Trump a réussi à instrumentaliser.

Les 7 semaines de grève totale des ouvriers du constructeur aéronautique, durant lesquelles aucun avion n’est sorti des chaînes de production des sites berceaux du groupe dans la région de Seattle, révélaient l’ampleur de la défiance à l’égard d’une gestion patronale toujours plus financiarisée. Dotés d’un syndicat, les travailleurs de Boeing ont pu faire face, arracher de conséquentes augmentations de salaires (+ 38 % sur 4 ans) qui leur ont permis de compenser les pertes subies durant les deux dernières décennies en raison d’une baisse sensible de leur pouvoir d’achat accentuée encore par l’inflation de la dernière période. En dépit de leur détermination, ils n’ont cependant pas pu obtenir un retour à un système de retraite à prestations définies alors que le montant de leurs pensions, issues désormais d’assurances individuelles par capitalisation, se réduit comme peau de chagrin

La « chasse aux coûts » et la recherche de « création de valeur » au bénéfice des actionnaires qui prévaut depuis plus de 20 ans chez Boeing, est devenue la règle pour toute une économie. Alors que la résistance a pu s’organiser au sein du géant de l’aéronautique, une immense majorité des salariés, dépourvus du moindre syndicat, est restée impuissante et donc encore plus livrée à tous les ressentiments.

Chez Boeing ce cancer financier allait gravement porter atteinte, au même moment, à la qualité et à la sécurité des productions. Quand les incidents en vol d’avions flambants neufs se multiplient jusqu’à provoquer deux crashs, l’arrachement d’une porte en plein vol ou encore des alertes majeures sur les trains d’atterrissage. Soit une série de « dysfonctionnements » graves qui ébranle la compétitivité même du groupe. La grève et les atteintes à la qualité et à la sécurité des appareils chez Boeing constituent les deux faces d’une même pièce révélant, de façon emblématique, l’ampleur de la déliquescence née de la financiarisation de tout un système.

Donald Trump, qui a tiré tout le parti de l’immense mécontentement populaire accumulé, est le symptôme politique de cette crise qui ronge toute une société. Lui qui a bénéficié d’un appui pécuniaire et logistique de Wall Street sans précédent, est censé « remettre en marche» le capitalisme états-unien.

Au menu du président élu qui s’apprête à faire son entrée ce 20 janvier 2025 à la Maison-Blanche : libéralisme débridé, autoritarisme et attaques d’une ampleur inédite contre les migrants, ces boucs émissaires commodes du système malade ; utilisation maximum d’un arsenal de taxes douanières pour rétablir la suprématie commerciale menacée de l’Oncle Sam, vis à vis de la Chine, ennemi toujours plus ouvertement proclamé mais aussi des « partenaires » réputés les plus proches comme l’Europe , le Canada ou le Mexique. Et extension des logiques et des pressions impérialistes pour replacer le monde sous la férule du capital états-unien.

Pour « restaurer la grandeur de l’Amérique » (Make America great again) Donald Trump est prêt à aller bien plus loin que lors de son premier mandat et à augmenter singulièrement les doses de traitements spéciaux administrés aux citoyens des États-Unis et du monde. Avant même son entrée à la Maison-Blanche, sa méthode et ses priorités se laissent déjà clairement discerner.

Purge de l’administration et méga-austérité pour les travailleurs.

L’État fédéral et ses réglementations présentées comme tentaculaires sont désignés comme les principaux responsables des difficultés enregistrées aujourd’hui. La recette de la nouvelle administration trumpiste est simple : couper à la hache dans les dépenses de l’État fédéral et libérer les seules initiatives qui vaillent, celles des traders et des entrepreneurs privés. Elon Musk, qui doit être promu à la tête d’un ministère chargé de « l’efficacité gouvernementale », et ses amis libertariens de la Silicon Valley seront maîtres d’œuvre du traitement de choc infligé à l’État fédéral.

L’oligarque de Wall Street, patron de Tesla, Space X et du réseau social X (ex-Twitter) qui a mis de sa personne et financé, pour quelques cent millions de dollars, la campagne du président élu , réalise un sacré retour sur investissement. La valeur des titres de ses trois sociétés a bondi en Bourse dès l’annonce du résultat. De quoi conforter sa position d’oligarque le plus riche du monde. Quant aux conflits d’intérêt plus que manifestes du champion du capitalisme sans entrave (subventions publiques aux véhicules électriques, contrats mirobolants avec la NASA), ils sont traités par le mépris.

L’objectif assigné par le nouveau maître de la Maison-Blanche est, on ne peut plus clair : il faut , martèle-t-il « sabrer les régulations excessives, couper dans les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales » D’un tempérament pas précisément introverti, le président, son super-ministre et ses amis de la Silicon Valley n’ont pas longtemps fait mystère de leurs ambitions. Il y aura jusqu’à 2 000 milliards de dollars (un peu plus de 1 900 milliards d’euros) de coupes claires, soit environ un tiers d’un budget fédéral qui culmine entre 6 500 et 7 000 milliards de dollars (5 800 à 6 600 milliards d’euros).

https://www.humanite.fr/monde/donald-trump/on-vous-resume-ce-quil-faut-retenir-du-discours-dinvestiture-de-trump

Toutes les agences fédérales sont concernées par la méga-austérité du gouvernement de choc qui va s’installer à Washington. L’addition de ces bouleversements désirés sera présentée exclusivement à ces classes modestes qui ne pèsent rien dans les enceintes financières. Finie l’éducation publique. Le ministère fédéral est confiée à une certaine Linda McMahon, ex patronne de la fédération états-unienne de catch. Championne de l’esbrouffe sur le ring comme dans l’arène politique, n’a-t-elle pas déjà, avant même de prendre ses fonctions, décrété que les attributions publiques de son ministère seraient vouées à la disparition pour faire place nette, là encore, à la seule initiative qui vaille, celle du privé ?

Avec Trump 2 sont également voués à disparaître les programmes publics Medicare et Medicaid, destinés à fournir aux retraités et aux plus démunis un minimum de couverture santé. Le nouveau ministre pressenti, Mehmet Oz, ex-chirurgien, s’est fait un nom comme vedette des émissions de télévision spécialisées dans la promotion des médecines dites alternatives. Son objectif déclaré : poursuivre le démantèlement des caisses publiques, déjà bien entamée par l’administration Biden/Harris. Jusqu’à nier leurs missions d’intérêt général pour les faire passer sous la coupe des assureurs privés. On ne saurait mieux accentuer encore les injustices dans l’accès aux soins et stimuler, ce faisant, la régression continue de la courbe de l’espérance de vie, quand les Etats-Unis sont, sur ce terrain, désormais talonnés par… Cuba (78 ans contre 74 pour les habitants de la grande île). L’explosion des inégalités et des injustices qui ont tant nourri le délabrement de tout un modèle, ont de beaux jours devant eux.

Déréglementation pour le capital…

Les chiffres de la croissance, plutôt flatteurs, tout comme les mesures officielles de l’évolution des rémunérations des salariés, n’ont permis en rien de mesurer le niveau des souffrances populaires et l’immense mécontentement qui a nourri finalement le vote Trump. Car elles ont été établies selon des critères de Wall Street, aveugles à la montée de ces tensions. Pourtant depuis au moins 30 ans les revenus du capital n’ont cessé de capter une part grandissante de la valeur ajoutée créée par les entreprises au détriment constant des salaires. Jusqu’à mettre en cause aujourd’hui ce minimum d’équilibres, sans lequel le vivre ensemble devient toujours plus problématique.

La répartition entre les revenus du travail et ceux du capital n’a cessé, depuis 20 ans, de se détériorer, au détriment des premiers. En 2022 seulement 58 % du total de la richesse créée dans le pays parvenait aux salariés, soit près de 10 % de moins qu’au tournant des années 2000. Cette énorme ponction est le résultat de l’application systématique d’une politique dite de « mobilisation de la valeur pour l’actionnaire ». C’est elle qui a nourri un creusement des inégalités comme jamais dans le pays. Quand les oligarques du capital raflent tout. Quand la capitalisation des 500 plus grosses sociétés états-uniennes cotées en bourse gonfle de quelques 60 % sur seulement deux ans, entre 2023 et 2024. Quand ces champions de Wall Street ne laissent plus que des miettes aux travailleurs, les 20 % des citoyens états-uniens les plus pauvres ne percevant plus en 2023 que 3,2 % du total de la richesse produite par le pays.

C’est cette orientation délibérée en faveur de la financiarisation qui suscite le sentiment de déclassement d’une immense majorité de salariés. Si essentiel pour comprendre la détermination des grévistes de Boeing évoquée plus haut, elle devient très mauvaise conseillère pour l’immense majorité silencieuse dépourvue de syndicat, condamnée à subir tous les diktats patronaux. Terrible contradiction : c’est aujourd’hui le plus grand matamore du capital financier qui est désigné pour panser les plaies d’une société déglinguée par… la financiarisation.

Wall Street apprécie et célèbre le président élu. Les cours flambent depuis le 5 novembre dernier. Les marchés considèrent le nouveau locataire de la Maison-Blanche comme leur homme. Celui pour qui le progrès ne saurait se mesurer qu’au rythme de l’amélioration des rentes financières, jusque dans leurs dimensions les plus spéculatives.

La valeur des cryptomonnaies est montée au plafond. Baptisées bitcoin, litecoin ou encore ethereum, ces monnaies sont des produits purement numériques. Elles présentent l’avantage de ne pas subir la moindre réglementation, à la différence des devises émises par les banques centrales. Un investissement à risque puisque les cours peuvent être extrêmement volatiles. Mais tous les coups sont permis, pour les opérations les plus lucratives. Sans qu’on soit regardant sur l’origine même des fonds déplacés. Un rêve, on l’aura compris, non seulement pour les traders les plus « téméraires » mais aussi pour toutes sortes de sbires spécialisés dans le blanchement d’argent.

Elon Musk est l’un des plus fervents partisans de ces cryptomonnaies. Il s’en sert couramment dans des transactions concernant ses trois sociétés, Tesla, space X ou le réseau social X (twitter). Comme grand ordonnateur de l’efficacité économique dans le gouvernement Trump, il ne fait aucun doute qu’il mettra tout son poids en faveur d’une banalisation de l’usage de ces monnaies virtuelles. N’a-t-il pas lui-même promu DOGEcoin avec un logo à tête de chien qui est aussi, singulier hasard, l’exact acronyme de son ministère chargé de l’efficience gouvernemental, le DOGE ou Department of Governmental Efficiency.

… jusqu’à risquer l’overdose financière et (ou) d’émission de CO2.

Comme pour confirmer le sens le plus libéral-libertaire de sa démarche à l’égard des cryptomonnaies, Donald Trump a poussé le président de l’Autorité de Régulation des marchés financiers (SEC) à se démettre. Gary Gensler, qui s’est illustré précisément par sa volonté de réglementer les marchés cryptos, a annoncé le 21 novembre dernier qu’il ne sera plus en fonction le 20 janvier quand Trump entrera à la Maison-Blanche. La voie se libérait ainsi encore davantage pour les audaces les plus spéculatives. Ce qui n’a pas manqué de faire se pâmer à nouveau Wall Street, jusqu’à des plus hauts jamais atteints.

Toutefois, cette manière de soigner un système qui souffre précisément de l’emprise croissante de la finance pourrait très vite tourner court. C’est un peu comme si l’on préconisait de traiter le mal provoqué par la financiarisation en augmentant la prescription autorisée de « shoots » financiers. A ce compte-là, on risque d’atteindre très vite l’overdose. Et les formidables bulles financières accumulées autour des cryptos en liberté pourraient bien devenir le déclencheur d’un monstrueux krach historique.

D’autres secteurs où une suraccumulation apparaît programmée pourraient nourrir des bulles analogues. Comme celui des hydrocarbures. Big Oil qui affiche déjà des résultats record, est à la fête avec l’extension programmée de ses champs d’exploitation sur le territoire des Etats-Unis, qu’ils soient conventionnels ou à fraction hydraulique, C’est-à-dire fortement polluants.

Le président élu en a fait une priorité, martelant à maintes reprises durant sa campagne qu’il faudrait « forer, forer, forer » (drill, drill , drill). Cet appel frénétique est bien plus qu’une provocation climato-sceptique. Il vise à renforcer l’autonomie énergétique et la pole position stratégique acquise par les Etats-Unis dans la production d’hydrocarbures. En dépit de toutes les conséquences pour la croissance confirmées d’émissions de CO2 qui est en train de prendre une dimension toujours plus préoccupante pour l’avenir de l’humanité.

Ces contradictions vont s’aiguiser avec la volonté affirmée de la nouvelle administration de dégager le terrain d’une nouvelle accumulation financière. Selon une logique qui va de pair avec une agressivité commerciale sans précédent, appuyée sur la domination du dollar.

Une agressivité commerciale décuplée en usant à fond de l’arme du dollar…

Avant même son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump a déjà déclaré la guerre commerciale au monde. Dès le 22 novembre 2024, il a annoncé une forte hausse des droits de douane pour l’entrée des marchandises en provenance des trois pays qui enregistrent les échanges les plus importants avec les États-Unis : le Mexique, le Canada et la Chine. Les deux premiers verront la totalité de leurs exportations taxées à 25 %. Le troisième, déjà placé hors catégorie par le candidat Trump lors de la campagne électorale, verrait dans un premier temps les taxes douanières portées à 35 %. Mais le président élu qui déjà a annoncé la mise en place d’une taxe à 60 % sur les produits chinois ne s’arrêtera pas là.

S’appuyant sur la rhétorique raciste et populiste de ses discours de campagne il présente cette volonté de fermer les frontières comme un moyen d’empêcher les drogues comme le fentanyl, et les étrangers illégaux de poursuivre « l’ invasion de notre pays ». Les Européens sont prévenus, la guerre commerciale n’épargnera personne. Les voisins canadiens et mexicains, avec lesquels les États-Unis tissent les échanges les plus intenses depuis des décennies, sont aux premières loges. Même le traité de libre-échange NAFTA, déjà transformé par Trump lors de son premier mandat en accord USMCA, est dénoncé.

Au grand dam de la nouvelle présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, qui a exhorté le président élu à dépenser plus pour la paix et le développement dans le monde, afin de résoudre la cause des migrations ou encore à se pencher sur le problème de santé publique que constituait la consommation de drogue aux États-Unis.

Il reste que les guerres commerciales enclenchées par Trump visent des considérations bien plus structurelles destinées à rétablir l’influence et l’attrait de la place financière états-unienne. Elles sont appelée à constituer une arme supplémentaire pour drainer le capital vers les États-Unis et combler leurs gigantesques déficits commerciaux.

Dans cette course, le dollar, monnaie commune mondiale de fait, doit permettre de conquérir de nouveaux marchés et de nouveaux territoires. L’attraction pour un billet vert fort sur le marché des changes va accentuer en effet les difficultés de tous les concurrents, y compris européens. Ils risquent d’être contraints de revoir leurs politiques monétaires et d’augmenter leurs taux d’intérêt pour tenter d’enrayer vaille que vaille une fuite des capitaux vers les États-Unis.

Le phénomène s’est déjà fait lourdement sentir pour les pays rassemblés désormais au sein des BRICS +. Beaucoup d’entre eux se sont vus contraints d’augmenter fortement leur loyer de l’argent en réponse aux récentes hausses des taux de la Réserve fédérale. Il pourrait s’emballer au rythme de la guerre commerciale de Trump, avec des conséquences dramatiques sur l’Europe, pour les industries exportatrices, en particulier celles d’outre-Rhin déjà très malmenées.

C’est dire l’acuité nouvelle que va revêtir la bataille engagée par es BRICS+ pour se dégager de la domination du dollar, arme essentielle de l’impérialisme états-unien. Et l’intérêt pour l’Europe de se rapprocher de ce combat des Suds pour assurer sa survie et son autonomie à l’égard de Washington.

L’ennemi, c’est la Chine !

Il ne faut pas s’y tromper : la guerre commerciale qu’entend déclarer Donald Trump envers et contre tout jusqu’à toucher des pays alliés qui passaient pour desrelais essentiels de leur économie, est la résultante d’une offensive qui vise d’abord la Chine. Selon une volonté d’enrayer la montée en puissance économique et politique d’un pays qui talonne désormais les États-Unis.

Cette logique géostratégique est le fruit d’un consensus bipartisan depuis « le pivot » de Barack Obama, cette décision de l’ex président démocrate de faire basculer du Proche vers l’Extrême-Orient les gigantesques moyens politiques, économiques et militaires de Washington pour «endiguer» la Chine. Cette surenchère pourrait s’emballer jusqu’à constituer la plus importante menace pour les équilibres et la paix du monde.

Les vociférations du Président élu, comme le pédigree des représentants de l’administration Trump 2, ne laissent en effet guère de doute sur la fuite en avant belliciste programmée. Marco Rubio, le futur nouveau secrétaire d’État, exilé cubain, viscéralement anticommuniste, cultive une solide réputation de faucon anti-Pékin, partisan inconditionnel de l’autonomie de Taïwan, voire de celle recouvrée de Hong Kong. Pour Mike Waltz, le futur conseiller national à la sécurité du gouvernement, Pékin est l’ennemi public numéro un. Quant à John Ratcliffe, le nouveau chef de la CIA, il voit explicitement dans la Chine une menace à réduire car « engagée contre le leadership états-unien. »

La méthode destinée à terrasser la Chine se situera initialement sur le terrain commercial. Un recours systématique à des droits de douanes punitifs, portés à 60 % sur tous les produits chinois, a été annoncé durant sa campagne par celui qui démarre son bail de locataire de la Maison-Blanche le 20 janvier. Soit une escalade qui réduira vite les mesures lancées par le même Donald Trump en 2018 au statut d’amuse-gueules. On se souvient de la pourtant tonitruante taxation à respectivement 30 % et 20 % des panneaux solaires et des lave-linges importés de Chine.

Même les super-tarifs adoptés par une administration Biden, habitée de priorités géopolitiques voisines, devraient faire pâle figure. Le président sortant avait décidé de surtaxer l’équivalent en valeur de quelques 16 milliards d’euros de marchandises made in China, les véhicules électriques voyant leurs droits d’entrée sur le territoire états-unien portés à 100 %, les panneaux solaires et semi-conducteurs à 50 %, l’acier et l’aluminium à 25 %.

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Cette fois en effet c’est une fermeture à double tour pour toutes les productions venues de Chine qui est mise à l’ordre du jour. Rien ne doit échapper à la demande frénétique de hausse des droits de douane, mise en scène à plusieurs reprises par le candidat Trump sur les tréteaux de ses meetings de campagne. Même les produits réalisés ailleurs par des investisseurs chinois, en Europe, au Mexique ou au Canada, ne doivent pas échapper au couperet des taxes douanières.

Seulement, la mise en œuvre de ce « découplage » désiré des échanges avec la Chine – bien au-delà des mesures visant à « dérisquer » ces rapports, selon le néologisme cultivé jusqu’alors par l’administration Biden et les plus atlantistes des européens – est aussi traversée par des contradictions de taille qui pourraient aller jusqu’à les rendre très contreproductives. Un effondrement des échanges avec la Chine ne serait pas sans conséquences pour l’économie états-unienne. Les métaux rares exportés par la seconde puissance économique mondiale rentrent en effet dans la fabrication de nombreux produits made in the USA. Ce qui devrait poser de très graves problèmes d’approvisionnement à des secteurs industriels clé.

De plus, une forte hausse des droits de douane qui sera répercutée sur les prix ne manquera pas d’avoir des conséquences sur la consommation et l’activité, analysent plusieurs instituts de conjoncture outre-Alantique, alors même que le pays sort déjà si difficilement d’une période d’inflation qui a si gravement ponctionné les revenus des salariés. Comme ceux de… Boeing qui y ont puisé les ressources pour conduire une grève historique, si révélatrice du délabrement d’un modèle états-unien ultra-financiarisé.

Janvier 2025,Lu dans Économie et Politique du PCF

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