Ce n’est pas qu’une petite phrase de plus. A Colombey, à une retraitée qui l’interpelait sur sa situation concrète, Macron lui cita le Gl de Gaulle qui aurait dit :“on peut tout dire…mais pas se plaindre”!
Quel irrespect vis à vis de tous les retraités, comme il y a quelques jours à l’égard des chômeurs : il n’y avait qu’à traverser la rue pour trouver du travail…Plus qu’un style, c’est du mépris de classe venant de quelqu’un qui vit dans un autre monde, celui des affaires avant de se retrouver au sommet de l’Etat très isolé, à cent lieues de la vraie vie des gens ordinaires.
Mais il privatise à tour de bras et veut en finir aussi avec notre système de retraites, fondé sur la répartition, c’est-à-dire la solidarité entre les générations, un principe issu de la Résistance et mis en oeuvre par le gouvernement d’union nationale présidé par le Gl De Gaulle.
Il prétend conserver notre système par répartition qui a fait ses preuves depuis 1945 et 1947 pour les régimes complémentaires mais il prend le prétexte de leur diversité (il y en a une quarantaine) pour les unifier et mettre en place un régime “par points” dont l’évolution de la valeur est tout, sauf garantie. Et qui préfigure le passage à la capitalisation, à l’Américaine, qui laisse une part considérable de familles percevoir une retraite de misère, voire pas de retraite du tout, puisqu’elle est proportionnelle à ce qu’elles ont cotisé !
Autre argument, il y a de plus en plus de retraités.es qui vivent de plus en plus longtemps. C’est vrai et c’est heureux. Ce qui déséquilibre les comptes alimentés par les cotisations. Ce n’est pas fatal si l’on réduit le chômage et que l’on augmente les cotisations patronales et salariales en même temps que les salaires et les retraites.
Evidemment cela suppose la volonté politique de s’attaquer aux profits, à la richesse insolente des premiers de cordée, aux choix fiscaux (baisse des impôts sur le capital et les fortunes), à la fraude et à l’évasion fiscale qui sont le fait des milieux que fréquente Macron…qui le leur rend bien !
Les retraités.es (17,2 millions) ne sont pas une catégorie sociale homogène et la plus grande partie se situe largement en-dessous du niveau de vie médian des retraités.es estimé à 1 760 euros pour une personne par la direction des études statistiques du ministère de la santé. Macron a même envisagé de remettre en cause les pensions de réversion !!
De son côté l’OFCE, l’office français des conjonctures économiques, a calculé que 80% des ménages comptant un retraité seront perdants de 700 euros par an à l’horizon 2 020. Quant aux retraités isolés les plus précaires exonérés de l’impôt sur le revenu, de la TH et de la CSG, ils n’auront qu’une très faible augmentation de leur niveau de vie, payée par les autres retraités y compris ceux dont la retraite est loin d’être suffisante et non sur l’argent des riches
Voilà comment ils conçoivent la justice sociale qui consisterait à élever le niveau de vie général des retraités en appuyant fortement sur les plus défavorisés.
Comme le dit Pascal Santoni, le responsable national CGT retraités : “Macron cherche à diviser retraités et salariés en disant aux retraités qu’il faut se sacrifier pour donner du pouvoir d’achat aux salariés et favoriser la croissance. Mais porter atteinte au pouvoir d’achat des retraités n’a aucune chance d’améliorer l’activité économique du pays…La mise à bas du système des retraites par répartition pour favoriser le recours aux retraites complémentaires mais encore plus au système assurantiel est une bataille à venir pour les actifs comme pour les salariés.”
En effet, Macron est train de réaliser le rêve du patronat en liquidant la sécurité sociale pour que le privé s’empare des sommes énormes qui lui échappaient jusqu’à présent.
L’Etat supprimant les cotisations (c’est en cours) et l’impôt finançant les retraites (à terme) ce qui lui permettra de peser directement sur la gestion et d’agiter la carotte : “si tu veux une meilleure retraite, travaille plus et plus longtemps” ! On y est, en même temps que le chômage ne faiblit pas, que les salaires sont bloqués, que la précarité et les CDD se généralisent, que les services publics sont privatisés, que le niveau de vie régresse, ce que l’inflation vient accentuer…
- Philippe a confirmé que les retraites seraient revalorisées en 2019 et en 2 020 de 0,3% alors que l’inflation est prévue à hauteur de 1,7%, soit +0,4% par trimestre…de qui se moque-t-on ? Sans compter que la hausse de la CSG au 1er janvier 2018 en pénalise beaucoup !
Au sein de la majorité, certains s’interrogent sur le “décrochage” du président à -30% de popularité. “Les autres pensent qu’on fait une politique pour les riches..!” dit-on dans les cercles du pouvoir. Ils se demandent si ça ne vient pas de son manque d’empathie pour les Français ? Sans doute un peu…mais ouvrez les yeux, c’est sa politique d’austérité et de réduction des dépenses publiques, de privatisations…qui passe de plus en plus mal ! Donc celle que vous soutenez avec constance sinon enthousiasme.
Ce qui explique la colère des retraités.es et leur mobilisation pour ne pas être, à leur tour, les dindons de la farce qui n’en est pas une, mais pour améliorer un système de retraites qui en a certes besoin, dans le sens de droits garantis, de spécificités reconnues, d’une plus grande justice qui augmente le pouvoir d’achat de l’immense majorité, non l’inverse.
René Fredon