Manouchian au Panthéon
La résistance communiste honorée, riche de ses immigrés.es, nos frères et sœurs
morts pour la France
A l’heure où les descendants des collaborateurs pétainistes constituent une menace réelle en France et en Europe notamment, l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de Mélinée son épouse, en présence du 1er ministre d’Arménie, dépasse le symbole et prend une dimension politique exceptionnelle en France. Quelques semaines après l’adoption d’une loi sur l’immigration qui n’a rien de progressiste ni de républicain même après la mise en conformité du conseil constitutionnel.
Mesurons le fait historique lui-même : faire entrer, enfin, la Résistance communiste et sa branche immigrée dans l’Histoire c’est un évènement en soi et de plus, à contre-courant du contexte dans lequel on se trouve. Les crises se multiplient et s’approfondissent. L’avenir est anxiogène. La résurgence du fascisme inquiète.
Le Panthéon est un symbole mémoriel. La Résistance -sauf celle des communistes- y est représentée depuis Jean Moulin en 1964 sous De Gaulle jusqu’à son épouse Geneviève Anthonioz De Gaulle en 2015 sous Hollande en passant par Pierre Brossolette, Jean Zay, Geneviève Tillion. L’injustice est réparée.
Ils ne cherchaient pas la gloire
Missak Manouchian, né en 1906 était un rescapé du génocide arménien de 1915. Orphelin de ses parents, recueilli par des Kurdes il est placé avec son frère dans un orphelinat au Liban. Il débarquera à Marseille en 1925 et travaillera aux chantiers de La Seyne où il resta quelques mois. Puis il monte à Paris où il sera embauché comme tourneur chez Citroën.
C’est un passionné d’art, de musique, d’histoire, de poésie et qui suivra des cours à la Sorbonne en tant qu’auditeur libre. Cet apatride autodidacte et internationaliste aime la France, berceau des droits de l’homme. En 1934 il adhére au PCF, il rencontre Mélinée au comité de secours pour l’Arménie, elle aussi survivante du génocide et attachée à la culture française. Ils se marient le 22 février 1936.
En tant que communiste étranger Missak sera arrêté en 1939, interné et envoyé dans l’armée. De retour en 1940 dans Paris occupé par les nazis, il rejoindra le groupe armé des FTP-MOI d’une soixantaine de résistants étrangers polonais, hongrois, italiens, espagnols, juifs… et en devient le chef. Avec à leur actif une centaine d’actions à hauts risques contre les occupants nazis, le matériel, les soldats, les locaux…jusqu’à la mort d’un général SS. Ce qui déclenchera l’Affiche rouge et l’ire des occupants et de leurs larbins capitulards.
Si vous avez regardé mardi 20, sur la 2, le documentaire inédit et exceptionnel d’Hugues Nancy sur Manouchian et son groupe, suivi de “la police de Vichy”de Laurent Joly et David Korn-Brzoza, vous aurez pris la mesure -si ce n’est déjà fait- de la conviction et du courage des résistants en même temps que de la soumission volontaire et du zèle d’un gouvernement et de sa police acquis à la cause allemande et à ses objectifs d’extermination des juifs, des communistes, des gitans, des malades mentaux …et de tout résistant qui entrave l’anti-sémitisme, le racisme, l’antirépublicanisme, le suprémacisme aryen parti à la conquête du monde !
Et dire qu’il y a des partis à l’extrême-droite en France et autour, même en Allemagne, qui ont pignon sur rue et militent pour la préférence nationale et le droit du sol, tout en se cachant derrière leur petit doigt pour donner le change et s’autoproclamer “démocrates et républicains” du fait de leur influence électorale. Ils auraient ainsi perdu la mémoire de leurs origines. Sauf quand ils ne sont plus en représentation publique.
Mme Le Pen candidate à la présidentielle était présente au Panthéon, véritable provocation prétextant l’invitation du président de la République à tous les parlementaires et les distances qu’elle aurait prises avec son père, l’un des fondateurs du Front national (FN est un sigle issu de la résistance, créé par le PCF pour rassembler les origines diverses des résistants ! ). Zemmour et sa propre nièce se chargent de pallier ses carences de mémoires. Les créateurs du FN comptent pas mal de collabos.
Macron, contrairement à Attal, dit ne pas mettre l’extrême-droite dans l’Arc républicain du parlement mais il dit aussi ne pas les ignorer en tant qu’élus du peuple (Humanité de lundi 18/2)
Dommage qu’il ait oublié d’inviter les Résistants M.O.I qui restent et qui, comme Léon Landini, l’ont mal pris, à juste titre. Né à St Raphaël de parents italiens fuyant le fascisme, il est à 98 ans le président de l’amicale des anciens FTP-MOI des bataillons Carmagnole-Liberté.
Tout laisse penser que Macron éprouve le besoin de se démarquer de l’extrême-droite qui a voté sa loi sur l’immigration (après qu’elle l’ait marquée de son sceau) et il vit mal la montée en puissance d’un parti dont il prétendait être le rempart. En réalité sa politique très libérale au service du capital ne fait qu’accentuer les inégalités sociales, les mécontentements et les colères populaires dont une partie se tourne vers l’opposition d’extrême-droite…qui ne remet nullement en cause le capitalisme, bien au contraire.
Il ne faut compter sur aucun courant social-libéral, centriste, de droite ou d’extrême-droite pour prendre la main sur la finance prédatrice dont la finalité c’est d’accumuler les profits au bénéfice d’une minorité qui règne sur les Etats complaisants.
Les Résistants communistes, français ou pas, étaient des internationalistes, des progressistes, des pacifistes convaincus qui voulaient en finir avec l’exploitation et l’aliénation quelles qu’elles soient. Et que pour cela il faut en passer par la lutte des classes pour espérer changer les rapports sociaux et donner à ceux qui créent les richesses par leur travail la part qui leur revient et le droit d’en décider collectivement.
Le courage, disait Jaurès , c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est ne pas céder à la loi du mensonge triomphant.”
René Fredon
LA SEYNE Samedi 24 février à partir de
9 h 30 à 19 h00 à la Bourse du Travail
La section et la fédération du PCF
vous invitent à rendre hommage à
Missak et Mélinée MANOUCHIAN
pour leur entrée au Panthéon
Ils représentent les 23 FTP-MOI
qui figurent sur l’Affiche rouge et que
fusillèrent les nazis au Mont Valérien
le 21 février 1944
Une journée de rencontres, d’exposition
de tables rondes, de débats, de dégustations
arméniennes…en présence de
Jean-Marie Guyon historien de la Résistance
Gérard Streiff écrivain-journaliste
Léo Purguette, président de La Marseillaise
Denis Lanoy commission culture du PCF