Orpéa, Korian, Domus Vi…
LES GEANTS DE L’OR GRIS EN PLEINE TEMPËTE
Le premier groupe européen de résidences pour les personnes âgées, ORPEA est très présent dans la Var. A La Seyne avec la résidence St Honorat, à partir de 2 697 euros, à Ste Maxime, à partir de 3 465 euros, à La Valette à partir de 3 711, à Cavalaire à partir de 2 912, à St Cyr à partir de 2 738, à Ollioules de 2 936…peut-on lire sur leurs offres de services très sélectives.
Dans les BdR on en compte une dizaine et dans les Alpes maritimes une douzaine avec des factures à plus de 4 600 euros par mois et par résident…une paille !
L’autre géant, Korian, est à peine moins important avec ses 2,8 milliards de chiffre d’affaires contre 3 à Orpéa. Il gèrent à eux deux quelques 80 000 lits dans 700 établissements : l’avenir leur appartient car il y a de plus en plus de personnes au-delà de 80 ans.
Le troisième, Domus Vi n’est pas coté en bourse mais fait partie de la famille des EHPAD privés et de tout ce qui concerne l’hébergement des personnes âgées, du moins celles qui ont du répondant. Les personnels et résidents de Bastide-Bonnetières à Toulon peuvent témoigner de la pénurie de personnels (8 aides-soignants pour 66 résidents), des restrictions sur la nourriture, l’eau, les boissons, les gants de toilette etc…les mauvaises conditions de travail persistent et se répercutent sur les résidents. L’USD-CGT soutenait pour ces raisons la grève des personnels ces derniers jours
Jusqu’à ces temps derniers ces grands groupes ne connaissaient pas la crise. Cotés ou non en bourse ils attiraient de plus en plus d’investisseurs car la profitabilité est très attrayante. Korian visant la France, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, Orpéa, déjà présent dans 10 pays d’Europe, se voit très bien s’implanter en Chine et au Brésil. Domus Vi entend bien en faire autant.
On n’arrête pas la boulimie de ceux qui ne vivent que pour faire toujours plus d’argent sur le dos de nos aînés jusqu’à ce que la conjoncture s’enraye et révèle comment on peut s’en mettre plein les poches en gonflant le prix des séjours et en réduisant les services dûs à ces très chers pensionnaires qui perdent jour après jour jusqu’à la force de se plaindre. Heureusement leurs familles y veillent.
Même s’ils et elles font partie des catégories privilégiées qui peuvent se payer de telles mensualités, ils et elles n’en sont pas moins des humains arrivés à un moment de leur vie où l’on perd peu à peu la mobilité de son corps et aussi la tête pour devenir progressivement dépendants, ce qui nécessite des soins et une surveillance médicale quasi permanente.
On veut bien qu’il y ait des coûts plus élevés mais il y a des limites et à condition que le nombre de personnels, leur formation, leur salaire, leurs conditions de travail permettent de faire face à toutes les obligations de services dans l’intérêt des résidents.
La Covid a révélé l’ampleur du scandale
Fin 2020, le rapport d’un syndicat international “UNI”, sur la crise des soins dans les maisons de retraite, appuie où ça fait mal …”Orpea s’emploie à réduire les coûts, notamment par des sous-effectifs et un comportement antisyndical, ce qui a un impact direct sur la qualité des soins aux résidents. Des révélations ont mis en lumière ces problèmes que l’on retrouve notamment dans des affaires jugées dans des tribunaux en France, en Suisse, en Espagne et en Allemagne…
…Son modèle commercial et ses rapports annuels se concentrent sur les acquisitions et les actifs immobiliers plutôt que sur la fourniture de services de soins. Il consiste à acquérir des terrains de valeur, les conserver alors que les prix grimpent, puis les revendre afin d’encaisser des liquidités, en relouant les maisons de soins si elles sont suffisamment rentables.” Ce qui en fait des spéculateurs.
En avril 2022, après avoir porté plainte, le gouvernement rendait public intégralement le rapport d’enquête qu’il avait commandé pour faire la lumière sur le scandale du groupe d’Ehpad Orpea accusé de mauvais traitements sur les clients.
Rapport qui confirmait les mauvaises pratiques de l’entreprise : de la nourriture insuffisante, des documents financiers insincères, des excédents budgétaires dégagés sur les dotations publiques. Mais aussi “le manque chronique de personnels qui n’a pas donné lieu à une politique salariale suffisamment incitative”. Rien que ça !
Le concurrent Korian a été, lui aussi, fortement mis en cause pour maltraitance dans ses EHPAD.
Mais comment se fait-il que les ARS (agences régionales de santé) représentant le ministre de la santé, donc responsables de toutes les structures hospitalières et de santé, aient pu laisser se développer une telle situation sans que des contrôles réguliers soient faits ? S’il n’y avait pas eu la crise du Covid qui a fait des ravages dans les EHPAD -un tiers des morts quotidiens pendant de longs mois- le scandale aurait continué dans l’opacité mais les actions flambaient à la bourse.
Et comment se fait-il que dans le Var, comme dans tous les départements côtiers, les EHPAD privés à but commercial aient poussé comme des champignons et pris le pas sur les
EHPAD publics et associatifs à but non lucratif ? Sinon parce que les dirigeants politiques libéraux ont privilégié ces établissements rentables pour quelques-uns et ségrégatifs comme pour les hôpitaux publics dont ils réduisent les moyens tandis que prolifèrent les structures privées à but lucratif.. laissant notamment les services d’urgences en très mauvais état.
Il n’y a qu’à voir ce qui se construit autour de l’hôpital public de Sainte-Musse : des structures privées d’hébergement et de soins de suite. Et les cliniques privées n’hésitent plus à s’autoproclamer “hôpital privé”et à multiplier les dépassements d’honoraires.
Les soins rentables aux cliniques privées comme si la santé publique pouvait se concevoir en opposant les pathologies rentables aux autres ? Que cache la mise en concurrence du public avec un secteur marchand ? Une aberration qui coûte cher et dénie l’égalité des citoyens devant l’accès à des soins de même qualité quels que soient leurs revenus. On en est loin.
A l’exemple de ce commerçant indépendant toulonnais qui a tenu un banc au marché du Pont-du-Las pendant plus de 20 ans. A la retraite, il s’et retrouvé avec 984 euros par mois. Atteint par la maladie de Parkinson, il a vécu chez sa mère puis, à son décès, n’a pu entrer en EHPAD, même public. Il a obtenu un petit logement de 30 m2 dans un foyer-logement, non médicalisé. Ne payant que ses repas et gérant lui-même ses problèmes de santé !
Cela en ferait-il un assisté ? La fondation Abbé Pierre estime à plus de 300 000 le nombre des “sans domicile fixe”, trois fois plus qu’en 2001. Parmi plus de 4 millions de mal-logés. Les véritables assistés ce sont les spéculateurs, les évadés fiscaux, les grandes entreprises qui délocalisent, licencient, réduisent leurs charges de personnels et encaissent les aides de l’Etat sans aucune condition.
L’accès des plus modestes aux EHPAD publics et associatifs est très loin de répondre aux besoins de structures et de personnels en nombre suffisant. Macron organise la régression des services publics en général, le développement des structures privées coïncide avec celui des inégalités sociales. Tout se tient.
La première ministre reconnaît que 12 millions de familles (4 sur 10) en France n’ont ni patrimoine, ni épargne pour affronter la crise énergétique lourde qu’elle prétend atténuer. Crise qui s’ajoute aux crises sociales et climatiques ainsi qu’aux conséquences de la guerre en Ukraine et de toutes celles dont on parle moins. Les marchands d’armes se frottent les mains.
Evidemment, les classes populaires sont les plus vulnérables, dépossédées de tout moyen de faire face à la moindre perte de pouvoir d’achat puisqu’ils sont déjà sous ou près du seuil de pauvreté.
Macron, lui, est en extase devant la réussite des organisateurs de voyages dans l’espace. Il veut concrétiser sa réforme des retraites dès le budget 2023 ! Travailler et cotiser jusqu’à 65 ans pour gagner moins à la retraite !! Une véritable provocation qui ne peut qu’enflammer les actifs de tous les secteurs, jeunes et retraités, femmes et hommes, salariés, indépendants et professions libérales….
Il s’agit de mettre en échec cette régression inacceptable dans la santé publique et le social, disent les syndicats qui appellent à la mobilisation l’ensemble de la population le 22 septembre prochain. Macron entend poursuivre ses projets de liquidation de toutes les conquêtes remontant à la Résistance, des protections sociales aux services publics tandis que notre pouvoir d’achat est en train de fondre et que des pénuries d’énergies se dessinent à l’horizon bien sombre.
Le 29 rassemblera toutes les catégories sociales frappées par l’inflation et la perte spectaculaire du pouvoir d’achat face à un pouvoir insensible aux méfaits que produit le dogme du libéralisme en décomposition.
René Fredon