Oudéa-Castéra contre-attaque
Tout juste après le discours volumineux et creux de G. Attal, mardi 30 janvier, sa remplaçante à l’EN, Mme Oudéa-Castéra au micro de BFMtv a tenu à confirmer qu’elle était prête à honorer sa fonction, regrettant que “même au sein du Parlement, on voudrait faire de moi le symbole d’une caste privilégiée à combattre, à abattre”…
Décidément, plus elle parle plus elle s’englue. Que n’a-t-elle pas démissionné comme elle l’avait dit, pour nous apitoyer ? Il n’est pas trop tard. Elle a préféré suivre les conseils des chefs : la voilà victime de celles et ceux auxquels elle avait dû faire des excuses publiques pour ses paroles inadmissibles au lendemain de sa nomination au poste de ministre de l’Education nationale, le 11 janvier !
A tel point que les principaux syndicats d’enseignants (1) ont appelé à la grève ce 1er février pour des hausses de salaires, la démission de la ministre et contre les mesures annoncées par le gouvernement.
“Les déclarations d’Amélie Oudéa-Castéra, qui a justifié l’inscription de ses enfants dans le privé par “des paquets d’heures pas sérieusement remplacées” dans le public, ont laissé des traces”, souligne Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges et lycées)… “On sent une grande colère avec le sentiment d’être baladés par l’exécutif, qui “se soucie assez peu du quotidien des enseignants…”
Quant à incarner “un symnbole de la caste des riches”, malheureusement elle n’est pas seule mais elle est beaucoup plus privilégiée que ce que nous en avons dit.
Avant d’être nommée ministre elle était directrice générale de la FFT (fédération française de tennis) de mars 2021 à mai 2022. Coïncidence la commission d’enquête sur les défaillances de fonctionnement au sein des fédérations sportives “archaïsme, omerta, entre-soi, gouvernance…) a pointé le salaire de l’ancienne tenniswoman avant qu’elle ne soit nommée “ministre de la Jeunesse et des Sports…Elle touchait 500 000 euros brut/an ! Ce que la commission a considéré “très élevé, anormal…” pour des associations. La commission avait demandé en février 2022 de reconsidérer les plus hauts salaires.
Mme Oudéa-Castéra n’allait pas brader son standing (35 à 40 000 euros/mois). Ce n’est pas sa faute si elle est née dans un milieu très aisé, père directeur de Publicis et mère DRH, mari directeur de la Société générale puis PDG de Sanofi depuis mai 2023. Il fut conseiller de Sarkozy au ministère du budget…
A part ça, elle ne supporte pas qu’on la prenne pour ce qu’elle est, socialement : de la caste des riches. Elle fait rigoler d’elle. Elle démontre qu’on ne vit pas dans le même monde. Il lui est naturel que les “très riches” veillent à leurs intérêts personnels selon leur modèle, le capitalisme , dont ils ne parlent que comme facteur de progrès technologique, politique et social respectant leur propriété privée matérielle et immatérielle. Ils y tiennent vraiment. Il n’ y a que leurs profits qui augmentent par ces temps de crises multiples…pour les autres.
Que leurs politiques d’austérité fassent des ravages et génèrent pauvreté, précarité, injustices , inégalites et régressions sociales flagrantes, ils le savent mais ne le subissent pas. Ils sont largement sécurisés, du moins matériellement et pour plusieurs générations qui n’auront qu’à protéger “leur” patrimoine? Tant pis si on parlera davantage de guerres que de paix.
C’est justement de modèle qu’il faut changer -ça ne se fera pas du jour au lendemain- sans quoi il ne peut y avoir de véritable changement. A droite, RN compris, on n’en parle jamais. Une partie de la gauche est hésitante à répondre à ces questions : quels droits et pouvoirs nouveaux pour les citoyens et les salariés pour partager les richesses qu’ils produisent et qu’ils veulent gérer sans intermédiaires privilégiés déjà très riches ?
Le discours d’Attal creuse le chemin du passé qui nous mène dans le mur. On n’attendait rien, on n’est pas déçus.
René Fredon
(1) (FSU, CGT, FO, SUD Education, UNSA Education, SGEN CFDT)