Piqûre de rappel :
“Nous vivons au-dessus de nos moyens”???
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes, a fait le buzz, vendredi matin aux “4 vérités” de la 2 en commentant le rapport remis la veille à Macron sur l’état des finances publiques qu’il a résumé par une formule-choc : “il faut en finir avec le quoi qu’il en coûte….nous vivons au-dessus de nos moyens ?!”
La France ayant, dit-il, “le taux le plus élevé d’Europe de dépenses publiques (58% du PIB)”
Laissant filer ses déficits publics à + 5% du PIB (au lieu de 3) et son endettement à 111% du PIB (au lieu de 60%), selon des règles parfaitement arbitraires érigées en dogmes.
Cela en pleine bataille des retraites -qui ne faiblit pas, au contraire-, le pouvoir prend pour prétexte un pseudo déficit contesté par les syndicats, alors qu’il y a besoin de créations d’emplois et de relèvement des salaires et retraites, les chantres du libéralisme nous promettent une nouvelle phase de reculs sociaux et de politiques d’austérité “pour rétablir les équilibres des budgets de l’Etat et des collectivités locales” ...au détriment des populations qui subissent le sabotage des services publics et de leur privatisation.
Tout pour les budgets d’armements via l’Ukraine, tout pour les superprofits que ces “grands” gestionnaires du capital ne veulent pas taxer, des montagnes d’argent public pour les plus grandes entreprises, sans contrepartie ni contrôle, tout par les paradis fiscaux qui n’ont jamais été aussi florissants et pour les dividendes qui battent tous les records en temps de pandémie comme pendant la guerre en Europe. Ils atteignent 1560 milliards de $ dans le monde, en ce début 2023, sans parler de ce qui n’est pas déclaré !
Qui font les frais d’une telle politique ? Les peuples en général, les plus défavorisés, les plus précaires en premier lieu. Il faut un cynisme à toute épreuve pour s’attaquer à ce qui reste de nos services publics et dire à la cantonade que “nous vivons au-dessus de nos moyens”, dans une “démocratie” de surcroît, où les taux d’abstentions ne cessent de croître et où la volonté populaire est foulée aux pieds à tous les instants.
Les tenants du pouvoir se gardent bien de consulter le peuple quand ils pensent qu’ils seront minoritaires ! Ainsi en est-on à deux mandats sans référendum.
Mais quand il s’agit de nous serrer la vis ils se réfèrent aux règles de l’UE qu’ils ont eux-mêmes élaborées. L’UE a déjà sonné la charge sans attendre la cour des comptes et son président qui fut ministre de l’Economie sous Hollande puis commissaire européen et vice-président de l’UE.
La FED et les bourses dévissent
Aux E-U et en Europe la semaine a été agitée dans les hauts-lieux de la finance. La FED (Réserve américaine) et son patron ont suscité des craintes y compris en Europe, bien sûr, à l’annonce d’une augmentation des taux directeurs (de prêt) jusqu’à 6% censée limiter l’endettement et donc freiner les acheteurs de titres. D’où une tendance à la baisse des cours… pas vraiment bon signe pour les investisseurs.
En Europe, la commission de Bruxelles (1) vient de préconiser “le retour à la prudence budgétaire, recommandant aux pays de l’UE de réduire les aides destinées à alléger les factures énergétiques des ménages et entreprises, après trois années de largesse…” tout en s’étant affranchi temporairement du pacte de stabilité (les 3% de déficit et 60 d’endettement).
En Californie la situation économique et financière est très préoccupante selon les spécialistes. Aux E-U on parle même de début de panique après l’effondrement en bourse de la banque de la Silicon Vallée (SVB) qui a perdu 52 mds de capitalisation en quelques heures. Les actions des groupes bancaires européens chutaient aussi dès le lendemain !
Quant au déficit des E-U il devrait atteindre 1 400 mds de $ en 2023 puis 2 000 à 2 500 mds$ par an de 2024 à 2033. La dette atteint 31 000 mds $ ! Vous avez bien lu. Les E-U risquent d’être en défaut de paiement en juillet 2023 si un accord n’est pas trouvé avant avec les Républicains !! C’est ça la première puissance du monde : un modèle à ne surtout pas imiter ! Il a fait son temps.
C’est une illustration de la fragilité de l’économie occidentale loin d’être stable, équitable et dynamique, le déficit et l’endettement américains étant particulièrement spectaculaires. Ce que les chroniqueurs financiers cherchent à relativiser. Ce sont les peuples qui paient toujours l’addition…en espèces et en vies humaines !
Leur engagement dans toutes les luttes d’émancipation et de discriminations de tous ordres ne peut que faire progresser toutes les sociétés vers plus de justice sociale, de solidarité, de respect et de tolérance, de libertés et d’égalité.
Le niveau historique atteint par la mobilisation sociale en France, avec des syndicats unis et décidés à obtenir le retrait de la contre-réforme des retraites de Macron, permet d’espérer de nouveaux développements à un conflit dont seul le gouvernement portera la responsabilité de sa durée et de ses conséquences sociales, économiques et financières.
René Fredon
(1)