Belle affiche le 16 janvier dans les locaux de l’hôtel de la Métropole à Toulon pour signer une convention entre les présidents des métropoles de Nice et de Toulon, Christian Estrosi -représenté par Rébecca Barre- et Hubert Falco, Renaud Muselier, président de la Région, à l’initiative de ce plan rendu public le 5 septembre 2019.
A leurs côtés, Jacques Bianchi, président de la CCI du Var, Pierre Mattéi, PDG de la Corsica Ferries et Nathalie Alexandre, directrice d’ENEDIS-Var
La région avait fait savoir qu’elle mettrait 30 millions d’euros sur la table pour que les trois grands ports français de la Méditerranée soient équipés de branchements électriques pour éviter que les ferries laissent tourner leurs turbines au fuel lourd pour disposer en permanence de l’énergie électrique à bord…à l’horizon 2025 !
Il était temps d’y penser. Quelques mois plus tard donc et à la veille des municipales, nouveau roulement de tambour, cette fois avec les partenaires varois CCI, Enedis et Corsica Ferries qui annonce qu’elle va commencer à préparer ses navires pour recevoir l’électricité. 5 des 30 millions d’argent public leur sont destinés.
1 million aux compagnies qui choisiront le gaz naturel liquéfié, moins polluant que le fuel.
Le reste pour aider les trois agglos à équiper leurs quais. Outre qu’il n’est jamais trop tard pour investir afin de réduire les pollutions assez considérables que générent les transports maritimes, il n’est pas interdit de faire payer les armateurs-pollueurs, plutôt que leurs victimes qui vont financer, par leurs impôts une partie de l’équipement des compagnies privées qui ont pris la place des compagnies publiques !
Renaud Muselier, président de la région a rappelé quelques chiffres qui confirment l’urgence de mesures concrètes pour s’attaquer, enfin, aux conséquences et aux causes de ces pollutions :
“La part des émissions maritimes dans la totalité des polluants en région est la suivante :
– à Marseille : 40 % de Nox (dioxyde d’azote), 32 % des émissions de Sox (dioxyde de soufre) et 15 % des particules fines sont dux aux activités maritimes,
– à Toulon : 31 % des dioxydes d’azote, 31 % du soufre et 13 % des particules fines,
– à Nice : 5 % des dioxydes d‘azote, 3 % du soufre et 3 % des particules fines.
La situation est donc plus que sérieuse, et nécessite une réponse politique radicale. “
On ne le lui fait pas dire mais que de temps perdu depuis que le phénomène est connu et qu’il ne se passait rien. Sans remonter au 1er rapport du GIEC, la conférence de Paris, en 2015 attirait fortement l’attention des grands pollueurs et des gouvernements, de tous les décideurs et à tous les niveaux, pour qu’ils s’engagent à prendre les dispositions de nature à réduire leurs émissions de polluants divers de manière drastique.
Zorro est arrivé
Son fouet magique, c’est son slogan “Escales zéro fumée” : ça claque bien ! Non pas que l’on doute des engagements pris sous la pression des populations autour des ports qui alertent depuis tant d’années sur l’origine des pollutions de l’air qu’elles respirent, une situation qui ne cesse de s’aggraver ici et partout dans le monde. Les transports par camions et l’usage de la voiture n’étant pas en reste. Sans parler du transport aérien, gros émetteur. Ni ici, à Toulon de la pollution du secteur militaire dont on ne parle jamais ?
N’est-il pas révélateur qu’à Toulon, il n’y ait pas de station de relevage des pollutions de l’air ?? En septembre dernier on pouvait lire dans VM du 4/9/19 “qu’aucune station n’a finalement été posée sur le port, un dispositif devait toutefois être mis en place. Certes plus tard…En début d’année AtmoSud, l’agence agréee, s’apprêtait à installer une station de mesure de la pollution atmosphérique aux abords du port de Toulon. A la fin de l’été, aucun relevé n’a été effectué pendant la saison haute, le dispositif n’ayant pas été mis en place.”
Et voilà que, tout d’un coup, à la veille des municipales et à un an des régionales, le président de la région secoue les entreprises, les armateurs, les politiques… pour qu’ils retroussent les manches et remontent le temps perdu consacré à la fameuse compétitivité d’abord, privatisations, démantèlement des acquis sociaux et du système de retraites, tous précaires…tandis que les profits des multinationales explosent. Elles sont très présentes à Toulon : Vinci, Bouygues, Véolia, Eiffage (dont BlackRock est un des actionnaires), Carrefour…
Hubert Falco n’a pas voulu être en reste et a annoncé que dès l’été prochain les navires transportant des passagers devront utiliser des carburants dont la teneur en soufre est inférieure à 0,1% même s’ils ne restent que deux heures à quai. “Nous sommes plus exigeants que la loi” ! Ceci pour inciter les compagnies à utiliser des carburants moins polluants mais polluants quans même et à s’équiper de dispositifs d’épuration de leurs fumées. Avec abattement des droits de ports pour ceux qui respectent les règles. Et participation de la Métropole et de la CCI pour le surcoût des équipements à l’armateur ? C’est cadeau !
Non seulement on ne fait pas payer les pollueurs mais, avec les fonds publics, on participe à leurs investissements pour qu’ils le soient moins ! Conception des plus…libérales.
On en est au tout début de l’électrification des quais des trois ports et ça prendra un certain temps. Les résultats sont attendus d’ici trois ans à vingt ans pour l’intégralité des trois ports et l’aménagement de tous les navires.
Encore faut-il que la législation concerne tous les ports et se durcisse, qu’elle oblige armateurs, élus et autorités portuaires à ne plus différer leur mutation vers le “zéro fumée” même si cela doit s’étaler sur quelques années. Et que cette législation soit harmonisée pour, au moins, tous les ports de la Méditerranée. On n’y est pas encore.
Dans le même esprit, on aimerait que TPM produise une estimation de l’impact-carbone de son projet d’aménagement du port qui en est à l’attribution des lots des aménageurs des 44 ha de “Mayol à Pipady”. Projet qui semble “suspendu” à l’approche des municipales mais pas abandonné.
René Fredon