Quelle Europe ? Les priorités du communiste Léon Deffontaines
La paix en Ukraine pas l’escalade, l’indépendance énergétique et alimentaire, la justice sociale, la revalorisation du travail et du pouvoir d’achat, l’harmonisation des politiques environnementales, migratoires, agricoles, industrielles, sociales, fiscales…ainsi qu’une ambition, un projet pour l’Europe qui repose sur de tout autres critères que le libéralisme et l’ultra-libéralisme qui nous enfoncent dans les privations, les privatisations, les inégalités sociales, la grande pauvreté…
Du haut de ses 27 ans, Léon Deffontaines, tête de la liste PCF-Divers gauche, entend bien incarner la résistance à l’institution très libérale en crises profondes et construire des majorités pour relayer les luttes sociales et sociétales engendrées par les politiques d’austérité supportées par les classes populaires au seul profit des actionnaires. Tout en ouvrant la perspective d’une coopération maîtrisant la finance pour s’attaquer aux enjeux majeurs que constituent le climat, l’emploi, l’économie, le social… avec de nouvelles règles qui privilégient les coopérations et le respect des intérêts collectifs et nationaux.
En finir avec la soi-disant “concurrence libre et non faussée” et avec la protection des E-U en train de perdre leur leader-ship mondial en matière économique et monétaire sauf en matière de défense. Interrogé par Var-Matin le 23 février 2024, Léon Deffontaines avait résumé ses trois priorités, indissociables, pouvoir d’achat, paix, environnement.
“L’Europe que nous souhaitons construire doit être capable de parler de paix et d’agir fortement pour le travail et sa revalorisation. Cela passe par un désalignement de l’U.E vis-à-vis des E-U pour retrouver une forme d’indépendance en matière de Défanse. Je ne crois pas en une armée européenne pilotée à l’échelle de l’Europe. En revanche je crois en une coopération entre les Etats membres notamment sur l’armement, sur la production des armes de défense et il faudra à terme sortir de l’OTAN mais à condition d’être capables d’assurer notre propre défense.
Si nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2050, il nous faut, entre autre, développer massivement le frêt ferroviaire, les lignes à grance vitesse, les trains de proximité… besoin de réindustrialiser massivement le pays, réformer en profondeur la politique agricole commune, le libre échange..”.
Et, ajouterons-nous, mettre au défi Macron qui, très chahuté au salon de l’agriculture, avait exprimé le souhait “qu’on puisse déboucher véritablement sur ces prix-planchers” . La Confédération paysanne y avait vu “une petite révolution” qu’elle défend de longue date.
Macron en a fait la promesse pour calmer les ardeurs et ce, dans chaque filière !
Le groupe communiste, dès 2011 avait déposé une proposition de loi instaurant les prix planchers que la droite, sous Sarkozy avait écartée. En 2018, LFI avait fait de même par un amendement rejeté par les députés LREM et LR. Il a manqué 6 voix
Aujourd’hui Macron la trouve pertinente. Mais son ministre de l’agriculture la qualifie de démagogique ! Macron persiste “pour qu’on puisse déboucher sur véritablement ces prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole et de ne pas céder à toutes les pratiques les plus prédatrices qui aujourd’hui sacrifient nos agriculteurs et leurs revenus”, a affirmé le président à la sortie d’un entretien avec des responsables syndicaux. A suivre.
Revenons à Léon Deffontaines…
Il a illustré deux de ses singularités, la première : l’indépendance énergétique et le coût des énergies, de plus en plus élevé, qui pénalise lourdement les catégories populaires :..”si l’on veut retrouver notre efficacité, notre indépendance énergétiques et faire baisser les factures, il faut sortir du marché européen de l’électricité et reprendre la main sur notre souveraineté énergétique grâce à notre parc nucléaire, véritable énergie verte couplée avec un mix énergétique.”
La seconde, quelle politique migratoire ? Contrairement au RN qui en fait sa boussole, dans le capitalisme et masque sa raison d’être identitaire qui nous ramène près d’un siècle en arrière, pour le jeune candidat communiste, calme et déterminé, “la politique migratoire européenne doit reposer sur trois piliers : l’accueil, l’intégration et la coopération, en fonction des règles à établir à l’échelle européenne pour l’accueil et la répartition, l’ensemble des Etats membres devant y prendre part et pas uniquement les Etats du Sud aux frontières. Il nous faut engager une autre coopération avec les pays de l’espace méditerranéen et d’Afrique pour leur permettre de se développer et de réduire les flux migratoires.”
Le coup d’envoi de la campagne des Européennes est désormais donné. Dans un contexte des plus inquiétant, en Europe et au Moyen-Orient où Israël est en train d’exterminer la population palestinienne au prétexte que le Hamas existe encore. Les E-U sont impliqués dans les deux, dont ils sont les principaux pourvoyeurs d’armes, l’U.E également qui révèle des désaccords internes nombreux et variés en son sein. Elle est là pour assurer de gros profits aux grands intérêts privés, elle ne veut rien changer.
Macron dégoupille…
Le 26 février, à l’issue d’une conférence des chefs d’Etats européens, Macron jetait un énorme pavé dans la mare. Il disait “ne pas exclure les troupes au sol en Ukraine“. Il a reconnu “qu’il n’y avait pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol”. Bien qu’il n’ait pas été suivi par les alliés américains et européens de Kiev, il persiste et signe : “l’Europe doit se préparer à une attaque russe …il conviendra de ne pas être lâches” !
Il ne voit pas d’autre issue ? Hypothèse belliciste s’il en est…qu’il prête à la Russie pour justifier les crédits militaires supplémentaires mobilisés. La recherche de la paix n’est pas à l’ordre du jour. 68% de l’armement fourni par l’UE à l’UKRAINE sont achetés à des fabricants américains.
Le chancelier allemand Olaf Scholz avait affirmé ce mardi qu'”aucun soldat ne serait envoyé en Ukraine par des pays d’Europe ou de l’Otan : ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l’avenir à savoir qu’il n’y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l’Otan sur le sol ukrainien”.
Le couple Franco-Allemand n’est pas sur la même longueur d’ondes. S’y ajoutent il y a peu, les fuites au plus haut niveau de l’armée de l’air allemande portant sur la livraison de missiles longue portée à l’Ukraine, fuites qui circulent sur les réseaux russes ? Une enquête est en cours, Scholz juge “l’erreur” très grave. L’U.E, très ballotée, n’avait pas besoin de ça.
Ces derniers jours on apprenait par le Times que 12 bases de la CIA avaient été, très discrètement bien sûr, installées en 2014 aux frontières de la Russie.
Léon Deffontaines accuse Macron de s’être « livré à une improvisation diplomatique solitaire, dangereuse et nuisible pour notre sécurité collective… À tous ceux prêts à sacrifier la jeunesse sur un front sur lequel ils n’iront pas, nous leur disons que leur guerre n’est pas la nôtre, comme elle n’est pas celle des jeunes Ukrainiens et Russes.»
Dans un tel contexte, la campagne promet d’être rude. Comme disait Georges Séguy, le leader de la CGT de 1967 à 1982 : “il ne suffit pas de s’indigner, il faut s’engager”
René Fredon