CONSEIL NATIONAL du PCF
Retraite : le front commun des syndicats
Les concertations sur les retraites ont commencé mercredi. Le ministre du travail Olivier Dussopt a présenté aux syndicats et au patronat le calendrier, la méthode et les objectifs qu’ils connaissent par cœur. Le projet de loi est déjà prêt portant l’âge de la retraite à 65 ans à l’horizon 2031 et augmentant la durée des cotisations par la même occasion.
Une perspective rejetée par une large majorité des Français.es et tous les syndicats représentatifs qui, à la veille de cette première consultation, se sont réunis et ont adopté un texte commun (1) sans ambiguïté sur le fond, tout en participant au “dialogue” proposé pour y faire valoir leurs propositions
Macron entend faire adopter son texte “avant la fin de l’hiver“, ce qui est loin d’être acquis, compte tenu de sa minorité à l’assemblée comme au sénat et, surtout, de l’hostilité populaire, de la jeunesse aux retraités en passant par les salariés.es informés de ses intentions et qui ne cessent de le manifester comme l’a montré la journée de mobilisation du 29 septembre, première grande mobilisation du monde du travail et de la jeunesse qui a permis de prendre la mesure des colères populaires contre “les réformes Macron”.
Lorsqu’il avait la majorité, “sa” réforme des retraites a été mise en échec, il a dû la remettre à plus tard, sans y renoncer. Elle ne ferait qu’aggraver la loi Touraine sous Hollande qui avait commencé à “pousser” l’âge de la retraite jusqu’à 62 ans et le nombre de trimestres de cotisations ce qui laisse beaucoup de salariés.es sans retraite “pleine”. Avec Macron la régression serait pire ! Et il ne peut compter que sur la droite pour parvenir à ses fins et encore…ils sont tellement divisés !
Les partis constituant la Nupes proposent un référendum précédé d’un grand débat public sur ce sujet ultra-sensible que n’entend pas le chef de l’Etat qui craint d’être mis en minorité et de devoir y renoncer vu sa très inconfortable situation issue de l’élection présidentielle.
Le PCF, de son côté, appelle à amplifier la mobilisation sociale, il se félicite de l’unité syndicale sur les retraites et invite à participer à la marche du 16 octobre contre la vie chère et l’inaction climatique ainsi qu’à la semaine d’action initiée par la CGT à partir du 17 octobre. (2)
C’est le mouvement social qui tient la clé de l’avenir en ce domaine comme dans tous les autres…
Qui s’avèrent redoutables en ces temps d’aggravation de la guerre en Ukraine où les menaces nucléaires brandies par Poutine alimentent les velléités occidentales de surenchère militaire pour obtenir la reddition russe tout en visant la Chine qui leur fait de l’ombre.
Il s’ensuit une accentuation de la crise des énergies avec des pénuries déjà à l’oeuvre et une inflation qui précipite un peu plus les catégories populaires et moyennes dans des privations supplémentaires. Vite, “il faut passer à la sobriété, l’abondance c’est fini” nous assène cyniquement Macron ! Comme si lui et ses milliardaires allaient subir des restrictions ?
Mais ils prennent des dispositions visant à réduire l’usage du gaz, de l’électricité et ne font rien contre le renchérissement des produits de première nécessité tandis que les géants du pétrole et de l’armement, entre autre, avec les spéculateurs encaissent des surprofits exceptionnels que ce pouvoir ne veut pas taxer ! Et sans toucher aux causes, c’est le peuple qu’ils culpabilisent et pénalisent !!
Macron a hâte de prolonger la durée du travail passé de 2010 à 2018 de 60,2 ans à 62,4 aujourd’hui pour les femmes et 62,1 pour les hommes. Il met la barre à 65 ans d’ici 2030 et pourrait aller au-delà. On en entend parler, c’est déjà le cas dans de nombreuses professions libérales mais ce n’est pas obligatoire.
Des chefs d’orchestres, des musiciens, des plasticiens, des acteurs, des praticiens…des deux sexes, meurent très tard dans l’exercice de leur art qui les aide à vivre : c’est un autre sujet. De petits paysans, commerçants et artisans ne comptent plus leurs années de travail, pour une retraite de misère, souvent pour deux, qui ne les aura pas aidés à vivre.
Ajoutons qu’augmenter sa durée alors que la productivité du travail a fait des bonds considérables est tout sauf logique et convaincant. La France se trouve par ailleurs dans le peloton de tête mondial parmi les plus productifs mais elle connaît un chômage plus élevé. Macron veut aussi réduire l’assurance-chômage, autre gros dossier qui frappe les catégories populaires. Comment peut-il oser dire que les chômeurs sont trop bien lotis et que certains préfèrent leur statut plutôt que chercher un emploi !
Dix syndicats, une détermination commune
Le communiqué adopté le 3 octobre par la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, Solidaires, la FSU, l’UNEF, la Voix lycéenne, la FAGE, F!DL et le MNL prend acte de l’ouverture d’une consultation concernant notre système de retraite et demande au gouvernement de “préciser ses intentions, ses éléments de diagnostics, la méthode de concertations et ses objectifs“. Affirmant d’emblée que ces organisations syndicales sont attachées au système de répartition et qu’elles souhaitent des concertations loyales et transparentes pour plus de justice sociale...”
“…qu’elles sont, comme la majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation….que des alternatives y compris financières existent et doivent faire l’objet de discussions.
Elles appellent les actuels et futurs travailleurs et les travailleuses à se réunir et débattre, et n’hésiteront pas à construire tous les moyens d’action nécessaires si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.”
Les dix organisations ont clairement annoncé la couleur, pas de compromis sur l’âge de départ à la retraite et de la durée de cotisation et elles ont des idées pour améliorer le financement de la sécurité sociale. Quant aux caisses de retraites complémentaires, elles sont en bonne santé financière et la sécurité sociale loin d’être à l’agonie. Elle a besoin de financements, l’accès de tous au travail en serait la source la plus sûre tout en augmentant les cotisations patronales en rapport avec leurs créations d’emplois ou non.
Il n’est pas admissible d’allonger la durée du travail encore moins de réduire le montant des pensions pour toutes celles et ceux qui auront des “trous” dans leur carrière.
Si la stratégie de Macron consiste à faire durer le plaisir d’une consultation-alibi où rien ne bougerait vraiment, les syndicats au complet viennent de faire un grand pas pour clarifier l’enjeu de cette “réforme” qui piétine l’esprit de ses créateurs, le CNR, sigle que Macron vient de détourner en “Conseil national de la “refondation”.
Le grand patronat et les fonds de pensions en rêvent. La sécurité sociale n’est pas, à sa fondation, une institution financière. Elle appartient à celles et ceux qui la financent : employeurs et employés ! Rendons-lui son originalité, son efficacité, son humanisme. Et faisons là évoluer dans le même esprit.
René Fredon
(1) le texte collectif des syndicats sur les retraites