Retraites : le peuple hausse encore le ton…Le retrait n’est pas négociable (1)
Ce n’est pas la prestation de la 1ère ministre E. Bornes jeudi soir sur la 2 qui rassurera les
70% de Français.es rejetant le projet gouvernemental et soutenant les mobilisations
populaires de plus en plus impresionnantes. Elle n’a fait que ressasser les fausses
affirmations sur le sujet. Ce qui ne trompe plus qu’un tiers de l’opinion. Elle maintient les 64
ans pour les retraites !
Le 19 janvier, le peuple se rassemblait très massivement à l’appel de tous les syndicats
pour dire NON à sa réforme des retraites portant à 64 ans l’âge du départ et pénalisant
notamment les femmes et les plus bas salaires. Mais aussi les retraités et les jeunes
C’était déjà un rassemblement historique…dépassé par celui du 31 janvier avec plus de
2,5 millions de participants.es dans les rues ! Qui l’aurait dit ?
La lame de fond populaire grossit à mesure que Macron et Bornes s’enfoncent dans leurs
bottes engluées et dans leur cynisme, croyant l’emporter grâce à une majorité de
parlementaires de leur camp qui s’effrite au fil des jours.
Plus aucun commentateur, même les plus engagés.es en faveur du plan gouvernemental, ne
nie la réalité sociale, c’est-à-dire la volonté d’une large majorité de Français (+70%)
fermement opposée à la contre-réforme de Macron engagé dans la liquidation de notre
système de protections sociales dont la retraite est le centre.
Le bon sens et le respect du peuple, de la démocratie, devraient prévaloir devant une telle
opposition populaire qui a gagné d’autres villes moyennes, d’autres couches de la population
passant de la prise de conscience de l’enjeu à l’expression publique de leur opinion, à la fois
pour condamner un projet de régression sociale majeur et le fait que le pouvoir refuse de
consulter le peuple, persuadé qu’il serait battu !
S’y ajoute l’inflation qui dépasse les 10% pour les produits alimentaires et atteint les 15%
pour les énergies avec des conséquences énormes sur le pouvoir d’achat. Elles aggravent
l’injustice sociale qui frappe d’abord les plus précaires et touche aussi les autres catégories…
sauf les très riches, les spéculateurs, les banques, les évadés fiscaux, les gros actionnaires
des fonds de pension et autres privilégiés qui détournent les aides publiques de l’Etat. (Voir
le rapport d’Emmaüs qui vient de sortir)
Tandis que la hausse des salaires annoncée pour 2023 serait de 4%, ce qui est recommandé
par les banques centrales et défendu par le patronat et ses fondés de pouvoir.
Rien d’étonnant à ce que Ciotti, devenu président des LR laminés au profit du RN -le Var en
est l’illustration-, vienne offrir la solidarité de ce qui reste de son groupe parlementaire pour
sauver le soldat Macron embourbé dans les impasses libérales qui nous coûtent cher. LR
voudraient faire oublier qu’à la présidentielle leur candidate proposait 65 ans et non 64 !
Sarkozy y est allé d’un couplet analogue en direction des parlementaires LR pour qu’ils
fassent leur devoir envers Macron. Il devait penser aussi aux casseroles qu’il traîne et aux
procès en cours pour rester dans “les petits papiers du président.
Quant au RN qui se dit “la seule opposition à Macron”, tu parles, ils veulent surtout, un pied
dedans, un pied dehors, ne pas se mélanger aux manifestants et aux syndicats organisateurs
de cette levée en masse qui ne leur doit rien du tout. Leur démagogie est visible, ils sont là
pour détourner à leur profit les colères sociales qui fragilisent le pouvoir. Il est en marge des
manifestations et du débat de fond.
D’ailleurs Mme Le Pen vient de lâcher, le 1er février, sur FranceInfo que “la retraite à 67
ans c’est mieux que ce qui existe actuellement”, elle trouve “très vague de taxer les plus
riches”. En fait elle ne fait que nous rappeler qu’elle ne cesse d’être du côté du capital, pas
du travail, ses affinités lui font naturellement préférer Trump, Bolsonaro et toute la famille
d’extrême-droite de France et de Navarre.
A l’assemblée elle vote contre la hausse du SMIC, contre le gel des loyers, contre le blocage
des prix, contre l’ISF, contre la taxation des super-profits…avec Macron qui, à ses yeux, ne
va pas assez loin…à droite. Le RN en est l’aile la plus nationaliste, identitaire, raciste et
ultra-conservatrice. Avec un discours qui câline celles et ceux qui la croient sur parole à
leurs dépens.
Pour l’heure, tous les syndicats, forts du succès de leurs initiatives publiques comptent bien
les intensifier. Ils ont décidé 2 nouvelles dates : le 7 février à l’occasion de l’examen du
projet de loi de financement de la sécurité sociale, puis le 11, un samedi, pour donner à
chacun la possibilité de renforcer encore le courant énorme qui doit et peut permettre à
atteindre l’objectif commun qu’attend le pays.
La grève générale reconductible est dans l’air, elle nécessite un niveau de mobilisation
supérieur pour gagner le renoncement aux 64 ans afin d’éviter le repliement et les
négociations par branche sur d’autres aspects de la réforme qui pourraient légèrement
bouger et faire oublier la cible que le gouvernement persiste à imposer coûte que coûte,
quite à fermer tout débat de fond véritable !
Il en prend l’entière responsabilité. Il joue avec les colères justifiées des Français.es qui
ont compris sa stratégie de mettre au compte des manifestants les conséquences des grèves
sur l’économie et la vie des Français…qui sont d’accord avec le retrait de sa réforme !
Mais Macron n’est plus du tout en état de grâce. On a compris qu’il n’y avait ni déficits ni
urgence à tout chambouler, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a rien à changer. Bien au
contraire mais dans le sens de l’esprit des créateurs de notre sécurité sociale que les libéraux
se sont promis de liquider tout en nous disant qu’ils en sont les garants ??
Comme le dit Pierre Caillaud-Croizat, le petit-fils d’Ambroise Croizat, ancien ministre
communiste et CGT du travail de 1945 à 1947, bâtisseur de notre sécu,”commençons par
mettre un terme aux exonérations des cotisations sociales et patronales, taxons le capital,
imposons l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. Les recettes sont devant nous ,
inutile de faire travailler les Français.es plus longtemps alors même que le pays n’a jamais
été aussi riche.
Deux projets s’opposent : l’un vise à socialiser les fruits du travail pour assurer le bien-être
de tous, l’autre à affaiblir petit à petit nos retraites pour mieux les marchandiser et nous
pousser à la capitalisation individuelle.”
Nous lui laissons le mot de la fin.
René Fredon
(1) Le titre est emprunté à l’Huma du 1er février
Var : les rassemblements du 7 février
Toulon : 13 h 30 Place de la Liberté
Draguignan : 10 h 30 Sous-préfecture
Brignoles : 18 h 00 Place du Caramy