Bureaux de Poste et points de contact

Il arrivait que le journal était distribué le samedi. Ce ne fut pas le cas. Lundi non plus mais mardi le journal du jour y était ainsi que les trois jours suivants. Le vendredi 16, encore rien dansToulon : La Poste ne répond plus

 

Vendredi 9 août, pas de journal et de courrier dans la boîte aux lettres. Cela faisait longtemps que ça n’était plus arrivé. Enfin…quelques mois, après des démarches serrées auprès du service « courrier » qui changeait de lieu et de responsable. Au moins avait-on un nom, un e.mail et un téléphone.

 

 la boîte ! Passé midi je cherche à joindre la distribution postale car mes références passées ne répondent plus.

 

Pas moyen d’avoir  par internet le lieu de la distribution à Toulon pour pouvoir signaler le dysfonctionnent à quelqu’un ?! Juste le 36 31 national qui vous tient des minutes en vous répétant d’appuyer sur un chiffre pour vous aiguiller -sans succès- et de vous renvoyer  au point de départ et ainsi de suite, sans avoir tenu compte du chiffre que j’avais tapé ?!

 

Pas de journal distribué le lendemain, samedi, pas de journal ni de courrier lundi 19. Je me déplace à la Poste des Routes  -d’où partaient il y a longtemps les facteurs du quartier- pour savoir où se tient le service toulonnais de distribution. L’employée -en CDD-qui me renseigne me renvoie sur la Rode tout en levant les sourcils pour partager mes propos qui ne la visaient pas concernant la dégradation des conditions de travail des personnels et donc des services rendus aux «clients»

 

La Poste est censée distribuer votre courrier  une fois par jour x 6, c’est même sa vocation. Du moins c’était…car elle change beaucoup depuis qu’elle n’est plus un service public avec un personnel sans statut, le plus souvent en CDD. Sa direction privilégie la banque postale et la réduction des effectifs des autres activités.

 

Mardi 20, je vais donc à la Rode où une employée était en train de répondre à plusieurs personnes à la fois qui attendaient un colis ou un courrier qui avaient beaucoup voyagé et qui se trouvaient ailleurs. Il n’y avait eu aucun «retour» me concernant.

 

A mon retour, je tombe sur le facteur en motocyclette jaune, à quelques mètres de chez moi, qui allait déposer le journal dans ma boîte. Un jeune intérimaire qui venait juste d’être embauché la veille. Il savait que la tournée n’avait pas été faîte depuis le début de la semaine précédente. Il avait pris la suite au pied  levé. Il avait une formation…ébéniste, un métier de moins en moins sollicité. Son intérim très éclectique dure depuis plusieurs années.

 

Lorsque je demandais à voir le chef de service, je n’ai pu obtenir ni son nom, ni son téléphone, ni son e-mel, pas davantage de rendez-vous ? J’ai juste l’adresse de son lieu de travail. J’ai donc écrit à « Mr le responsable de la distribution, La Rode, 16, rue Bartolini

Toulon.» Cela peut toujours servir.

 

Voilà comment l’éclatement de la Poste et des télécommunications fait de nous des clients que la nouvelle société anonyme -à capitaux publics- n’a pas besoin de connaître. Sauf si l’on ouvre un compte à la banque postale !

 

Oubliant sans doute que des millions de personnes âgées seules ne sont pas connectées et que chaque utilisateur des télécommunications a les mêmes droits à être respecté, informé et entendu.

 

L’image du facteur allant à domicile dans les campagnes et dans les villes apporter les mandats, voire même l’argent car la confiance régnait, le courrier, prendre les lettres à poster…une relation qui sentait bon la chaleur humaine qui se perd aujourd’hui. Même si les technologies nous simplifient sans cesse nos modes de communication.

 

Il n’y a rien de fatal à ce que d’anciens services publics perdent leur vocation et soient gérés comme des sociétés privées, avec comme critères, le profit donc le rendement et les bas salaires, la précarité, la réduction des effectifs et des bureaux de poste, l’augmentation des produits et services, des coûts des abonnements dans un contexte de crises profondes, de pertes de pouvoir d’achat et d’avenir incertain.

 

La banque postale vise tous les continents ou presque

 

La Poste compte sur ses activités financières -banque et assurance- pour compenser le déclin de la lettre et la baisse du courrier. Ainsi que sur la distribution des colis dont elle n’a plus le monopole. Elle participe à des entreprises privées en France et à l’étranger pour avoir plusieurs fers au feu sans avoir la surface des grandes entreprises supra-nationales.

 

C’est le cas de Géopost créée par La Poste pour la livraison des colis de moins de 30 kg, elle  est présente dans 50 pays, leader européen. Elle ambitionne d’étendre la distribution de produits frais, sous contrôle sanitaire, dans nos villes mais aussi à nos frontières et au-delà.

 

Il se trouve que dans ce monde de haute concurrence sauvage, 2023 n’a pas été une année fertile notamment pour Géopost qui a stagné et qui représente 53% de l’activité du groupe…à capitaux publics. Il est aussi question que la branche La Poste télécoms soit rachetée par Bouygues et que la banque 100% en ligne « Ma French Bank », récemment créée, cesse ses activités.

 

Heureusement, sa filiale CNP Assurances a dégagé 1,5 milliards de bénéfices nets, ce qui lui a permis de virer 1,9 milliards à la Banque postale.

 

Cela va faire encore des emplois supprimés ailleurs et un resserrage de vis côtés salaires et effectifs ! Le nouveau directeur se veut optimiste, forcément. Rappelant que La Poste a investi en Asie du sud-est, dans le Golfe persique et en Amérique latine. A son origine il s’agissait de s’en tenir aux usagers de la France et de nous relier entre nous et au monde. Quitte à faire deux tournées par jour, à pied et avec une bôite bien chargée en bandouillère !

 

Aujourd’hui, on est sur-informés et dés-informés à la fois mais une lettre peut mettre deux ou trois jours dans la même ville, peu importe on a tous internet, le téléphone-photo-vidéo pour se parler et se voir à distance ou s’envoyer des SMS. C’est un progrès, incontestablement. Mais qui en sont les laissés-pour-compte ? Et qu’entend-on par « services publics » ? Des activités qui coûtent plus qu’elles ne rapportent ?

 

Peut-être mais ce n’est pas leur vocation. C’est avant tout une avancée vers l’égalité et à disposition des usagers  pour que chacun puisse s’éduquer, se soigner, se déplacer, se loger, s’éclairer, se chauffer, disposer d’eau potable, de traitement et d’enlevement des déchets…

Ce que d’aucuns, à l’aise dans leurs fins de mois, appellent de l’assistanat. Pourtant, on en est loin et on s’en éloigne un peu plus chaque jour. Le système capitaliste faisant de tout, une finalité marchande mettant en concurrence, quand ils ont un emploi, de plus en plus éphémère… les salariés.es payés au gré de leurs patrons.

 

Ce n’était pas le cas dans les services publics mais le statut des fonctionnaires n’existe plus,  les CDD ont effacé les droits et garanties des personnels. Les cabinets-conseils se sont incrustés au sommet des administrations. Le gouvernement qui vient enfin de démissionner insiste encore sur la réduction des dépenses publiques, (sauf les dépenses d’armement !), ce qui va accroître les inégalités déjà très fortes. 70%des Français se disent en perte de pouvoir d’achat. Au bas de l’échelle, c’est de survie qu’il s’agit.

 

La Poste n’est qu’un exemple de ce qui se passe dans nos «démocraties républicaines».

 

Les gagnants sont, comme toujours, les très riches…si on laisse faire .

 

René Fredon

Toulon : La Poste ne répond plus..