Trop c’est trop
Hôpitaux : lits fermés et pénurie de personnels !
Comme le reconnaît le ministre de la santé :”la situation est compliquée dans les hôpitaux”. C’est le moins qu’on puisse dire. En effet, il évoque, le 27 octobre “une hausse de près d’un tiers des postes vacants chez les paramédicaux par rapport à l’automne 2019″.
“Un certain nombre d’unités dans des hôpitaux sont obligées de fermer temporairement, ou de réduire la voilure, faute de soignants, faute surtout de pouvoir en recruter“…ainsi qu’ “une augmentation de l’absentéisme d’un peu moins d’un point sur la même période pour les personnels non médicaux”, ainsi que des démissions, mais “dans des proportions modérées“.
Ben voyons, ce n’est pas si grave, c’est comme le “léger rebond” en France des contaminations et des décès ces derniers jours. Ils repartent à la hausse partout en Europe et dans le monde où l’on approche des 5 millions de morts recensés, soit en réalité deux à trois fois plus selon l’OMS.
Les deux pays les plus endeuillés au jour le jour depuis septembre sont les E-U entre +1 500 et + 2 000/jour et la Russie +1 000/jour. La Russie repésentant un peu moins de la moitié de la population des E-U.
Il y a quelques jours, le directeur de l’OMS renouvelait ses appels à une répartition plus équitable des vaccins à travers le monde et non leur accaparement par quelques pays riches, si l’on veut mettre fin à la covid-19. Il invitait les fabricants à partager le savoir-faire, les technologies et les licences et à renoncer au droits de propriété intellectuelle.
Des fabricants et des Etats relativement sourds dès qu’il s’agit d’attenter aux grands intérêts privés qui ont déjà fait des profits considérables.
Des statistique inquiétantes:
En France, plus d’un millier d’étudiants infirmiers en formation ont démissionné avant la fin de leurs études. Une enquête va être lancée pour en cerner les raisons. Mais est-ce bien la peine ? Les conditions de travail et les salaires sont très dissuasifs et ce n’est pas pour déplaire à un pouvoir qui ne fait que privatiser les services publics et favoriser le privé et les très riches.
En matière d’absentéisme, la Fédération hospitalière de France (FHF) fait état, le 20 octobre, d’un taux de l’ordre de 10% et de “2 à 5% de postes vacants de soignants” au sein des hôpitaux et des établissements médico-sociaux publics !
Le 5 octobre, le Conseil scientifique estimait “un pourcentage important de lits fermés, d’environ 20%” malgré un recours aux heures supplémentaires et à l’intérim déjà important et en augmentation “.
Ces données recueillies auprès des plus grandes structures hospitalières du pays mettent en évidence “un grand nombre d’emplois vacants, avec notamment 5 professions en tension : infirmiers, infirmiers de bloc opératoire, infirmiers anesthésistes, manipulateurs de radiologie et masseurs-kinésithérapeutes.
Le ministre Véran conteste ces chiffres qu’il ramène à 5% et dit refuser le fatalisme tout en confirmant avec un rien d’hypocrisie que “la problématique la plus lourde ce sont les conditions de travail dégradées à cause des sous-effectifs.” Mais qui en est responsable sinon le gouvernement auquel il appartient ?
Une étude de la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) vient d’être révélée, elle indiquait déjà fin décembre 2020 que “les hôpitaux enregistraient 5.700 lits d’hospitalisation complète fermés de plus qu’à fin décembre 2019” !!! Et l’hémorragie continue. On connaît pourtant le diagnostic mais le pouvoir ne prend aucune disposition pour répondre aux manques de personnels soignants et non soignants sous-rémunérés et de lits afin de redonner à l’hôpital public la place centrale qui est la sienne comme pilier de notre système de santé publique à condition de disposer des moyens budgétaires en fonctionnement et en investissement.
Toulon : nouveau projet médical ?
Le nouveau directeur des centres hospitaliers Toulon-La Seyne et désormais Hyères, Yann Le Bras, nous dit, tout de go (VM 26-10-21) “que l’hôpital public ne peut pas se penser uniquement en se centrant sur lui-même et qu‘il va coordonner ces fonctions avec ses collègues directeurs d’établissements (il ne dit pas “privés”) et les communautés médicales sur le terrain…”
On le sait depuis longtemps : un signe d’égalité est mis entre le public et le privé qui nous sont présentés comme complémentaires alors que seul le second se développe tandis que le premier, supposé accessible à tous et à vocation sociale, perd de sa substance et de son efficacité. Malgré le dévouement de ses personnels soignants et non soignants qui atteint ses limites. Ce que nul ne conteste.
Et pendant ce temps on assiste à l’aménagement de terrains publics à Sainte-Musse pour favoriser le regroupement de structures hospitalières privées. Quelle illustration ! Falco s’y est employé…naturellement. Il est là le nouveau projet médical !
Cela ne relève pas du hasard mais de choix découlant d’une pensée libérale qui conduit petit à petit à la privatisation de tous nos grands services publics. Et ce n’est pas méconnaître les problèmes des personnels du privé à but lucratif qui touchent aussi aux conditions de travail et de salaires.
Comme quoi l’association santé-profits a quelque chose d’antinomique comme la propriété intellectuelle sur les brevets des grand labos qui “explosaient” en bourse avant même d’avoir sorti leurs premiers vaccins. Vive les marchés financiers !
Dans le public, la pénurie concerne également les médecins hospitaliers soumis à rude épreuve et au manque d’attractivité des carrières hospitalières à forte contrainte de permanence des soins comme l’exprime le syndicat des praticiens hospitaliers.
En même temps que les déserts médicaux se multiplient au sein des territoires ruraux avec de tragiques conséquences.
Et tout ce qui intéresse le pouvoir, à six mois de la présidentielle, c’est de perpétuer jusqu’en juillet 2 022, l’état d’urgence et se donner ainsi les pleins pouvoirs, y compris pendant la campagne électorale ? Un déni de démocratie caractérisé.
Une situation indigne
Ce sont les termes utilisés par Fabien Roussel dans sa lettre du 28 octobre au ministre O. Véran en réponse à ses déclarations : extraits…
“Non, Olivier Véran : la situation n’est pas compliquée, elle est indigne !
Un lit sur 5 fermé, faute d’infirmières et d’aides soignants, épuisés par la crise sanitaire des derniers mois et écœurés par le Ségur de la santé.
En 2020, 5800 lits d’accueil en hospitalisation ont été fermés. Depuis 2013, 27 000 lits supprimés!
Les grands centres hospitaliers sont au bord de la rupture.
Mais le gouvernement annonce une enquête pour vérifier les chiffres de l’enquête menée par le Professeur Delfraissy, président du conseil scientifique. C’est dingue !
Pas besoin d’être Sherlock Holmes pour comprendre que le problème c’est le salaire et les conditions de travail! Je propose :
- la revalorisation des salaires des soignants
- l’abrogation des lois affaiblissant l’hôpital public (T2A. Loi Bachelot…)
- des recrutements massifs et la formation de personnels qualifiés…”
Des propositions pour assurer l’accès de tous aux soins et le bon fonctionnement de l’hôpital public. Elles s’inscrivent dans le cadre d’une tout autre utilisation de l’argent, celui des entreprises en lien avec de nouveaux pouvoirs pour les salariés et celui de l’Etat (que nous alimentons) par une véritable révolution fiscale mettant à contribution les entreprises (selon qu’elles spéculent au lieu de créer des emplois) et le capital, doublée de la maîtrise des banques et du crédit.
Tout cela tourné vers le développement des services publics et des investissements utiles à l’Homme et à la planète.
René Fredon
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